Beaumetz-les-Cambrai 25.05.1902 – Beaumetz-les-Cambrai 22.01.2003. Prêtre, prélat, directeur diocésain de l’enseignement libre.
Élu le 13 avril 1956, sous la présidence de Georges Paris, pour succéder à André Cler sur le 18e fauteuil. Il est reçu le 28 janvier 1958 par le président. Il est remplacé le 20 juin 2001 par Francis Perreau.
Il est le fils d’Octave Léger, cultivateur propriétaire, et de Berthe Leprand,
Entré au séminaire après la grande Guerre, il est ordonné prêtre le 6 juin 1925. Poussé à poursuivre ses études, il obtient une licence de Lettres classiques en 1927. Il est alors nommé professeur à l’Institution Saint-Vaast de Béthune, puis, en 1931, supérieur du petit séminaire de Boulogne-sur-Mer. Il est gratifié du titre de chanoine honoraire le 18 juillet 1935.
Mgr Dutoit l’appelle à Arras pour être le supérieur du grand séminaire le 2 septembre 1937. Il assume cette charge jusqu’en 1952. Elle est particulièrement difficile pendant la seconde Guerre mondiale : 105 des 150 séminaristes sont mobilisés avant même la rentrée scolaire. Lui-même, âgé de 37 ans, est rappelé le 4 septembre 1939. D’abord infirmier militaire à l’hôpital de Saint-Omer-Helfaut, il est, à partir du 20 mars 1940, aumônier militaire à la direction du service de santé du 23e Corps d’Armée, à Mordelles (Ille-et-Vilaine). Pour maintenir le lien avec ses séminaristes dispersés, il diffuse une circulaire dactylographiée, L’écho du séminaire, puis Du séminaire au front, ainsi qu’une lettre tournante manuscrite. En retour, il reçoit un courrier considérable. Après la déroute de juin 1940, alors qu’il se trouve à Montauban, il fait paraître à la fin du mois de juillet, dans la presse locale, et dans La Croix de Paris, un avis de recherches pour retrouver la trace de ses séminaristes. Il relaye ensuite la consigne de Mgr Dutoit : « Rentrez par vos propres moyens ! ». Ayant échappé à la captivité et démobilisé le 31 août 1940 à Saint-Nicolas-de-la-Grave (Tarn-et-Garonne), il réussit à rentrer à Arras à la fin du mois de septembre. Ayant retrouvé son séminaire et une partie de ses étudiants, il lui reste à établir le contact avec les quelque 60 séminaristes prisonniers en Allemagne. La tâche n’est pas plus simple sous l’Occupation : en janvier 1941, il doit désamorcer l’humeur d’une partie des séminaristes qui manifestent leur désaccord avec la Lettre pastorale pour le Nouvel An 1941 dans laquelle leur évêque justifiait la collaboration prônée par le chef de l’État. Les difficultés sont plus grandes encore en 1943, lorsque 122 séminaristes sont requis pour le STO. Le chanoine Léger se démène pour en faire dispenser le plus possible par les moyens légaux (ordinations accélérées, affectation comme professeurs ou surveillants dans des établissements scolaires privés, embauches réelles ou fictives comme mineurs de fond, exploitants agricoles ou spécialistes d’usines d’armement...), cependant que certains, bravant les consignes de leur supérieur, choisissent la clandestinité. En fin de compte, huit séminaristes seulement partent en Allemagne, tous volontaires, dans une perspective missionnaire.
Nommé vicaire général par Mgr Dutoit, le 3 décembre 1942, il est reconduit dans cette responsabilité par son successeur, Mgr Perrin, qui le décharge du grand séminaire, en 1952, pour lui confier la responsabilité de directeur diocésain de l’enseignement libre. Il est élevé au rang de prélat de Sa Sainteté le 8 mars 1956.
Hostile à la signature de contrats d’association entre les établissements catholiques et l’Éducation nationale dans le cadre de la loi Debré, il est « mis en repos » en 1964, sous l’épiscopat de Mgr Gérard Huyghe. Il est remplacé par le chanoine Éloi Tronquoy (futur académicien). On voit alors, pendant plusieurs années, sa silhouette ascétique, coiffée d’un béret et drapée dans une austère douillette noire lustrée, arpenter les rues d’Arras pour rejoindre l’Institution Jeanne d’Arc où il donne « hors contrat » quelques cours de langue ancienne et notamment de grec. Il entreprend une étude approfondie de l’œuvre de Georges Bernanos. Il peut aussi s’adonner à sa passion pour l’horticulture au milieu de « ses » rosiers, dans une annexe de la direction diocésaine de l’enseignement privé où il réside en toute discrétion. Il se retire pour terminer sa vie dans sa famille à Beaumetz-les-Cambrai en 1991.
Entré à l’Académie d’Arras en 1956, il traite, dans son discours de réception, de l’Éducation, des difficultés et des joies réservées aux éducateurs épris de leur mission et pénétrés de leurs responsabilités. Il devient actif dans l’Académie quand il est déchargé de la direction diocésaine de l’enseignement privé. Il donne alors, de 1968 à 1985, quinze communications, sur Bernanos et l’Artois, le grand séminaire pendant la guerre, ses souvenirs d’enfance de 1905 à 1914 dans son village natal. Il est aussi le fidèle rapporteur des concours de prose de 1970 à 1991. L’Académie se déplace à Beaumetz-les-Cambrai le 16 janvier 2002 pour célébrer son centenaire. Il meurt le 22 janvier 2003.
Communications à l’Académie d’Arras
Quel intérêt le latin peut-il encore avoir pour les jeunes gens d’aujourd’hui ? (13 décembre 1968).
Bernanos et Benoît Labre (12 février 1971).
Évolution de l’art des jardins (2 janvier 1973).
Actualité de la sagesse grecque (28 juin 1974).
Y-at-il des clés à l’œuvre romantique de Bernanos ? (10 janvier 1975).
La jeunesse de Bernanos en Artois (9 mai 1975).
Bernanos (23 janvier 1976)
Le grand séminaire d’Arras sous l’Occupation (28 octobre 1977).
La jeunesse scolaire de Bernanos (27 octobre 1978).
Le grand séminaire d’Arras sous l’Occupation, vie quotidienne d’une collectivité (13 novembre 1981).
La vie quotidienne dans un village de l’Artois avant la première Guerre mondiale (11 février 1983).
La vie quotidienne dans un village d’Artois avant la seconde Guerre mondiale (12 février 1982).
Allons voir si la rose… (24 juin 1983).
Une vie mystique dans l’œuvre de Bernanos, Chantal de Clergerie dans la Joie (20 janvier 1984).
La vie quotidienne dans un village de l’Artois (suite) (10 mai 1985).
La vie quotidienne dans un village l’Artois (suite et fin) (13 décembre 1985).
Publication dans les Mémoires de l’Académie d’Arras
« Bernanos et l’Artois », MAA, 5e série, t. 5 (1966-1979), p. 1-63.
Sources
Archives diocésaines Arras, fonds Léger Louis, 4 Z 455 ; annuaires diocésains 1925-2003.
État civil : naissance, AD 62, 3 E 096/19, p. 132/246.
Situation militaire : matricule : Arras 1922/66 ; feuillet matricule, AD 62, 1R7230/66.
CAZIER Francine, Pré-inventaire partiel de la correspondance passive du chanoine Louis Léger de septembre 1939 à décembre 1940, Archives diocésaines d’Arras, fonds Léger Louis, 4 Z 455.
DUPRÉ-LAFAILLE Nelly, « Léger Louis », notice dans Arras-Artois-Côte d’Opale, Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, Beauchesne, Paris, 2013, p.386-387.
BEIRNAERT Michel, « Service du travail obligatoire : les séminaristes du diocèse d’Arras et le STO », dans Arras-Artois-Côte d’Opale, Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, Beauchesne, Paris, 2013, p. 615-616.
Michel Beirnaert