Paris (7e) 14.07.1873 – Paris (6e) 03.01.1958. Polytechnicien, ingénieur des Mines.
Élu en 1910, sous la présidence du chanoine Charles Rohart, pour succéder à Mgr Jules Doublet sur le 12e fauteuil. Il est reçu le 26 octobre 1911 par le chanoine Rohart. Muté à Nancy, il devient académicien honoraire. Il est remplacé par Edmond Pilat.
Il est le fils aîné des trois enfants d’Edmond Leprince-Ringuet, négociant en décorations d'intérieur, et de Marie Anne Michelle Paillard.
Après de brillantes études secondaires au collège Stanislas à Paris (lauréat du concours général), il est diplômé de l'École polytechnique (promotion 1892), puis de l'École des Mines (1894-1898). Avant de commencer sa carrière d’ingénieur, il effectue, de juillet 1898 à août 1899, une mission d’études géologiques dans le nord de la Chine pour le compte du ministère des Affaires étrangères.
Il épouse à Paris, le 28 mars 1900, Renée Stourm, fille de René Stourm, inspecteur des Finances, cofondateur de l'École libre des sciences politiques, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences morales et politiques, et de Louise Lefébure de Fourcy, elle-même petite-fille du mathématicien Louis Lefébure de Fourcy.
Il commence ensuite une carrière au service des Mines du ministère des Travaux publics, à Alès (Gard), où naissent en 1901 et 1902 ses deux premiers enfants, puis à Amiens (1903) et enfin, à Arras où il reste sept ans (1904-1911), et où naît son troisième enfant. Il y est ingénieur ordinaire du sous-arrondissement minéralogique de Béthune (1904-1907), puis de celui d’Arras-centre (1908-1911). Quand se produit la catastrophe minière de Courrières (10 mars 1906), il participe activement aux opérations de sauvetage. Son rôle lui vaut un beau reportage dans Le Temps du 24 mars 1906, et une lettre de félicitations du ministre des Travaux publics : « J'ai pu constater sur place, par moi-même, le courage et même la témérité avec laquelle vous avez pris part aux plus dangereuses explorations bien que la mine sinistrée ne fût pas dans votre sous-arrondissement. Je vous remercie des efforts que vous avez ainsi tentés pour arracher des vies humaines à la mort et je vous adresse mes bien vives félicitations pour le bel exemple que vous avez ainsi donné à tous ».
Pendant son service à Arras, il effectue plusieurs missions d’étude à l’étranger, en Suisse (1904), Italie (1905), Norvège (1906), Italie et Suisse (1908), Angleterre (1908) où il étudie les expériences sur les poussières de houille, Angleterre et Allemagne pour étudier la distribution de l’énergie dans les régions houillères (1910), Sibérie orientale (25 juin au 25 septembre 1911) ; il donne des conférences à la faculté des Sciences de Lille ; il réalise des mesures géothermiques dans le bassin houiller du Pas-de-Calais ; il se préoccupe aussi de la manière de se prémunir des coups de grisou. Le 18 juin 1911, à l’occasion du Congrès des Mines et de la Métallurgie, il donne une conférence sur « les progrès techniques et les tendances de l’exploitation des charbonnages dans le bassin du Pas-de-Calais ».
Élu à l’Académie d’Arras en 1910, sa réception est retardée par ses voyages d’études. Quand il est finalement reçu, le 26 octobre 1911, il a déjà été muté à Nancy, promu au grade d’ingénieur en chef de l’arrondissement. Sa réception est à la fois un accueil enthousiaste et un « au revoir » teinté du regret de voir partir un académicien si prometteur. Son discours de réception, outre son hommage à son prédécesseur qu’il connaît personnellement pour avoir été son paroissien à Notre-Dame-des-Ardents, est une description détaillée du bassin houiller du Pas-de-Calais, de ses caractéristiques, de son potentiel à court et moyen terme et (déjà !) de la fin prévisible de son exploitation.
Il poursuit à Nancy une brillante carrière et il est décoré de la Légion d’honneur le 8 janvier 1913, au titre du ministère des Travaux publics.
Mobilisé le 31 juillet 1914, il est successivement : chef d’escadron adjoint de l’artillerie du secteur N.O. de Toul, commandant du 9e groupe d’artillerie lourde, commandant du centre d’approvisionnement de matériel automobile de Vincennes, détaché au parc d’artillerie de Boulogne-sur-Mer, détaché au ministère de l’Armement, et enfin réaffecté au service des Mines de la Place de Nancy jusqu’à sa démobilisation le 31 janvier 1919.
En 1919, il contribue à la création de l’Institut Métallurgique et Minier de Nancy, rebaptisé un an plus tard École Supérieure des Mines et de la Métallurgie, et il en est le premier directeur technique.
Nommé, ingénieur en chef à Paris, il devient agent administratif central. Il est missionné au Maroc comme conseiller technique de la commission arbitrale des litiges miniers marocains (1919-1922). Revenu en France, il est successivement : chef du service d’évaluation des dommages de guerre miniers au ministère des Régions Libérées, représentant du ministère des Travaux publics pour les mines devant la commission des Réparations, membre de la commission consultative des Séquestres de guerre, de la commission de liquidation des biens miniers, de la commission du grisou, de la commission des substances explosives, de la commission du règlement amiable des opérations du Bureau national des charbons...
En 1924, il est promu inspecteur général des Mines, chargé de l’inspection du Nord. Il retrouve avec plaisir le terrain et publie de nouvelles études techniques : Note sur une flambée de grisou, survenue le 2 mai 1917 au siège n° 5 de Bruay (1926), Les câbles d’extraction en acier, étudiés à la lumière des statistiques, des essais en service et du travail effectué (1927), La sécurité des attelages sur les plans inclinés (1934), La situation du bassin du Nord en 1934 (1935), Accident provoqué par une venue d’azote aux mines d’Ostricourt (1936), Chapeaux de mineurs (1936).
En 1934, président de la Commission de la statistique minière, il crée le Bureau de documentation minière.
Sa nomination comme directeur de l’Ecole des Mines de Paris (1936) est le dernier grand tournant d’une carrière exceptionnelle. Mais il est brutalement mis à la retraite le 15 février 1940 et il n’est pas nommé commandeur de la Légion d’honneur comme tous ses prédécesseurs à ce poste avant lui.
Après la guerre, en août 1953, toujours scandalisés par ce déni de justice, et sans que Félix Leprince-Ringuet ait demandé quoi que ce soit, treize membres du Conseil général des Mines, dix membres de l’Institut, et un professeur de la Sorbonne adressent une requête au Grand chancelier de la Légion d’honneur afin « de voir élevé au grade de Commandeur de la Légion d’honneur un homme dont les services, le désintéressement et le caractère, animés par une intelligence supérieure, ont rendu à la France des services considérables ». Réparation lui sera rendue le 27 octobre 1953.
Félix Leprince-Ringuet était un alpiniste chevronné (membre du Club alpin), un grand voyageur (membre de la Société de Géographie), et un grand photographe qui pratiquait la technique de photographie stéréoscopique sur plaques de verre.
Chevalier de la Légion d’honneur au titre du ministère des Travaux publics, le 8 janvier 1913, officier le 3 février 1923 au titre du ministère des Régions libérées, commandeur le 27 octobre 1953 sur rapport du Grand Chancelier de la Légion d’honneur.
Les deux fils de Félix Leprince-Ringuet et de Renée Stourm, ont mené à leur tour une brillante carrière.
L’aîné, Louis (Alès 1901-2000), fut scolarisé au collège Saint-Joseph à Arras jusqu’en 1910, et eut pour condisciple René Baude. Devenu polytechnicien, ingénieur « atomiste », membre de l’Académie des Sciences et de l’Académie française, professeur au Collège de France et à l’École polytechnique, président du CERN, il fut reçu solennellement membre honoraire de l’Académie d’Arras le 7 février 1965.
La cadette, Renée-Marie (Alès 1902-1997) a épousé un polytechnicien devenu inspecteur des Finances.
Le benjamin, Jean (Arras 1904-1992), scolarisé lui aussi quelques années dans les petites classes de Saint-Joseph, devint polytechnicien et ingénieur des télécommunications.
Publication dans les Mémoires de l’Académie d’Arras
« Discours de réception le 26 octobre 1911 », MAA, 2e série, t. XLII (1911), p. 426-441
Autres publications durant son service d’ingénieur des Mines à Arras
Étude géologique sur le Nord de la Chine, 1900.
Les expériences de Gelsenkirchen-Bismarck sur les moteurs et l’appareillage électriques de sûreté pour les milieux grisouteux, 1906.
Les expériences anglaises sur les poussières de houille, 1908.
Rapport de mission en Angleterre et en Allemagne sur la distribution de l’énergie dans les régions houillères, 1911.
Sources
Base Léonore : N° de Notice : c-109282.
Annuaire en ligne de la bibliothèque centrale école polytechnique, notice Leprince-Ringuet, Félix Adrien Louis. www.annales.org>archives>leprinceringuet.
Le Temps, 12 mars 1906, 17 mars 1906, 24 mars 1906 (p. 2), 4 avril 1906, 7 avril 1906, 17 avril 1906, 25 juillet 1906, 30 juillet 1906.
L’écho des Mines et de la Métallurgie, 31 août 1911.
ROHART Charles, « Réponse au discours de réception de M Leprine-Ringuet », Mémoires de l’Académie d’Arras, 2e série, t. XLII (1911), p. 442-450.
Michel Beirnaert