Versailles (Yvelines) 22.10.1773 – Paris 05.07.1843. Polytechnicien, ancien membre de la commission scientifique de l’expédition d’Egypte. Ingénieur en chef des ponts et chaussées du Pas-de-Calais.
Élu en 1824 pour succéder au député Charles DU HAYS sur le 24e fauteuil, il est remplacé en 1836 par Victor Stouder.
Né dans une famille noble qui avait une charge à la cour, il fait de « bonnes et brillantes » études au collège de Lisieux. Il poursuit sa formation à l’École des Ponts et Chaussées et à l’École polytechnique, et il sort le 17 mai 1798 avec le grade d’ingénieur ordinaire.
Il est aussitôt désigné pour faire partie de la commission scientifique qui accompagne l’expédition d’Égypte, attaché aux généraux Caffarelli et Andréossi et qui appareille à partir du 19 mai 1798. Tombé malade au Caire, il est chargé des opérations du change de la monnaie. Il apprend l’arabe. En février 1800, il est nommé ingénieur associé au commandant de la province de Syouth (aujourd’hui Assiout) en Haute Égypte. Il y exécute le nivellement en long et en travers de la vallée du Nil, ainsi que des fouilles archéologiques. Placé ensuite à la tête d’une tribu d’Arabes, il fait la reconnaissance et le lever topographique de la partie du désert situé entre le Nil et la mer Rouge, sous les 26e et 27e parallèles. Le mémoire et la carte qui en résultent seront publiés plus tard dans la monumentale Description de l’Égypte. Obligé de se replier sur le Caire, puis Alexandrie, il a le temps de prendre un moulage sur papier soufré de la pierre de Rosette avant qu’elle ne tombe aux mains des Anglais. C’est son empreinte qui est publié dans la Description de l’Égypte à la rédaction de laquelle il collabore dès son retour en France en décembre 1802.
Il commence ensuite une longue carrière d’ingénieur des Ponts et Chaussées, qu’il mène sans interruption pendant quarante ans jusqu’à son décès en 1843.
Sa première mission, à partir de 1803 et jusqu’à la chute de l’Empire, se déroule dans le département de la Lys, notamment à Ostende où il utilise des procédés innovants pour réparer durablement la digue protégeant la ville ; simultanément, il engage le désensablement du chenal et l’assèchement de marais. Devenu ingénieur en chef, il travaille à Bruges en 1811, où il imagine et réalise un pont tournant à deux volées et améliore les wateringues.
À la chute de l’Empire, il est nommé en Charente-Inférieure, où il est responsable du système d’assèchement des marais de Rochefort et de la vallée de la Boutonne, comme avant lui l’ingénieur Courtalon. Dans son poste suivant, en Aveyron en 1816, il améliore les infrastructures routières d’un département resté jusque-là isolé.
Le 1er janvier 1820, promu ingénieur de 1ère classe et décoré, il est envoyé dans le Pas-de-Calais. Avec la même efficacité que dans ses postes précédents, il remplit ses deux missions prioritaires : développer les voies de communication routières et navigables et moderniser les infrastructures portuaires. Il construit le canal d’Aire à La Bassée. En 1828, il évite l’abandon envisagé de Sangatte menacée par l’érosion marine en y édifiant une digue avec les mêmes techniques qu’à Ostende. Il aménage le port de Boulogne et surtout celui de Calais pour en faciliter les accès pour les paquebots à vapeur. Il prolonge de 250 m les jetées de Calais, rend le port indépendant des marées en construisant un bassin à flot où l’on accède par une écluse de 17 m d’ouverture, le tout sans nuire à l’écoulement des eaux des wateringues.
Pendant son long séjour dans le Pas-de-Calais (1820-1835), il s’est attaché également, bien que ce ne fût pas sa mission d’ingénieur des Ponts et Chaussées, à développer la production du sucre de betteraves en investissant personnellement dans l’acquisition d’une ferme au hameau de Louez-les-Duisans pour y faire cultiver des betteraves à sucre et, associé à une famille de notables locaux, en y construisant en 1825 une sucrerie « qu’il tint constamment à la hauteur des progrès du jour ». À sa mort, son fils Adrien-François-Auguste, reprend sa manufacture de sucre.
Le 28 décembre 1835, nommé inspecteur divisionnaire adjoint, chargé des cinq départements du Nord de la France, il quitte Arras Le 21 janvier 1839, il est promu inspecteur divisionnaire en titre.
En 1840, à l’âge de soixante-sept ans, il est mis à la disposition du ministre de la Marine pour inspecter les côtes de l’Algérie en vue d’y fonder des établissements maritimes. Dès le 10 mai 1840 il présente un avant-projet du port militaire d’Alger, puis des projets de dessèchement des marais de la Mitidja. Ensuite, pendant deux ans, il explore systématiquement la côte de l’Algérie orientale et présente des projets d’amélioration de tous les ports et mouillages de la côte orientale de l’Algérie.
Rentré à Paris en 1842, il est nommé inspecteur général, et il a encore assez d’énergie pour se faire élire conseiller général de l’ancien canton de Calais.
Il meurt à Paris en juillet 1843.
Il est le frère d’Alire Raffeneau-Delile, botaniste, professeur à la Faculté de Médecine de Montpellier et le père de l’académicien Adrien François Auguste Raffeneau de Lile.
Chevalier de l’ordre royal de la Légion d’honneur, officier en 1837.
Sources
HENON, « Notice nécrologique sur M. Raffeneau de Lile, inspecteur au corps royal des Ponts-et-Chaussées », Annales des Ponts-et-Chaussées, n° 93, 1er janvier 1844, p. 1-15.
Michel Beirnaert