Saint-Pol-sur-Ternoise 31.12.1792 – Arras 07.01.1868. Avocat.

Élu en 1821 pour succéder à François-Adrien-Joseph Colin  sur le 15e fauteuil, il est remplacé en 1868 par Jean Gabriel Léandre Grandguillaume. Il est archiviste adjoint de l’Académie en 1830 et 1831, puis archiviste titulaire pendant 33 ans, de 1832 à 1865.

Il est le fils de Joseph Romain Billet, marchand apothicaire, et d’Augustine Lambert.

Pendant ses études de droit, à Paris, de 1810 à 1813, il se lie d’amitié avec Antoine Luez, futur confrère, avocat à Arras, et Pierre Petit, futur président de chambre à la cour d’appel de Douai. Muni de sa licence, Henri Billet rentre à Saint-Pol-sur-Ternoise pour exercer le métier d’avocat. Doté d’une haute stature et d’une voix puissante, il excellera dans cette profession.

Politiquement libéral et ne voulant être lié en rien avec le régime réactionnaire de la Restauration, il refuse, en 1814, le poste de substitut près le tribunal civil de Montreuil que lui propose l’administration de Louis XVIII. Après être retourné à Paris pour compléter ses études historiques et philosophiques, il s’inscrit au barreau d’Arras où il se fixe. Il y épouse, le 11 septembre 1816, Eugénie Josèphe Corne, fille de l’avocat et conseiller de préfecture François Corne. De nouveau sollicité pour entrer dans la magistrature, il refuse, pour les mêmes raisons qu’en 1814, le poste de procureur au tribunal de Béthune.

Dépeint comme actif, laborieux, méthodique, infatigable, dénué d’ambition personnelle, il n’hésite pas à s’engager au service de la cause publique. À l’Académie d’Arras d’abord où il est élu dès 1821 ; au conseil municipal d’Arras, ensuite, où il succède en 1823 à son beau-père François Corne. Il y restera jusqu’en 1848. Sa compétence et son esprit de service lui valent d’en assurer le secrétariat. Il est le rédacteur des rapports importants sur les questions d’intérêt général : cadastre, voierie, propriétés communales, servitudes militaires, travaux-publics, régime des eaux, instruction primaire, biens des hospices, mendicité, budgets, impôts, octrois.

Ses opinions libérales et modérées l’amènent à rejoindre l’opposition orléaniste locale, menée par Frédéric Degeorge et Degouve de Nuncques. Avec eux, il participe en 1829 aux banquets réformistes d’Annezin-les-Béthune, d’Arras et de Cambrai. En 1830 le nouveau préfet Cahouet l’appelle à siéger au Conseil d’arrondissement et, en 1833, il élu conseiller général du canton d’Avesnes-le-Comte et constamment maintenu jusqu’en 1848. Ici encore, il s’intéresse prioritairement aux questions d’intérêt général : propriétés départementales, travaux publics, irrigation, domanialité, chemins de fer, canalisations, défrichements, dessèchement des marais.

La Révolution de 1848 met un terme imprévu à sa carrière politique. Pourtant, aux premières heures, le 26 février 1848, il est nommé par acclamations, à l’Hôtel de Ville d’Arras, avec Frédéric Degeorge et Constant Wartelle, l'un des trois administrateurs provisoires du département. Mais ce n’est qu’une reconnaissance éphémère de ses mérites. Il ne se présente pas aux élections à la Constituante des 23-14 avril 1848, et il n’est pas reconduit dans son poste de conseiller municipal lors des élections du 3 juillet 1848, ni dans celui de conseiller général lors des élections cantonales des 27 août et 3 septembre 1848. Candidat républicain modéré aux élections législatives du 13 mai 1849, il est battu par le candidat du parti de l’ordre. C’est donc le suffrage universel qui met un terme, paradoxalement, aux engagements politiques de ce démocrate tout entier dévoué au service public. 

Il abandonne alors toute activité politique et reprend toute sa place au barreau d’Arras qui l’honore en l’élisant bâtonnier en 1860 et en 1861. Il consacre plus de temps à ses travaux littéraires et redevient un membre assidu et très actif de l’Académie d’Arras.

Publications dans les Mémoires de l’Académie

Rapport sur le concours de l’année 1821, MAA, 1ère série, t. IV (1821), p. 29-38.

Rapport sur la question de morale, MAA, 1ère série, t. IX (1826), p. 51-60.

Rapport sur le projet de canal d'Arras à Boulogne, MAA, 1ère série, t. XVI (1835), p. 125-159.

Rapport sur le concours d’économie politique, MAA, 1ère série, t. XXII (1845), p. 33-44.

Mémoire sur l’état physique et moral des sourds-muets, MAA, 1ère série, t. XXV (1854), p. 145-169.

Étude sur Turgot, MAA, 1ère série, t. XXVI (1853), p. 20-73.

Étude sur la vie et les écrits de Daunou, MAA, 1ère série, t. XXVI (1853), p. 229-280.

Rapport sur un mémoire de M. Danvin, docteur en médecine, membre correspondant, MAA, 1ère série, t. XXVI (1853), p. 311-340.

Notice nécrologique de M. Philis, ancien secrétaire général de la préfecture du Pas-de-Calais, et ancien membre de l’Académie, MAA, 1ère série, t. XXVII (1854), p. 61-80.

Des avantages qu’il y aurait à aliéner les biens des hospices pour en employer le prix en acquisitions de rentes sur l’État, MAA, 1ère série, t. XXVIII (1855), p. 95-122.

Notice sur M. Lesueur, ancien membre correspondant, MAA, 1ère série, t. XXVIII (1855), p. 179-194.

Notice biographique sur M. Martin, ingénieur des ponts-et-chaussées, MAA, 1ère série, t. XXIX (1857), p. 5-18.

Rapport sur « l’Histoire de Charles-Quint » de Robertson, MAA, 1ère série, t. XXX (1858), p. 171-178

Étude sur Montaigne, MAA, 1ère série, t. XXXI (1859), p. 113-130.

Économie rurale. Réflexions sur l’émigration des populations des campagnes vers les centres industriels des villes, MAA, 1ère série, t. XXXII (1860), p.256-308.

La véritable Liberté, MAA, 1ère série, t. XXXIII (1861), p.145-158.

La Petite Propriété, MAA, 1ère série, t. XXXIV (1862), p.209-226.

Agriculture. Mise en valeur des biens communaux, MAA, 1ère série, t. XXXV (1863), p.245-262.

Intérêts civils et commerciaux. -De la liberté humaine ou considérations sur la contrainte par corps, MAA, 1ère série, t. XXXVII (1865), p. 195-236.

Discours prononcé sur la tombe de M. Luez, MAA, 1ère série, t. XXXVIII (1866), p. 125-130.

L’ancien Régime et la Révolution française, à l’occasion de l’ouvrage de M. Alexis de Tocqueville, MAA, 1ère série, t. XXXVIII (1866), p.141-172.

Autres publications

Billet a signé 149 articles dans Le Progrès, 186 dans L’Abeille de la Ternoise, 7 dans Le Puits artésien, tous se référant aux biens hospitaliers ou communaux et à l’économie politique

Il a fait à l’Académie 23 lectures publiques. Il a publié plusieurs mémoires judiciaires, une soixantaine d’opuscules. Il écrivait facilement et rapidement

Sur le Partage des biens communaux (1832).

Coup-d’œil sur les conseils de préfecture (1834).

Observations sur le desséchement projeté de la Vallée de Canche, entre Hesdin et Montreuil (1834).

Requête à M. le Conseiller d'Etat, préfet du Pas-de-Calais, pour M. Jean-François Lorge, propriétaire et garde-forestier, dame Clémentine Dupont, sa femme, demeurant à Huby-St-Leu, près Hesdin, demandeurs ; contre M. Jean-Hubert Legrand, cultivateur et maire de la commune de Monchel-sur-Canche, canton d'Auxi-le-Château, défendeur [qui avait empiété sur leur propriété jouxtant le chemin vicinal de Conchy à Blangerval, pour réparer celui-ci (1835).

Essai sur la destruction de la mendicité dans le département du Pas-de-Calais (1835).

Philosophie. Instruction des sourds-muets (1851).

De l'Histoire : comment il conviendrait de la faire. La Guerre de l'indépendance américaine, Wasingthon ("sic"). Les Mémoires historiques (1852).

Assistance publique. Création d'hôpitaux-hospices régionaux, aliénation des biens des hospices et des biens communaux, crédit foncier, centimes additionnels. Réponses à quelques objections, (1855).

René Piéron, ancien député (1857).

Étude sur Montaigne, suivie de quelques réflexions sur notre époque, lue à l'Académie d'Arras, dans sa séance du 18 juin 1858 (1859).

Philippe Le Bas, membre de l'Institut de France (Inscriptions et Belles-Lettres), lecture faite à l'Académie d'Arras, le 20 juillet 1866 (1866).

De la Décentralisation administrative (1866).

Du Pouvoir municipal, de l'origine et de l'organisation des communes, lecture faite dans les séances de l’Académie d’Arras des 17 février et 3 mars 1865 (1866).

Le Parlement de Paris, son organisation, sa fin (1867).

Sources

État civil : naissance, AD 62, 3 E 767/9, p. 172/173 ; mariage, AD 62, 5 MIR 041/44, p. 326/1395 ; décès, AD 62, 5 MIR 041/58, p. 460/1186.

LE GENTIL Constant, Notice sur M. Billet, Mémoires de l’Académie d’Arras, 2e série, t. II (1868), p.315-331.

Michel Beirnaert