Eugène de Béthune d'Hesdigneul (source : site de la Maison de Béthune)
Eugène de Béthune d'Hesdigneul (source : site de la Maison de Béthune)

Saint-Omer (paroisse Saint-Denis) 30.07.1746 – Saint-Germain-en-Laye 17.08.1823. Mousquetaire de la garde du roi.

Reçu le 17 novembre 1764 au 14e fauteuil, il succède à l’avocat Jean-Jacques de Vienne. Il est chancelier en 1770 et directeur en 1771. Remplacé en 1777 par dom Gosse, il est alors nommé académicien honoraire.

Il est le fils de Joseph Maximilien Guislain de Béthune Hesdigneul et de Jeanne Louise de Guernonval.

À l’âge de seize ans, il est inscrit dans la première compagnie des mousquetaires de la garde du roi, dits mousquetaires « gris » et arrive en garnison à Arras. Il y est élu membre de l'académie alors qu’il n’est âgé que de dix-huit ans, en devient chancelier en 1770 et directeur, en 1771. 

Le 1er juin 1772, il épouse, à Tournai (Saint-Brice), en premières noces, Albertine Josèphe Eulalie Le Vaillant de Bousbecque. C’est à ce moment qu’il obtient la charge de guidon des gendarmes de la garde du roi de France et le grade de colonel de cavalerie. Avec l’agrément du roi, Il renonce à sa charge de guidon le 28 décembre 1774, en la cédant à son frère le baron de Béthune, mais conserve son rang de colonel de la suite de la cavalerie. Il se partage alors entre Arras et le château de son épouse à Bousbecque. 

À la recherche de titres et d’honneurs, il est créé, en 1776, « chambellan de L. M. I. et R. Marie Thérèse et Joseph ». En 1777, il acquiert le bourg et la châtellenie de Sissonne, près de Laon, et part y habiter l'élégant château, bâti depuis peu de temps, et dont il croit la résidence plus agréable et plus utile pour la santé de son épouse.

Ayant fait vérifier et enregistrer son ancien titre de marquis à la chambre héraldique de Bruxelles, Eugène de Béthune obtient de l'Impératrice Marie-Thérèse, en 1777, l'autorisation pour lui et ses descendants, de décorer ses armoiries du manteau ducal et de la couronne fermée. En 1778, il est admis dans l'état noble de Flandre, en qualité de marquis. L’empereur Joseph II qui a succédé à sa mère en 1780, l'élève à la dignité de Prince de Béthune-Hesdigneul, par lettres patentes du 6 septembre 1781, « en considération de son origine illustre et de ses hautes alliances ». Étant né français et possessionné en France, il demanda l’agrément de Louis XVI et fait enregistrer son diplôme par l’Élection d’Artois à Arras le 17 mai 1782.

Après le décès de son épouse, le 21 mars 1789, à Sissonne (Aisne), puis celui de son frère, le 4 avril, et de son père, le 5 avril, il voyage jusqu’en Italie. Deux ans après, le 7 mars 1791, il épouse en secondes noces, Charlotte Louise Élisabeth Bidal d’Asfeld. Le mariage est célébré à Asfeld, mais le couple réside à Paris. La Révolution bouleverse leur vie. Lui, rejoint l’armée des émigrés où il prend la tête de la première compagnie des gentilshommes des provinces de Flandre, Artois et Picardie, dans l’armée du duc de Bourbon. Après la bataille de Jemmapes, il se réfugie aux Pays-Bas, puis en Prusse. Pendant ce temps, lors de la Terreur, sa nouvelle épouse est arrêtée à Saint-Denis. Accusée d’être la femme d’un émigré, elle est internée. Après treize mois de captivité, elle se résout, le 27 prairial an II (18 juin 1794), à « se faire divorcer » pour sauver sa tête. Remise en liberté peu après la mort de Robespierre, elle s’installe dans l’hôtel de son mari à Tournai, et reprend son nom d’épouse. Eugène de Béthune se démène pour la rejoindre. Rayé de la liste des émigrés par arrêté du département du Pas-de-Calais, le 9 ventôse an V (27 février 1797), ainsi que par le département de Jemmapes, le 9 prairial an V (28 mai 1797), il peut enfin rejoindre son « ex » épouse et le couple se remarie civilement à Tournai le 30 fructidor an V (16 septembre 1797).

Après le traité de Campo-Formio, le Directoire durcit sa politique, et le prince de Béthune est réinscrit sur la liste des émigrés. Il doit de nouveau quitter la France. Le comte de Provence, futur Louis XVIII, lui décerne le titre de chevalier de l’ordre de Saint-Louis le 2 février 1798. Après avoir erré, Béthune se réfugie de nouveau en Prusse en septembre 1798 et s’installe à Potsdam où son épouse le rejoint.

Ce n’est qu’après la prise du pouvoir par Bonaparte qu’il peut rentrer en France et il passe l’hiver 1800-1801 à Arras. Amnistié et réintégré dans ses droits le 10 fructidor an X (28 août 1802), il se fixe à Saint-Germain-en-Laye où son épouse décède le 30 octobre 1816, et où lui-même décèdera en 1823.

À la Restauration, il reçoit la décoration du Lys, le 30 mai 1814, et il est nommé lieutenant-général des armées le 22 mai 1816.

Disposant de suffisamment de biens, il a consacré une partie de son énergie à faire valoir ses droits et à se faire attribuer titres et décorations : marquis d’Hesdigneul, comte de Noyelles-sous-Lens, vicomte de Nielles, châtelain de Sissonne, seigneur d’Espréaux, Lespiez, le Befvre, l’Epesse, Tencques, Bailleuval, etc, etc, chambellan de l’Empereur d’Autriche, prince de Béthune et du Saint-Empire, lieutenant général des armées du roi de France, chevalier des Ordres de l’Aigle blanc et de Saint-Stanislas de Pologne, chevalier du Lion blanc Palatin et de Saint-Louis, Grand-croix et inspecteur général de l’Ordre chapitral du Limbourg dans la langue d’Austrasie, chevalier du Lion de Holstein-Limbourg.

Il est l'ancêtre direct du bienfaiteur de l'Académie, Henry de Béthune-Hesdigneul (1848-1931) qui a donné à l'Académie, en 1924, ses bois de Nielles-les-Bléquin et ses terres de Barafles, à charge pour elle de venir en aide à des infortunés dans les régions de Béthune et d’Arras. 

Sources

État civil : naissance, AD 62, 5 MIR  765/9, p. 519/1427 ; remariage civil à Tournai, Tournay, Hainaut, Belgium, N 1899-1900 M 1797-1804, vue 386/1083 ; décès, AD Yvelines, 4 E 2850, p. 84/121.

Abbé DOUAY, Histoire généalogique des branches de la maison de Béthune, vol 1, p 128

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