Arras (Saint-Nicolas-sur-les-Fossés) 08.02.1718 – Paris 16.05.1787 (?).  Avocat au conseil provincial d’Artois et échevin d’Arras.

Élu en 1746 pour succéder à l'avocat Philippe-Gabriel Garson de Quevaussart sur le 26e fauteuil. Il est remplacé en 1769 par le conseiller Antoine-François d'Hurtebize.

Fils de Charles Antoine, négociant en vins et de Marie-Brigitte Poiteau ; écuyer, seigneur de Vitry, il est reçu avocat au Conseil d’Artois le 13 octobre 1742, échevin d’Arras, puis subdélégué de l’intendant,

Il épouse en premières noces, à Arras (paroisse Saint-Géry), le 3 févriePr 1748, Françoise-Rosalie-Dominique Bacler, fille d’Etienne Bacler, greffier de la ville d’Arras, et de Catherine Verdevoye. L’académien ierre François Pierre François Galhaut échevin en exercice et avocat au Conseil d’Artois est l’un des témoins de leur mariage.

Il devient procureur syndic de la ville d'Arras en 1755, et procureur du Roi subdélégué de l'intendant en 1756.

Il fait construire à Arras, en 1757, un bel hôtel particulier connu sous le nom d’Hôtel de Gouve ou la Verdure.

Un litige opposa de Gouve au premier échevin de la ville, Alexandre Brandt de Marconne qui l’accusa de prévarication et d’imprudences financières alors qu’il était devenu procureur–syndic d’Arras. À la suite de cet incident, loin d’être condamné, de Gouve fut nommé procureur général de la cour des monnaies de Paris le 15 juillet 1762. Il quitte alors Arras et s’installe à Paris où, devenu veuf, il épouse en deuxièmes noces, à Paris (paroisse Saint-Étienne-du-Mont), le 7 janvier 1767, Justine Jeanne Mariette.

Son passage à l’Académie d’Arras n’est pas passé inaperçu.

Le Père Ignace signale deux textes provocateurs rédigés par de Gouve qui eurent un certain retentissement. En 1739, dans une lettre aux Académiciens, il affirme : Les belles lettres ont toujours été faiblement cultivée en Artois : un reste de grossièreté Belgique, mêlée avec des préjugés populaires, en a écarté les beaux-arts. La noblesse vivait dans une ignorante oisiveté ; le peuple, peu industrieux, ne pouvoit franchir les bornes d’un commerce médiocre, et les Ecclésiastiques se contentoient de psalmodier au lutrin, et d’entendre leur bréviaire. Le bon goût y étoit inconnu, la raison peu perfectionnée, et l’on regardoit la culture des belles-lettres comme un écart d’esprit dans les nobles, comme un obstacle à la fortune des particuliers. Les bibliothèques étoient proscrites, personne n’osoit affronter le ridicule d’un savant. Ce mépris pour les belles connaissances traînoit avec soi une politesse rude, mal-aisée et gênante ; et cette liante urbanité qui fait les douceurs de la vie, passoit pour dissipation, pour étourderie ». L’humour un peu grinçant de ce message n’a pas été apprécié par tous et en fit naître deux autres : l’un d’un savant chanoine d’Auxerre, nomme Le Beuf ; l’autre, d’un anonyme d’Arras, qui proteste vigoureusement : « Aucun auteur n’a jamais regardé les Artésiens comme ennemis des belles-lettres, et je ne sais pas pourquoi l’Artois seroit un théâtre peu propre à recevoir les beaux-arts. Les savants y sont estimés, et ce n’a jamais été sur la science qu’on y a jeté du ridicule ». Devenu membre de l’Académie en 1746, 748, de Gouves prononça, en 1748, un discours, qui fit également grand bruit, sur « les désavantages qui pourraient résulter pour les hommes d’enseigner les sciences aux femmes » : La coquetterie n’est que l’art de tromper. Quand elles en seront convaincues, elles rejetteront un amusement qui, sans les dédommager, couvre de ridicule l’idole et ses adorateurs. Leur esprit s’exercera à démêler le vrai d’avec le faux, et le cœur, qui ne peut être vide, se remplira de l’amour de la vérité. Comme elles perdront le désir de plaire, elles en négligeront les moyens : la toilette abandonnée sera remplacée par une bibliothèque ; les bijoux n’auront plus d’éclat ; les billets doux seront changés en dissertations ...

D’aucuns le donnent décédé à Paris le 16 mai 1787. Il n’a pas été possible de vérifier cette proposition.

Sources

État civil : naissance, AD 62, 5 MIR 041/9, p. 382/1420 ; mariage en premières noces, AD 62, 5 MIR 041/5, p. 114/1343 ; mariage en secondes noces, Fonds Andriveau, Paris, mariages (1613-1805)

NOLIBOS Alain, « Un "petit faubourg Saint-Germain" à Arras », Mémoires de l'Académie d'Arras, 6e série, t. V (1991-2006), p. 221-234, ici p. 232.

BLUCHE François, Les magistrats de la cour des Monnaies de Paris, Paris, 1966

FORGEOIS Henri, Les pouvoirs de police de l’échevinage de la ville d’Arras en matière de voirie et de construction d’habitations, Lille, 1938.

VILLERS Robert, L’organisation du parlement de Paris et des conseils supérieurs d’après la réforme de Maupéou, Paris, 1937.

BOUCLIER Jacques, La cour des Monnaies de Paris à la fin de l’Ancien Régime, Paris, 1924.

Jean Pierre Diers