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Arras 18.10.1867 – Arras 17.07.1957. Docteur en droit, avocat, figure de proue du catholicisme social dans le diocèse d’Arras.

Élu en 1911 pour succéder à l’industriel Benoît-Joseph Leloup sur le 28e fauteuil reçu le 27 juin 1912 par Jean Paris. Il est remplacé en 1957 par le docteur René Baude.            

Il est le fils de l’avocat Auguste Tierny, propriétaire et rédacteur en chef du Courrier du Pas-de-Calais, et de Pauline Decroix. Scolarisé d’abord à domicile dans la propriété familiale d’Hernicourt, puis au petit séminaire d’Arras, il prépare le baccalauréat au collège Stanislas à Paris. Avec Jean Paris, il s’engage pour un an le 3 novembre 1886, jusqu’au 15 novembre 1887, au 43e RI à Lille, et comme lui, effectue ensuite des études de droit à la faculté de Lille. Il s’inscrit au barreau d’Arras en même temps que Jean Paris en 1889. Il soutient ses thèses de doctorat le 29 novembre 1894 à la faculté de droit de Caen, en droit romain sur « Le senatus consulte macédonien » et en droit français sur « Les droits de l’assureur en cas de mort de l’assuré ». 

Il épouse à Beauquesne (Somme) le 27 août 1894, Marie Thérèse Bouthors, septième d’une fratrie de quinze enfants. Le couple donnera naissance à onze enfants.

Il fait toute sa carrière au barreau d’Arras dont il est à maintes reprises bâtonnier. Il est entré dans la vie publique lors de la période d’opposition entre l’Église et l’État. Il défend les congrégations religieuses spoliées et il plaide souvent pour la Ligue de défense sacerdotale. Conseiller de l’Association catholique des chefs de famille, il assiste Mgr Williez dans la querelle des manuels scolaires. Il s’intéresse très tôt à l’œuvre des Cercles catholiques d’ouvriers qu’Albert de Mun a fondés en 1875, et devient le président de celui d’Arras. Il est également très proche de l’Action catholique de la jeunesse française diocésaine. En 1907, il est rapporteur à l’Assemblée générale des Conférences de Saint-Vincent de Paul du Nord et du Pas-de-Calais.

Comme tout intellectuel catholique engagé, il met sa plume et son talent à la disposition de la presse catholique. Il participe aux congrès de La Croix d’Arras et des mines du Pas-de-Calais (1897-1908) et donne des articles comme collaborateur occasionnel dans La Croix d’Arras et du pays minier qui lui succède (1911-1914).

Le 1er août 1914, à l’âge de 47 ans il est mobilisé en tant que capitaine dans la réserve de l’armée territoriale, et il est affecté jusqu’au 2 février 1919 à la garde des voies de communications. Il n’hésite pas à « donner son or » pour la patrie.

Après la Grande Guerre, il écrit des articles dans La Croix d’Arras (1922-1923), dans le Bulletin des églises dévastées (1919-1925) et collabore épisodiquement au Beffroi d’Arras (1920-1925). Il collabore dès sa fondation en juillet 1932 à la revue L’Animateur de l’Union catholique du Pas-de-Calais.

Admirateur de la doctrine sociale de l’Eglise, il devient la figure de proue des laïcs engagés. Il préside l’Union des œuvres diocésaines et, à partir de 1924, l’Union catholique du Pas-de-Calais, branche diocésaine de la Fédération nationale catholique. Il participe à l’organisation de tous les grands rassemblements catholiques, cantonaux et diocésains. Il préside l’Œuvre des conférenciers populaires. Il soutient le combat des syndicats chrétiens dès leur apparition et encourage les multiples œuvres à caractère social telles que les habitations ouvrières, les jardins ouvriers, les caisses rurales ou ouvrières. Il est vice-président de La famille artésienne, société familiale de secours mutuels, dont le président est Philippe Gerber. Président de la ligue pour la moralité publique, il défend à ce titre la cause familiale chez les ouvriers. Il est correspondant de la société de patronage des enfants moralement abandonnés dans la région du Nord. Lui-même père de onze enfants, il est membre du comité d’Arras de l’Union des familles nombreuses et associations familiales du Pas-de-Calais.

Au niveau local à Arras, il est responsable du conseil paroissial de Saint-Jean-Baptiste, conseiller de la grande confrérie de Notre-Dame des Ardents, mayeur de la confrérie du Très-Saint-Sacrement, et surtout tertiaire de Saint-François, seul titre qui figure sur son libellé mortuaire. Il se montre actif dans les œuvres de charité et notamment à la conférence de Saint-Vincent-de-Paul d’Arras qu’il dirige, à la Croix-Rouge, ainsi qu’à l’orphelinat de l’abbé Halluin dont il assure la présidence. Le Vatican l’a récompensé par la croix de commandeur de l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand, et la République par la Légion d’honneur.

Très actif au sein de l’Académie d’Arras, durant 46 années, il en est successivement secrétaire - adjoint (9 juillet 1920 - 4 juin 1926), secrétaire (4 juin 1926 - 20 avril 1928), président (20 avril 1928 - 10 juin 1932), chancelier (10 juin 1932 – 1er mai 1936). Ses très nombreuses communications en séance reflètent ses engagements et ont été publiées dans les Mémoires de l’Académie jusqu’en 1942.

Communications lors des séances de l’Académie.

La protection du Foyer, commentaire de la loi du 23 juillet 1942 (29 janvier 1943).

Les inconvénients de la législation actuelle en matière de succession (21 mai 1943).

La législation en matière d’accidents du travail (18 juin 1943).

Évolution du droit depuis cinquante ans… Charte du travail (18 août 1944).

Le sort de la propriété sous notre droit moderne (4 octobre 1947).

Les transformations d’Arras au cours d’une existence, (10 décembre 1948).

À propos de l’ouvrage de l’abbé Lestocquoy « la vie religieuse d’une province, le diocèse d’Arras » (15 juillet 1949).

Le prolétariat et ses dangers (4 novembre 1949).

Observations sur le mouvement économique et social depuis la fin du siècle dernier (22 décembre 1950).

Des courses de taureaux, à propos d’une récente discussion parlementaire (22 juin 1951).

La vie de Jérôme Bignon, avocat général et conseiller d’état (1589-1666) (26 octobre 1951) 

Quelques considérations sur le système de cogestion, dans le rapport entre le capital et le travail (7 décembre 1951).

Le succès d’Esther à Saint-Cyr (9 mai 1952).

La carrière aventureuse de Monsieur de Lauzun (24 octobre 1952).

Les étapes du divorce en France (23 octobre 1953).

Le syndicalisme ouvrier, ses origines et son évolution en France comparées à celles d’autres pays. (9 avril 1954).

L’ami des bêtes (9 juillet 1954).

L’ombre de la morte, roman du mineur Alphonse Narcisse (10 décembre 1954).

Problème du territoire Sarrois (13 mai 1955).

Le marxisme, sa philosophie, ses conséquences (18 novembre 1955).

Le chien de Don Bosco (8 juin 1956).

Le vœu de Louis XIII (21 décembre 1956).

Publications dans les Mémoires de l’Académie d’Arras

Les étapes du divorce en France, MAA, 4e série, fascicule 1 (année 1941-1942), p. 28-34.

Les partages d’ascendants (résumé), MAA, 3e série, t. XIV (1935-1937), p. 253

Les tribunaux de Commerce (résumé), MAA, 3e série, t. XIII (1933-1934-1935), p. 287.

L’abus du droit sous quelques-unes de ses manifestations (résumé), MAA, 3e série, t. XIII (1933-1934-1935), p. 133.

Un bienfaiteur de la ville d’Arras : Alexis Hallette (1748-1840), MAA, 3e série, t. X (1930), p. 149-170.

Allocution d’ouverture de la séance publique du 27 décembre 1928, MAA, 3e série, t. VIII (1929), p. 139-146.

Discours prononcé aux funérailles de M. Georges Sens, MAA, 3e série, t. VIII (1929), p. 167-176

Rapport sur l’attribution des prix de vertu (27 octobre 1927), MAA, 3e série, t. VII (1928), p. 177-178.

Rapport sur les travaux de l’année (1926-1927, MAA, 3e série, t. VII (1928), p. 167-176.

Rapport sur les travaux de l’année (1925-1926), MAA, 3e série, t. VI (1927), p. 169-172.

Rapport sur les travaux de l’année (1924-1925), MAA, 3e série, t. V (1926), p. 155-166.

Rapport sur les travaux de l’année (1923), MAA, 3e série, t. III (1924), p. 207-218.

Rapport sur les travaux de l’année (1922), MAA, 3e série, t. II (1923), p. 157-166.

Réponse au discours de réception de M. Dupret le 15 décembre 1921, MAA, 3e série, t. I (1922), p. 245-244.

La recherche de la paternité, MAA, 2e série, t. XLIV (1913), p. 19-24.

Discours de réception le 27 juin 1912, MAA, 2e série, t. XLIII (1912), p. 184-203.

Autre publication

Discours prononcé à l'Assemblée générale des avocats du 27 juillet 1926. [Hommage à la mémoire de Me Léonce Viltart] Arras, Impr. moderne, s. d., 7 p.

Sources

Archives diocésaines Arras, 1 R 8073/1560 ; S.R. 1942, p. 322-324 ;

AD 62, Feuillet matricule, Béthune/1885/1560, 1 R 7054 – 1887, p. 60/510.

PARIS Jean, Réponse au discours de réception d’Alphonse Tierny le 27 juin 1912, Mémoires de l’Académie d’Arras, 2e série, t. XLIII (1913), p. 204-215.

HOGUET Paul, Manuel des Œuvres, Arras, Secrétariat des œuvres catholiques et sociales, 1931.

BAUDE René, « Éloge d’Alphonse Tierny » in Discours de réception le 1er février 1956, Archives de l’Académie.

TIERNY Gilbert, La Famille Tierny, de l’Irlande à l’Artois, 1690-1990, Saint-Josse, Imprimerie du Moulin, 1991.

BEIRNAERT Michel et BETHOUART Bruno, « Tierny Alphonse », in Arras, Artois-Côte d’Opale, Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, 2013.

Michel Beirnaert