Russey (Doubs) 25.01.1807 – Arras 07.01.1885. Professeur de dessin à l'école régimentaire du Génie, photographe.

Elu en 1868 pour succéder à Henri Joseph Augustin BILLET sur le 15e fauteuil ; n’a pas été reçu, peut-être en raison des événements de 1870. Remplacé en 1885 par l’archiviste Henri LORIQUET.

Soldat au 1er régiment du génie de Strasbourg, de 1828 à 1831. En septembre 1831, il ouvre à Arras la première imprimerie lithographique en association avec Pierre Chapront. Selon le peintre arrageois Désiré Delaporte, il aurait travaillé auparavant dans l’imprimerie lithographique de Robert Tavernier à Metz. Deux ans plus tard, l’atelier arrageois ferme. Grandguillaume renonce dès lors à la lithographie pour se consacrer à l’enseignement du dessin. Il est professeur à l’école régimentaire du génie d’Arras, de 1834 à 1867. Après quelques essais picturaux mal accueillis par la critique, il délaisse vers la fin des années 1840 la peinture pour la photographie. Ses vues des monuments et sites d’Arras, ses reproductions d’œuvres d’art et surtout ses portraits font sa réputation. On lui doit dans cette spécialité l’invention d’un procédé sur papier humide et surtout celle du cliché-verre pour laquelle son nom doit d’être passé à la postérité et qu’il met au point avec le peintre Constant Dutilleux et Adalbert Cuvelier, fabricant d’huiles et photographe amateur. Corot, initié à cette technique par les trois artistes arrageois en mai 1853, a produit quelque 70 clichés-verre, tous exécutés localement sauf un. Grandguillaume assure également une chronique artistique dans le Courrier du Pas-de-Calais. Dans ses articles, il se montre un partisan de la modernité. Il salue les méthodes nouvelles d’enseignement artistique introduites par Dutilleux dans la ville et critique l’enseignement académique dispensé à l’école communale de dessin. De même en architecture, il est déçu par la construction néoclassique de Joseph Traxler pour l’église Saint Nicolas-en-Cité (1838-1846), et applaudit à l’édifice de style flamboyant érigé pour les Bénédictines du Saint-Sacrement (1842-1846) par l’architecte Alexandre Grigny, qui faisait alors figure de précurseur.

Plus que le photographe et le critique d’art, c’est le bienfaiteur des pauvres que les Arrageois saluent lors de son décès. Suite à la disparition prématurée de son épouse, Rose Emmanuelle Josèphe Daussy, il consacre une part importante de son activité et toute sa fortune à la poursuite des actions charitables que celle-ci avait menées.  Outre les distributions de secours aux indigents, il œuvre au sein des divers établissements de bienfaisance de la ville. Il contribue à la fondation de certaines d’entre elles : la Société communale de secours mutuels, qu’il pourvoit de pensions de retraites, et la Société de Saint-Vincent de Paul. Il est aussi administrateur du bureau de bienfaisance et membre de la commission des hospices. Henri Loriquet, son successeur à l’Académie d’Arras, indique que, sensibilisé aux conditions désastreuses de logement des ouvriers, il achète pour les assainir les maisons de la Cour-Baleine et « fait, écrit-il, de cet ancien foyer d’infection et d’épidémies un quartier tout à fait habitable. » Dans le domaine artistique, et plus largement de l’enseignement, il joue un rôle de mécène et de promotion. Des prix sous forme de livrets de caisse d’épargne sont distribués aux élèves des établissements scolaires et de l’école communale de dessin. L’Académie d’Arras lui doit la création d’un concours annuel des beaux-arts, qu’il dote d’un prix de 500 francs. Signalons enfin à son actif la restauration de la chapelle de la citadelle qu’il finance de ses propres deniers. Sa philanthropie lui vaut d’être élevé au grade d’officier de la Légion d’honneur. Il est décoré par Napoléon III en personne lors de sa visite à Arras le 24 août 1867.

Outre l’Académie d’Arras, Grandguillaume a été un membre actif de la Commission des antiquités départementales du Pas-de-Calais, à la création de laquelle il a participé. Il est inhumé au cimetière d’Arras, aux côtés de son épouse. La tombe de cette dernière est un monument remarquable. Elle est représentée debout, en prière, appuyée sur une chaise. C’est une œuvre du sculpteur Emile Thomas.

 Chevalier de la Légion d'honneur le 14 mai 1860 ; officier le 7 septembre 1867

Publications

« Caveau et cercueils découverts à Arras le 25 juillet 1848 dans l’aile gauche des bâtiments de Saint-Vaast », Bulletin de la commission des antiquités départementales du Pas-de-Calais, t. 2, Arras, 1862, p. 314-323.

« La porte Ronville à Arras. Notice historique », Bulletin de la commission des antiquités départementales du Pas-de-Calais, t. 1, Arras, 1849, p. 233-237.

Traité de perspective linéaire, avec des tables, Arras, imp. De A. Tierny, 1847, 38 p

Essai d'un cours élémentaire de dessin, Arras, imp. de J. Degeorge, 1840, 172 p.

Perspective linéaire, Arras, imp. de A. Tierny, 1837, 37 p.

 Sources :

État civil : naissance : AD25, N1793-1808, p. 100/120

Base Léonore :  LH//1186/48

MARCHAL Gaston-Louis et WINTREBERT Patrick, Arras et l’art au XIXe siècle. Mémoires de la Commission d’histoire et d’archéologie du Pas-de-Calais, t. XXIV, Arras 1987, p. 140-141. On y trouve une liste des sources à laquelle il convient d’ajouter :

AUBENAS Sylvie et ROUBERT Paul-Louis (dir.), Primitifs de la photographie. Le calotype en France 1843-1860, catalogue d’exposition, Paris, Bibliothèque nationale de France, Gallimard, 2010, p. 280.

Gravure ou photographie ? Une curiosité artistique : le cliché-verre, catalogue d’exposition, Musée des beaux-arts d’Arras, ed. Gourcuff Gradenigo, 2007, voir en particulier p. 37 et suiv.

HEDIARD Germain, « Les procédés sur verre », Gazette des beaux-arts, 557e livraison, novembre 1903, p. 408-426.

« Discours de réception de M. Henri Loriquet », MAA, 2e série, t. XIX, 1888, p. 250-254.

SEDE DE LIEOUX Gustave de, Voyage de LL. MM. L'Empereur et l'Impératrice dans le Nord de la France, Arras, Lille, Dunkerque, Roubaix, Tourcoing, Amiens, Arras, imp de A. Tierny, 1867, p. 54-55.

 Patrick WINTREBERT