Bailleul (Nord) 01.01.1779 – Arras 09.03.1840. Propriétaire, autodidacte, physicien et mécanicien, inventeur, conseiller municipal.

l fait partie des quatorze premiers membres nommés le 7 mai 1817 par le préfet Louis Malouet pour reconstituer l’Académie. Il est installé sur le 2e fauteuil occupé avant la Révolution par Fruleux de Souchez. Archiviste de l’académie jusqu’à sa démission le 22 juin 1831, il est remplacé en 1832 par l’ingénieur des Ponts et Chaussées Anatole Lamarle.

 

Issu d’une famille de riches propriétaires terriens installés en Flandre, il est le fils de Pierre Jacques Benoît Augustin Terninck, avocat, propriétaire à Bailleul, et d’Angèle Eugénie Dorothée Antonia Béhagle.

Malgré les épisodes révolutionnaires qui perturbent sa jeunesse et ses études, il parvient à acquérir de bonnes bases dans le domaine des sciences pour lesquelles il manifeste des aptitudes certaines. Il commence ensuite à vivre de ses biens à Bailleul. Son mariage à Arras, le 22 brumaire an 14, (13 novembre 1805), avec Victoire Lefebvre (Paris 1781-Thélus 1825), fille du législateur François Joseph Lefebvre du Prey (devenu par son mariage Lefebvre-Cayet) marque un tournant dans son existence. Il vient se fixer à Arras et y trouve sa place dans la société locale.

Déjà connu pour ses compétences scientifiques et pratiques, il est nommé membre de la commission chargée par Napoléon Ier d’étudier la fabrication du sucre à partir de la betterave. Connu également pour ses convictions conservatrices et monarchistes, il est nommé conseiller municipal d’Arras dès les débuts de la Restauration, le 30 août 1814. Il gardera cette fonction jusqu’au 24 août 1830, date à laquelle il démissionnera pour manifester sa désapprobation à la Révolution de Juillet qui renverse Charles X.

Rentier, il peut poursuivre ses études en autodidacte et cultiver ses passions. « Physicien habile, mécanicien ingénieux, il imagina une foule d’instruments et d’appareils qui sont demeurés comme monuments d’un génie inventif, d’un travailleur infatigable. Il s’occupait beaucoup de physique proprement dite, et l’électricité, encore dans l’enfance, faisait son occupation favorite. Il se créa un cabinet fort riche » (de Cardevacque). C’est à lui que la municipalité et l’évêché d’Arras font appel pour équiper les cabinets de physique du collège et du séminaire.

C’est donc, à la fois comme notable et comme savant, qu’il est appelé au printemps de 1817 à faire partie du noyau chargé de reconstituer l’Académie. Celle-ci, une fois rétablie, en fait son archiviste. Avec méthode, il classe les registres, dossiers et liasses qu’il retrouve. Il installe ensuite la bibliothèque ayant appartenu à la Société, devenue bien communal, que le maire d’Arras restitue le 14 juin 1822.

Ayant fait la preuve de ses compétences et de son efficacité, l’Académie le désigne pour faire partie des commissions chargées d’étudier toutes les questions d’utilité publique qu’elle met aux concours ou qui lui sont soumises : encourager et faire connaître la production de sucre de betterave de M. Crespel (1818) ; améliorer les techniques de fabrication des dentelles d’Arras (1820) ; trouver les moyens de remplacer le chaume des toitures par des matériaux incombustibles (1820) ; évaluer un nouveau procédé de traitement des étoffes pour leur donner les reflets moirés (1820) ; évaluer la première fabrique d’huile mue par la vapeur établie à Arras (1820) ; relever dans un système d’agriculture innovant, expérimenté dans la région de Norfolk, les méthodes de culture qui pourraient être employées avantageusement dans le Pas-de-Calais (1820) ; évaluer un Mémoire sur les moulins à bras  (1821) ; évaluer un système de construction d’un aéromètre exempt d’arbitraire et de causes d’inexactitude (1822) ; déterminer la  composition de bombes trouvées dans un puits comblé dans la cave d’une maison, et déterminer l’époque à laquelle leur usage pouvait remonter (1823) ; évaluer un nouveau piano forte construit par l’arrageois Wagner (1823) ; évaluer un procédé de perfectionnement des briques réfractaires (1828) ; évaluer les progrès des élèves du cours de géométrie appliquée aux arts et métiers de M. Granotzi (1828).

C’est encore à lui que l’Académie fait appel pour évaluer les mémoires traitant de questions de physique théorique ou pratique : Lettre de M. Vène sur le calorique (1820) ; Dissertation de M. Vène sur l’identité des fluides et des forces chimiques, électriques et galvaniques (1820) ; Solution d’un problème de mécanique par M. Vène (1820) ; Considérations sur une anomalie que présentent les propriétés du calorique, d’un correspondant de Saint-Omer (1824).

Quand il n’est pas sollicité pour examiner les questions qu’on lui soumet, il peut relater ses propres expériences ayant trait à l’électricité (1825 et 1827) (voir ci-après ses publications dans les Mémoires de l’Académie d’Arras).

Son départ de l’Académie met fin à ce travail d’expert. Elle est la conséquence de la Révolution de 1830. Il donne sa démission, par lettre datée du 22 juin 1831, pour protester contre l’élection de Frédéric Degeorge en remplacement de l’abbé Herbet, démissionnaire lui aussi, sur le 3e fauteuil.

Il peut alors donner libre cours à ses talents d’inventeur.

Il perfectionne les procédés de la fantasmagorie [projections et animations sur écran de tableaux miniatures peints sur des plaques de verre ou bien gravés sur un support opaque] en faisant varier l’éclat de la lumière. Son ami Hallette confectionne à cet effet des tableaux mécaniques dont quelques-uns furent peints par Doncre. Il invente encore : une machine, à adapter sur les voitures, indiquant les distances parcourues ; un cadran d’intérieur indiquant la direction et la force du vent… Frappé par la maladie, il invente encore un instrument d’harmonie qui approchait les nuances de la voix humaine, et le fait tester par l’organiste Duhaupas, devant l’élite de la société artésienne. Dans les dernières années de sa vie, il invente deux moteurs électro-magnétiques, l’un rotatif, l’autre à balancier, qu’il fait breveter, et qu’il envisage de construire avec Hallette et Buffet de Billemont son successeur. Sa mort coupe court à l’expérience.

Il est le père du célèbre historien et archéologue amateur Auguste Terninck.

Publications dans les Mémoires de l'Académie d'Arras

Expérience électrique tendant à prouver en faveur du système de deux fluides, vitré et résineux, MAA, 1ère série, t. VIII (1825), p. 100-101.

Note sur un effet produit par de petites quantités de fluide électrique, MAA, 1ère série, t. X (1827), p. 223-225.

Sources                                 

État civil : naissance AD 59, Bailleul/B [1777-1796] - 5 Mi 032 R 003, p. 58/1158 ; mariage, AD 62, 5 MIR 041/43, p. 781/1405 ; décès AD 62, 5 MIR 041/55 p. 818/1325.

CARDEVACQUE Alphonse de, « Voyage autour de mon fauteuil à l’Académie d’Arras », Mémoires de l’Académie d’Arras, 2e série, t. XIV (1883), p. 263-273.