Planches (Orne) 23.11.1824 - Paris (7e) 02.10.1917. Professeur honoraire d’anglais, devenu historien d’Arras et de l’Artois médiéval

Membre honoraire de l’Académie d’Arras en 1881, il est élu en 1890 pour succéder à Hippolyte Gardin sur le 5e fauteuil. Mais il ne réside pas à Arras. Il est remplacé en 1893 par le chanoine Ildefonse Hervin.

 

Fils de Théodore Henri Guesnon, instituteur à Planches, et de Rosalie Deriot, il fait toutes ses études au collège d’Argentan, et débute dans l’enseignement comme professeur de langues au collège de Valognes en 1845, puis à celui de Saint-Lô en 1850, avant d’être nommé au collège d’Arras en septembre 1851. Son séjour arrageois est marqué dès le début par le décès, à quelques jours d’intervalle, les 24 et 27 janvier 1853, de son fils Georges Adolphe (âgé de 15 jours) et de sa jeune épouse, Delphine Thorel, trois jours plus tard. Il l’avait épousée le 20 avril 1852 à Saint-Hilaire sur Risle (Orne). Il se remarie deux ans plus tard à Arras, le 13 août 1855, avec Clémentine Camus.

Il poursuit sa carrière d’enseignant au lycée de Rennes en 1862, et la termine au lycée de Lille de 1865 à 1889. À Lille il est aussi chargé par la municipalité de diriger les cours publics de langue étrangère à l’Hôtel de ville, d’octobre 1872 à octobre 1891. À la fin de l’année 1891 il s’installe définitivement à Paris.

Il fait cependant partie du groupe d’érudits devenus historiens d’Arras au XIXe siècle qu’Odile Parsis-Barubé appelle « les historiens laïques d’origine roturière » pour les distinguer des érudits issus des familles aristocratiques locales et des clercs. Sa passion pour les recherches historiques médiévales liées au passé d’Arras, s’appuie sur sa maîtrise du latin et du grec et se manifeste par ses premières publications dans les deux dernières années de son séjour arrageois (1860-1861). Il la met en sommeil pendant ses années d’enseignement à Rennes et à Lille. Elle s’exprime d’une manière fructueuse et continue, dès sa retraite en 1889, et jusqu’à sa mort en 1917, bien qu’il résidât à Lille puis à Paris. Il se spécialise dans l’historiographie documentaire, l’épigraphie et la sigillographie.

Son élection à l’Académie d’Arras comme membre honoraire d’abord, en 1881, puis comme résidant en 1890, est une juste reconnaissance de ses mérites. Mais il ne peut honorer les engagements qu’elle implique, il n’est jamais « reçu » et il est remplacé dès 1893. Il a néanmoins donné à l’Académie des communications qui ont été imprimées.

Il était aussi membre de la Commission départementale des monuments historiques du Pas-de-Calais depuis 1888.

Pour Georges Besnier, il a été « le plus éminent érudit de l’Artois, n’ignorant rien des documents concernant l’histoire de nos institutions, de nos trouvères, de nos monuments, de nos bourgeois, de la vie économique de notre Cité auquel il n’a manqué que d’être moins sévère de soi-même pour être l’égal des plus grands ».

Officier de l’Instruction publique le 1er janvier 1883.

Chevalier de la Légion d’honneur le 2 avril 1912 au titre du ministère de l’Instruction publique.

Lauréat de l’Institut (Académie des Inscriptions), lauréat du prix Lagrange, novembre 1903.

Sources

État civil : naissance, AD Orne, 3E2_330_3, p 91/298 ; son premier mariage, AD 61, 3E2_406_13, p. 93/141 ; son second mariage : AD 62, 5 MIR 041/46, p 958/1326 ; décès AD 75, (7e), 7D156, p. 30/31 ; naissance de sa première épouse, AD 61, 3E2_406_6, p. 6/115 ; décès de sa première épouse AD 62, 5 MIR 041/56, p. 1311/1318.

Légion d’honneur : LH 1224/38.

PARSIS-BARUBÉ Odile, « Des historiens dans la ville : structure et représentations du groupe chez les érudits arrageois du XIXe siècle », Mémoires de l’Académie d’Arras, 6e série, t. III (2000).

TIERNY Paul, « Rapport sur les travaux de M. Guesnon », AD62, collection Rodière, C 380.

Publications dans les Mémoires de l’Académie d’Arras

Le cartulaire de l’évêché d’Arras, manuscrit du XIIIe siècle, avec addition jusqu’au milieu du XVIe siècle, analysé chronologiquement, MAA, 2e série, t. XXXIII (1902), p. 165-323.

Réponse au discours de réception de M. Louis Blondel (29 juillet 1897), MAA, 2e série, t. XXVIII (1897), p. 243-257.

Le véritable hôtel de Séchelles, chef-lieu de la Seigneurie de Ronville, MAA, 2e série, t. XXVII (1896), p. 185-239.

Les origines d’Arras et de ses institutions, MAA, 2e série, t. XXVI (1895), p. 183-260.

Autres publications

La satire à Arras au XIIIe siècle, 1917.

Adam de la Halle et le Jeu de la feuillée, 1916.

Un collège inconnu des Bons enfants d’Arras à Paris du XIIIe au XVe siècle, 1915.

La Confrérie de Saint-Georges et les portraits du musée d’Arras, 1913.

La Confrérie des jongleurs d’Arras et le tombeau de l’évêque Lambert, 1913.

Me Nicolas Gosson, avocat, décapité à Arras en 1578, 1911.

Excursion historique à travers Arras. I-II. De la porte Saint-Michel au pont Saint-Vaast, 1910

Le Hautelisseur Pierre Feré, d’Arras, auteur de la tapisserie de Tournai (1402), 1910

La collection de sir Thomas Phillipps et les archives communales d’Arras, 1909.

Publications nouvelles sur les trouvères artésiens, notices biographiques, textes et commentaires, 1909.

Le Rietz de Saint-Sauveur [Arras] et sa légende, communication faite à la commission des monuments historiques, 1908

La surprise d'Arras tentée par Henri IV en mars 1597 et le tableau de Hans Conincxloo, 1907.

La famille d'Étienne Marcel, 1250-1397, 1904

Le cartulaire de l’évêché d’Arras, ms.du XIIIe siècle avec additions successives jusqu’au milieu du XVIe siècle, analysé chronologiquement, 1902.

Une édition allemande des chansons d’Adam de la Halle, 1902.

Nouvelles recherches biographiques sur les trouvères artésiens, 1902.

Le petit auditoire d’Arras et son scel aux causes, 1901.

Le registre de la confrérie des jongleurs et des bourgeois d’Arras, 1900.

La chandelle d’Arras, 1899.

Introduction au Livre rouge de la Vintaine d’Arras, 1898.

Documents inédits sur l’invasion anglaise et les États au temps de Philippe VI et de Jean le Bon, 1898.

La trésorerie des chartes d’Artois avant la conquête française de 1640, 1896.

Un cartulaire de l’abbaye de Saint-Vaast d’Arras, codex du XIIe siècle, 1896.

Les origines d’Arras et de ses institutions, 1896.

L’atelier monétaire de la comtesse Mahaut d’Artois en 1306, 1896.

Recherches biographiques sur les trouvères artésiens, 1894.

Réplique à l’auteur des « Tapisseries d’Arras » [Van Drival] au sujet de sa dernière brochure, 1884.

Décadence de la tapisserie à Arras depuis la seconde moitié du XVe siècle, 1884.

Sigillographie de la ville d'Arras et de la cité, précédé d'un essai sur les sceaux de la commune, 1865.

Planches du catalogue des mss. de la bibliothèque de la ville d’Arras, 1860.

Statuts et règlements de la confrérie des jongleurs et bourgeois d’Arrasaux XIIe, XIIIe et XIVe siècles, 1860.

Inventaire chronologique des chartes de la ville d'Arras. Documents, slnd.

Michel Beirnaert