Timothée CORNILLE
Timothée CORNILLE

Arras 14.09.1788 – Warlus 20.02.1861. Avocat libéral devenu magistrat, président du tribunal civil d’Arras, député à la Constituante de 1848, maire de Warlus en 1861.

Élu en 1819 pour succéder à Aimé Burdet sur le 26e fauteuil, il est pendant trente-huit ans, de 1821 à 1859, secrétaire de l’Académie. Il se retire à Warlus en 1859 et quitte l’Académie. Nommé membre honoraire, il est aussitôt remplacé par Auguste Wicquot.

Il est le fils d’Antoine Louis Joseph Albert Cornille, négociant, conseiller de préfecture de 1800 à 1815, chevalier de la Légion d’honneur, et de Brigitte Louise Adélaïde Dehay.

Il fait ses études au lycée Charlemagne à Paris et, après avoir achevé son droit, revient s’établir à Arras comme avocat en 1812.
Il épouse à Amiens le 22 décembre 1821, une jeune veuve, Flore Victoire Rivery.

Sous la Restauration, après avoir fait prudemment allégeance en 1823 au nouveau roi Charles X, au nom de l’Académie, il ne tarde pas à prendre ses distances avec la politique réactionnaire du gouvernement. Il met son talent d’avocat au service des libéraux, défendant plusieurs accusés politiques devant les cours prévôtales, les conseils de guerre, les tribunaux et la cour d’assise. Il s’affirme ainsi comme l’un des grands libéraux arrageois.

Comme Frédéric Degeorge et Charles Leducq , il est affilié à la loge l’Espérance.

Il participe en janvier 1830, avec Degeorge, Dudouit, Bénard et Hallette, au banquet réformiste organisé à Arras à l’hôtel de l’Europe par le Propagateur du Pas-de-Calais. Puis, bâtonnier du barreau d’Arras, il proteste énergiquement contre les ordonnances de juillet 1830. Il fait partie avec Corne de Brillemont, Degeorge, Crespel-Delisse, et Guillaume Lenglet, de la Garde Nationale prête à prendre les armes le 31 juillet 1830. Il est l’un des signataires de la lettre de protestation contre la nomination à la préfecture des Vosges du conseiller de préfecture Claude Bergé de Vasseneau qui vient d’être chassé d’Arras.

Son implication en faveur du nouveau régime lui vaut d’accéder à la magistrature et sa nomination à la présidence du tribunal d’Arras en août 1830. Après le grand nettoyage du conseil de préfecture qui évince Constantin de Hauteclocque, Claude Bergé de Vasseneau et George De Beugny d’Hagerue, il est nommé conseiller de préfecture le 6 septembre 1830, en même temps que Charles Goudemetz de Neuville et Louis Harbaville. Il conserve toute son indépendance et représente l’opposition au sein du conseil municipal d’Arras at au conseil général du Pas-de-Calais.

Le 23 avril 1848, il est élu représentant du peuple à l’Assemblée constituante par un vote presque unanime des électeurs du département du Pas-de-Calais. Membre du comité des cultes, il vote avec le parti du général Cavaignac. Après l’élection présidentielle du 10 décembre 1848 il affiche une opposition modérée au gouvernement impérial. Il n’est pas réélu membre de l’Assemblée législative le 13 juin 1849.

Il termine sa longue carrière de magistrat en 1859 et se retire à Warlus dont il devient maire en 1860.

Élu à l’Académie en 1819 et nommé secrétaire presqu’aussitôt, en 1821, il a rempli sa mission pendant plus de 30 ans, sous neuf présidents différents, jusqu’à son départ en 1859, se montrant toujours homme de conciliation. Il assure la continuité de l’Académie, à travers les crises liées aux changements de régime (démissions et départs en 1830, 1848, 1852…)

Selon Lecesne, il fut « un avocat habile, un magistrat consciencieux, un politique intelligent, un administrateur capable et un homme de lettres éclairé… »

Publications dans les Mémoires de l'Académie d'Arras

Historique de l'Académie d'Arras, MAA, 1ère série, t. XVI (1835), p. 7-19.

Paroles prononcées sur la tombe de M. Sallentin, MAA, 1ère série, t. XIV (1833), p. 201-203.

Rapport sur les travaux de la société, MAA, 1ère série, t. X (1827), p. 10-25.

Rapport sur les travaux de la société, MAA, 1ère série, t. IX (1826), p. 8-29.

Rapport sur les ouvrages envoyés au concours, MAA, 1ère série, t. VIII (1825), p. 9-38.

Rapport sur les travaux de la société, MAA, 1ère série, t. VII (1824), p. 10-36.

Rapport sur les travaux de la société, MAA, 1ère série, t. VI (1823), p. 8-38.

Rapport sur les travaux de la société, MAA, 1ère série, t. V (1822), p. 8-32.

Rapport sur les travaux de la société, MAA, 1ère série, t. IV (1821), p. 10-28.

Sources

État civil : mariage, AD 80, 5 MI D 168, p. 167/182 ; décès : AD 62, 5 MIR 878/2-Warlus, p. 641/754.

PILOT Robin, Prosopographie des notables de l’arrondissement d’Arras sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, (1814-1848), Mémoire de master 1 Histoire, sous la direction d’Olivier Tort, Université d’Artois, 2022.

HAUTECLOCQUE Gustave de, La seconde Restauration dans le Pas-de-Calais, Mémoires de l’Académie d’Arras, 2e série, t. XXXVII (1906), p. 255-476 ; t. XXXVIII (1907), p. 57-256 ; t. XXXIX (1908), p.47-251 ; t. XL (1909), p. 7-172 ; t. XLI (1910), p. 26-140 ; t. XLII (1911), p. 7-208

LECESNE, « Paroles prononcées sur la tombe de M. Cornille », Mémoires de l’Académie d’Arras, t. XXXIII (1861), p. 299-302.

Michel Beirnaert