Arras 27.02.1759 – Béthune 09.06.1823. Avocat au Conseil d’Artois et poète, un des fondateurs des Rosati.

Reçu le 7 janvier 1786 pour succéder au baron Eugène-Armand Blocquel de Wismes sur le 10e fauteuil il est le dernier titulaire de ce fauteuil avant la Révolution. Louis Crespel-Delisse est élu en 1817 pour lui succéder. 

Né dans une famille d’artisans et de petits commerçants, après de brillantes études à l’université de Douai, il est reçu, en tant qu’avocat au Conseil d’Artois en 1783. Il est nommé, commissaire du roi au tribunal de Saint-Pol en octobre 1790. Son opportunisme lui permet une carrière régulière sous la Révolution et l’Empire. Resté à Saint-Pol en tant que juge, il est ensuite nommé à Arras, puis au tribunal civil du département siégeant à Saint-Omer. Pendant la Terreur il accepte en 1794 le rôle compromettant d’assesseur au Tribunal révolutionnaire d’Arras où il fait preuve de modération. Le Directoire ne lui en tient pas rigueur puisqu’il le nomme commissaire auprès des tribunaux civils et criminels du Pas-de-Calais. Sous l’Empire, il est commissaire du gouvernement au tribunal de première instance de Béthune. Il paye le prix de ses engagements révolutionnaires sous la Restauration, rétrogradé comme simple juge d’instruction. Il y termine sa carrière et y décède en 1823.

Il a épousé Catherine Magnier dont il a deux fils, tous deux devenus proviseurs de lycée.

En parallèle à sa carrière d’avocat puis de magistrat, il écrit des poèmes et publie en 1786 Mes Souvenirs, puis Opuscules poétiques. Son premier recueil bénéficie d’une épigraphe de Lazare Carnot :

Heureux qui, dans ses vers, fixant de sa jeunesse

les chagrins passagers, les fugitifs plaisirs

se ménage de loin, pour charmer sa vieillesse

la ressource des souvenirs.

Il reste surtout connu comme l’un des fondateurs des Rosati.

Le 12 juin 1778, partis de bonne heure le long de la Scarpe, neuf jeunes gens âgés de 17 à 28 ans, étudiants en droit ou avocats, font une halte à Blangy dans un jardin fleuri, dînent et boivent joyeusement. Chacun y va de son poème et Le Gay, sortant de ses poches des myriades de pétales de roses, les répand et s’écrie : Amis, qu’un si beau jour renaisse tous les ans et qu’on l’appelle la fête des roses. Les Rosati, anagramme d’Artois, viennent de naître. Le Gay est le principal animateur de la société anacréontique et c’est encore lui qui, en 1800, tente de redonner vigueur aux Rosati d’Artois dont les débuts sont concurrencés par la création en 1797 des Rosati de Paris. C’est aussi à Le Gay que l’on doit, en 1812, sur Jacqueline et Colas, les deux géants d’Achicourt, une chanson qu’il écrit pour la fête d’Arras et qui inaugure la coutume d’une création annuelle.

Le secrétaire perpétuel de l’Académie d’Arras, Alexandre-Xavier Harduin (1718-1785), avec qui Le Gay est très lié et qui l’a beaucoup encouragé l’introduit à l’Académie.

Notons que le musée d’Arras a acquis en 1989 le portrait présumé de Le Gay par François-Joseph Langlé (1764-1828) qui le représente tenant de la main droite le code civil et de l’autre, une rose, symbole de son attachement aux Rosati.

Sources

DUMONT M. , « Le Gay », Dictionnaire de biographie française, 2009, p.898-899.

OTT Jean, Sous le signe de la Rose, t. II, Paris, 1934.

CAUDRON Louis, Histoire des Rosati du vingtième siècle.

ARNAULT et alii, « Le Gay », Biographie nouvelle des contemporains, XI (1826), p. 256-257.

Gérard Devulder