Perpignan (Pyrénées Orientales) (Saint-Jacques) 08.09.1789 - Arras 26.11.1856. Avocat au barreau d'Arras, ami de Frédéric Degeorge.

Élu en 1832 pour succéder à Auguste Toursel sur le 29e fauteuil ; il est remplacé en 1857 par Louis Watelet de La Vinelle.

Fils de Pierre Philippe Branly et de Françoise Josèphe Luez, frère ainé de Jean-Jacques Louis Branly. Les deux frères sont autorisés à substituer à leur nom de Branly celui de Luez (nom de leur mère) par l’ordonnance royale du 19 mars 1817.

Antoine Philippe Branly est né à Perpignan où son père, natif d'Aire-sur-la-Lys, militaire, tambour-major au régiment de Lorraine, est en garnison en 1789. Ballotté d’un lieu à l’autre au gré des changements de garnison de ses parents, il habite Arras avec sa mère et son frère quand son père meurt à Breda (République batave) en janvier 1798. Sa mère se remarie à Arras le 8 août 1800 avec un officier de santé divorcé, Jacques François Cuvillier.

C’est à Arras qu’Antoine Philippe fait ses études au collège où il affirme un goût prononcé pour les lettres et la poésie. Après quoi, en 1806, à dix-sept ans, sans situation et sans appui, il suit le modèle familial et s’engage dans l'armée. Devenu sous-officier au 12e régiment d’infanterie légère, il est envoyé en Hollande en 1809, avec « l’armée de la tête des Flandres » levée à la hâte pour repousser le débarquement anglais dans l’île de Walcheren (juillet-août 1809). Sa santé s’altère après y avoir contracté la fièvre des polders, et il est réformé en 1810. Pendant le bref temps où il est soldat, il a pu rencontrer le peintre David et fréquenter son atelier.

Revenu à Paris pour entreprendre des études de droit de 1810 à 1814, il développe sa passion pour les arts, en se faisant admettre dans la familiarité du poète et académicien Jacques Delille et de l'écrivain Pierre François Tissot. Sa licence de droit en poche, il revient à Arras où il s’inscrit au barreau et débute "avec éclat" le métier d’avocat qu’il pratiquera jusqu’à ce que la maladie l’en empêche.  

Lors des Cent Jours (mars-juin 1815), il est nommé officier de la Garde nationale d'Arras, ce qui lui vaut, après Waterloo et la seconde Restauration, d’être en butte quelque temps à l’hostilité de l’élite légitimiste arrageoise. Il se refait un nom en 1818, en prenant le patronyme de sa mère, et s’appelle désormais Luez. Il épouse Émélie Ernestine Leuillieux le 30 octobre 1823 à Saint-Omer ; son frère cadet, officier de santé à Saint-Omer, signe comme témoin. Le couple a une fille, Charlotte, née à Arras le 14 août 1824.

Au barreau, il se livre avec zèle à sa profession, faisant sienne toute cause qui lui était confiée. Et peu à peu, il s'insère avec succès dans la "bonne" société arrageoise. En 1826, il est vice-président, dès sa création, de la société philharmonique d'Arras dont le maire, le baron de Hauteclocque, est président, et le négociant Michel Bénard, adjoint au maire, le secrétaire. Pendant près de dix ans, il contribue à répandre le goût de l’art musical parmi ses concitoyens.

Quand l'opinion se divise à propos de la politique réactionnaire du gouvernement à partir de 1828, Antoine Luez « qui professait une sorte de culte pour la démocratie », se met avec enthousiaste au service de Frédéric Degeorge qui a pris la tête du parti libéral arrageois. Il défend notamment les prévenus traduits devant le tribunal correctionnel pour actes anti-gouvernementaux. C’est ainsi qu’il va jusqu’en cour de cassation pour faire acquitter les sœurs Rommel, mercières, poursuivies en novembre 1829, à la demande du maire, le baron de Hauteclocque, pour avoir mis en vitrine dans leur boutique de la rue Saint-Aubert des foulards de propagande bonapartiste, considérés comme « objets séditieux ». 

Ce n’est qu’après la révolution de 1830 que l’Académie d’Arras, profondément renouvelée après la démission des plus ardents légitimistes de ses membres, l’admet en son sein pour ses talents artistiques et littéraires. Elle y avait reçu Frédéric Degeorge quelques mois plus tôt. Il y siège vingt-quatre ans, et rédige le rapport sur les concours de poésie des années 1833, 1834, 1835, 1843 et 1847.

La révolution de 1848, à laquelle il se rallie avec ardeur, le porte aux fonctions de conseiller de préfecture du Pas-de-Calais, secrétaire général. Mais il est écarté en octobre 1850, quand le président Louis Napoléon Bonaparte renvoie le gouvernement Barrot, trop républicain à son goût, pour former à la place un ministère de partisans qui dépend davantage de son autorité.

Revenu à la vie privée, Luez retourne au barreau et se livre de nouveau « à la culture des lettres », s’employant notamment à écrire l’histoire de la musique dans la ville d’Arras.

La maladie l’emporte à l’âge de soixante-six ans.

Pour ceux qui l'ont connu, Luez a laissé le souvenir d'un honnête homme, d'un commerce sûr, obligeant et plein d'aménité.

 

Publications dans les Mémoires de l’Académie d’Arras

Notice nécrologique sur F. DegeorgeMAA, 1ère série, t. XXXVIII (1856), p.107

Rapport sur le concours de poésie de 1851, MAA 1ère série, t. XXV (1851), p.50-56

Rapport sur le concours de poésie de 1846, MAA 1ère série, t. XXIII (1846), p.397-409.

Rapport sur le concours de poésie de 1843, MAA 1ère série, t. XXI (1844), p.19-61.

Discours prononcé au convoi funèbre de M. Letombe, architecte du département du Pas-de-Calais, MAA 1ère série, t. XVI (1835), p.245-249.

Rapport sur le concours de poésie de 1834, MAA 1ère série, t. XV (1834), p.10-46.

Rapport sur le concours de poésie de 1833, MAA 1ère série, t. XIV (1833), p.26-34.

 

Sources

État civil : naissance, AD 66, 9 NUM112EDT 989_991, p. 120/188 ; mariage, AD 62, 5 MIR 765/48, p.644/1313 ; décès, AD 62, 5MIR 041/57, p. 497/1324.

HAUTECLOCQUE Gustave de, "La Seconde Restauration dans le Pas-de-Calais", Mémoires de l'Académie d'Arras, 1906-1911.

PARENTY Auguste, « M. Luez », in "Nécrologie", Annuaire administratif et statistique du Pas-de-Calais pour 1857, p. 399-400.

BILLET Henri, "Discours prononcé le 28 novembre 1856 sur la tombe de M. Luez, avocat", Mémoires de l'Académie d'Arras, 1ère série, t. XXXVIII (1856), p.125 à 130.

Agnès et Gérard Devulder