Paris 13.05.1773 - Paris 12.12.1854. Ingénieur géographe, membre de la commission royale de la nouvelle carte de France, vérificateur en chef du cadastre.

Élu en 1818 pour succéder au baron Jean-Baptiste Curto sur le 25e fauteuil; il est remplacé en 1830 par Émile Brégeaut.

Fils de Nicolas Lesueur et d’Angélique Chauvin, il épouse Anne Victoire Aubry à Paris le 30 janvier 1805.

Au cours de ses études au collège Mazarin à Paris, il est plusieurs fois lauréat au grand concours de l’Université. En 1790, il s’engage dans la marine ; rattaché aux ports de Brest et de Rochefort, il participe à plusieurs campagnes en mer. Profitant de ses loisirs, il perfectionne ses connaissances en mathématiques qui lui permettent d’être reçu au concours de l’École polytechnique dès sa création, en 1794, et de quitter la marine.

En 1800, il sert dans l’armée de Bonaparte en Italie, comme secrétaire du général Boudet dont la division joue un rôle essentiel dans la bataille de Marengo le 14 juin 1800. Apprécié de son chef pour sa capacité à s’acquitter de difficiles missions de reconnaissance et pour ses qualités d’homme de cœur, il en devient l’ami intime, au point que, plus tard, en 1809, Boudet, sur son lit de mort, lui demande de prendre soin de sa famille, mission dont Lesueur s’acquittera fidèlement.

Revenu en France en 1803, il reprend ses études et reçoit en 1804 la mission de créer le cadastre dans le département du Puy-de-Dôme. Arrivé à Clermont sans collaborateur, il y crée un corps de géomètres, et dresse une carte départementale du Puy-de-Dôme. Il effectue dans les montagnes d’Auvergne de précieuses études géologiques en compagnie du préfet Louis Ramond de Carbonnières, célèbre géologue et botaniste, et participe à de nombreux autres travaux : mesures pour le bureau des longitudes, calculs des tables astronomiques, invention d’appareils de géodésie.

Rallié à Napoléon pendant les Cent-Jours, il est victime des purges de la seconde Restauration et destitué en 1816. Sans fortune et père de famille, il envisage de partir aux États-Unis pour y poursuivre ses travaux.

C’est alors, en 1818, qu’il est nommé à la commission chargée d’établir les bases de la nouvelle carte de France devenue depuis la carte de l’état-major. Il y est chargé de coordonner les travaux des géomètres du cadastre avec ceux exécutés par les ingénieurs géographes militaires. Cette nomination coïncide avec celle d’ingénieur vérificateur du cadastre du Pas-de-Calais à Arras.

L’Académie d’Arras le reçoit immédiatement dans ses rangs.

Classé au premier rang de tous les ingénieurs du cadastre, il est nommé géomètre en chef du cadastre du Pas-de-Calais le 10 mars 1821, et reçoit la Légion d’honneur le 28 avril 1821. Les premiers travaux de cadastrage depuis 1807 avaient été médiocres, la tâche de Lesueur dans le Pas-de-Calais est immense. Il est responsable de la délimitation des communes et de la division de leur terroir en sections, de leur triangulation, de la levée du plan parcellaire, du calcul des contenances, du tableau des propriétés et des propriétaires, de la réalisation des atlas et tableau d’assemblage … Sous la responsabilité des préfets Siméon (1818-1824) et Blin de Bourdon (1824-1830), il visite à fond le département, organise un corps de géomètres, active les travaux pour parvenir à une meilleure péréquation de la contribution foncière. Il doit batailler aussi contre les inévitables opposants des mesures décidées et les lourdeurs administratives. Il mène à bien la tâche qui lui a été confiée.

Membre de l’Académie d'Arras durant plus de vingt ans, il y est assidu et présente plusieurs mémoires dont deux ont été publiés : en 1824, un rapport sur une nouvelle méthode de bornage et en 1834, un rapport sur une machine à diviser les instruments mathématiques qui avait été inventée par un habile instituteur d’Achicourt.

Quand il quitte la fonction publique, Lesueur crée une sucrerie au hameau de Saint-Nicolas, à Buigny-Saint-Maclou, en limite d'Abbeville. À la fermeture de son entreprise, son fils Victor-Nicolas conserve les lieux et y crée une manufacture. Lesueur se retire à Paris où « il continue encore et toujours ses études ».

« Ami du progrès, partisan des idées démocratiques, citoyen vertueux, il souffrait de voir souvent placés à des postes de responsabilité des hommes intéressés, manquant de persévérance, n’hésitant pas à recourir à la vénalité des consciences ».

Atteint d’une fièvre typhoïde, il s’éteint à son domicile parisien le 12 décembre 1854.

Publications dans les Mémoires de l’Académie d’Arras

Rapport sur une nouvelle méthode de bornage, MAA, 1ère série, t. VII (1824), p. 197-210.

Rapport sur une machine à diviser les instruments de mathématiques, de M. Haultcoeur, instituteur à Achicourt (près Arras), MAA, 1ère série, t. XIV (1833), p. 43-56.

Sources

État civil : mariage de Victor-Nicolas : AD 80, 5MI D533, p. 65/575.

Base Léonore : LH/2789/16

BILLET , « Notice dur M. Lesueur », Mémoires de l’Académie d’Arras, t .XXVIII (1855), p.179-194.                                               

Agnès et Gérard Devulder