Fernand LENNEL
Fernand LENNEL

Ault (Somme) 25.01.1867 - Arras 07.04.1926. Agrégé de philosophie, docteur ès lettres, professeur de philosophie et d’histoire.

Élu le 27 octobre 1910 pour succéder à Paul Laroche sur le 18e fauteuil  ; ayant quitté Arras, il démissionne le 25 avril 1920, et il est remplacé le 15 juillet 1921 par Fernand Anselin. De retour à Arras au printemps 1923, il est désigné sans scrutin, conformément aux statuts, pour occuper le siège vacant, celui du maire d'Arras, Victor Leroy, décédé, sur le 16e fauteuil. Il est remplacé par le docteur Auguste Béhague en 1927.

Fils de Fuscien-Joseph-Alexandre Lennel serrurier, et de Célie-Mathurine Latteux, ménagère, il fait ses études classiques au petit séminaire de Saint-Riquier, puis prépare une licence de lettres à la faculté de Lille, qu’il finance en travaillant comme maître auxiliaire au lycée de Douai. Licencié ès lettres, il épouse Céline Boilly à Lille le 22 mars 1890, avant d’être nommé professeur au collège d’Avallon. Il y prépare un diplôme d’études supérieures d’histoire et de géographie pour lequel il soutient en 1896 un mémoire intitulé Géographie physique et ethnographique du Morvan.

Immédiatement après, en octobre 1896, il est nommé professeur de philosophie au collège de Calais. Il se lance alors dans un long et fructueux travail de recherche sur l’histoire de Calais en vue d’un doctorat de lettres qu’il soutient à Lille le 22 juin 1909. Il en résulte en 1909, Calais au Moyen Âge, des origines au siège de 1346, fruit de sa thèse principale et Instruction primaire dans le département du Nord pendant la Révolution. Sans attendre d’avoir soutenu sa thèse, il a déjà commencé à publier à partir de 1904, un imposant monument iconographique : Calais par l'image en trois tomes qui est perçu comme une véritable innovation.

Après la soutenance de sa thèse, il est nommé à la rentrée de 1909, professeur d’histoire et de philosophie au collège d’Arras. Élu à l’académie, pour succéder à Paul Laroche décédé en juillet 1909, il est reçu le 27 octobre 1910, et il en devient bibliothécaire en 1911.

Il est par ailleurs actif au Cercle des Rosati d’Arras ; en 1912, il préside la fête d’été et dirige ce Cercle pendant deux ans.

Toutefois il est toujours occupé par ses travaux antérieurs : il achève en 1911 et 1913, la publication de ses travaux sur Calais : Histoire de Calais en deux tomes. Il prépare un troisième volume consacré à l’activité économique et sociale de Calais au Moyen-Âge, quand la guerre survient. Mais les bombardements détruisent sa maison et son cabinet de travail et il croit perdre tous ses documents. Ce troisième volume, bien que largement esquissé, ne paraîtra jamais.

Libéré de toute obligation militaire depuis 1913, il n’est pas concerné par la mobilisation générale d’août 1914. Mais il tient à jouer un rôle à son niveau. En septembre 1914, quand les troupes françaises se replient, il contribue à l’organisation d’une ambulance improvisée dans l’École normale pour accueillir les premiers blessés qui affluent du front de Belgique. Quand brûle le Palais Saint-Vaast bombardé, les 5 et 6 juillet 1915, il participe avec Edmond Morel et Lavoine au sauvetage des plus précieux manuscrits de la bibliothèque en flammes. Mais quand sa maison à son tour est détruite, il doit se résoudre à quitter la ville. Il se réfugie à Angers où il retrouve immédiatement un poste. Outre l’enseignement, il y organise à son domicile, avec son épouse, un actif comité des réfugiés, au bénéfice en particulier des Artésiens.

À l’issue de la guerre, en 1919, il est nommé professeur au lycée de Douai.

Admis à la retraite le 1er octobre 1923, il revient à Arras, où il réintègre également les Rosati. L’Académie lui propose le siège laissé vacant par le décès de Victor Leroy. Il retrouve dans les décombres de sa maison une partie des documents qu’il croyait perdus depuis 1915, mais il renonce à poursuivre ses travaux antérieurs. Il s’attache surtout avec Georges Besnier, dont il est devenu l’adjoint, à reconstituer le fonds de la bibliothèque municipale ; il innove en établissant un catalogue sur fiches, plus pratique que les anciens registres qui sont abandonnés.

Lors de son décès, un hommage tout particulier lui est rendu. Son successeur, le docteur Auguste Béhague, et  Henri Dupret qui avait été un temps son collègue, soulignent son étonnant dynamisme et sa force de travail.  

Publications dans les Mémoires de l’Académie d’Arras

Discours de réception le 27 octobre 1910, MAA, 2e série, t.  XLI (1910), p.308-318.

Rapport sur le concours d’histoire 1911, MAA, 2e série, t.  XLII (1911), p.390-401.

Rapport sur le concours d’histoire 1912, MAA, 2e série, t.  XLIII (1912), p.261-272.

Le pessimisme dans la littérature contemporaine, MAA, 2e série, t.  XLIV (1913), p. 73-107.

Arras en 1773, MAA, 3e série, t. III (1924), p. 161-174.

Réponse au discours de réception de M. Louart, MAA, 3e série, t. III (1924), p. 233-246.

Réponse au discours de réception de M. Poiret, MAA, 3e série, t. IV (1925), p. 147-158.

 Publications

Calais au Moyen Âge, des origines au siège de 1346, thèse de doctorat, présentée à la Faculté des lettres de l'Université de Lille, 1909

Histoire de Calais. Tome 1 : Calais des origines à la domination anglaise. Tome 2 : Calais sous la domination anglaise. I : Les faits. Du siège de 1346 à la Reprise de la Ville par les Français en 1558, Calais, 1908-1910.

Instruction primaire dans le département du Nord pendant la Révolution, thèse de doctorat, présentée à la Faculté des lettres de l'Université de Lille, 1909

Géographie physique et ethnographique du Morvan, 1896

Calais par l'image, notices historiques ; tome 1 : Des origines de Calais à la fin de la domination anglaise (1558) ; tome 2 : De la reprise de Calais (1558) à la Révolution française (1789) ; tome 3 : De la Révolution française de 1789 à nos jours, 1906 ( réédité en 1996).

 Sources

État civil : mariage : AD59, 1MiEC350 r 142, p. 147/399.

Situation militaire : AD 80, 1R775, Lennel, matricule : Abbeville 1887/1040.

CAUDRON Louis, Histoire des Rosati du XXe siècle, 2004

SANTERNE Virginie, s/s la dir. de MONTANT J., La bibliothèque municipale d’Arras de 1784 à nos jours, Université d’Artois, 2002.

BÉHAGUE Auguste, Discours de Réception et DUPRET Henri, Réponse, MAA, 3e série, t. VIII, (1929), p. 49-85.

LESTOCQUOY Alfred, Allocution d’ouverture de la séance publique du 25 novembre 1926, MAA, 3e série, t. VI (1927), p. 153-154.

VILTARD Léonce, L’Académie d’Arras et le bombardement, MAA, 3e série, t. III (1924), p. 178.

LESTOCQUOY Alfred : Éloge funèbre de M. Lennel, Registre des procès-verbaux des séances de l’Académie, t. 1 (1919-1927), p.197-198.

Bulletin de la Société des professeurs d’histoire et de géographie de l’enseignement public, 1926, p.3.

JO, année 1926, n°319, 25 novembre 1923.

Grand-écho du Nord de la France, 2 juillet 1909, p.3

                                                                                               Agnès et Gérard Devulder