Solliès-Pont (Var) 09.01.1781 – Versailles 01.05.1853. Secrétaire général de la préfecture du Pas-de-Calais.

Élu en 1821 pour succéder à Pierre Dainez sur le 16e fauteuil. Académicien actif, il préside l'Académie en 1830. En 1832, nommé sous-préfet à Saint-Jean d’Angely, il doit quitter Arras. Sallentin, le principal du collège d’Arras lui succède à la présidence, et le procureur Charles de Warenghien sur le 16e fauteuil.

Il est le fils de Jean François Philis, propriétaire, et de Marguerite Simon.

Autodidacte, Jean Philis entre dans l’administration par la petite porte, et en gravit régulièrement les échelons, traversant sans encombre les régimes successifs du Directoire, du Consulat, du Premier Empire et de la Restauration. Commis greffier (1798-1802), puis secrétaire de la mairie de Solliès-Pont de 1802 à 1812, il devient chef de bureau à la préfecture du Var sous les ordres du préfet Siméon (1812-1818). Lorsque celui-ci est muté à Arras, Philis se laisse convaincre de l’y accompagner, et il devient chef de cabinet du préfet du Pas-de-Calais le 1er août 1818, puis secrétaire général de la préfecture le 6 septembre 1820. Le durcissement idéologique du régime monarchique depuis l’avènement du ministère Villèle lui est fatal : il est destitué par le ministre de l’Intérieur Corbière « à cause de ses principes constitutionnels ». Il est à noter que le préfet Siméon subit lui aussi la même disgrâce, révoqué le 1er septembre 1824 à cause de ses opinions politiques jugées trop libérales. Philis reste sans emploi dans la fonction publique jusqu’au 10 août 1830.

Il ne reste pas sans ressources. Les libéraux arrageois lui viennent en aide : il est embauché comme chef de la comptabilité par Alexis Hallette dans son importante usine de construction de machines. Il épouse Firmine Thérèse Solange Fournier à Arras le 21 mai 1825. Elle est « propriétaire » et fille de Pierre Fournier, entrepreneur de travaux publics, et de Victoire Sénéca. Alexis Hallette, « ami de l’époux », est témoin de leur union. Son autre témoin est François Hippolyte Constant Corne de Brillemont, propriétaire libéral et ami de Frédéric Degeorge, un des fondateurs du Propagateur.

C’est au cours de cette période qu’il est élu à l’Académie d’Arras et qu’il s’y emploie activement.

N’étant plus tenu au devoir de réserve des fonctionnaires, il s’implique dans la diffusion des idées libérales auprès de Frédéric Degeorge. Il dira d’ailleurs dans sa reconstitution de carrière en vue de la Légion d’Honneur : « Je porte cette période [1823-1830] bien précieuse pour moi dans mes services, parce que je crois que la Monarchie de Juillet doit me tenir compte des disgrâces et des pertes que j’ai éprouvées pour la défense des principes qu’elle a fait prévaloir et au triomphe desquels les hommes comme moi ont si puissamment concouru par leur conduite ferme autant que mesurée ».

Le changement de régime le remet en selle. Il est réintégré dans l'administration préfectorale au début du mois d’août 1830, et il joue le rôle de préfet provisoire du Pas-de-Calais du 10 au 29 août, en attendant la nomination du préfet Cahouet. Il est ensuite confirmé dans son poste de secrétaire général de la préfecture.  « J’ai conservé ce beau département dans l’ordre le plus parfait, malgré les difficultés sans nombre de ces premiers moments d’une Grande Révolution ». Il poursuit ensuite sa carrière. Nommé sous-préfet de Saint-Jean-d’Angély le 18 mai 1832 ; il est décoré de la légion d’Honneur le 2 avril 1837. Il est nommé à Péronne le 1er septembre 1837 et termine sa carrière conseiller de préfecture à Versailles à partir de 1841. Un décret du 17 mars 1853 prononce sa mise à la retraite. L’épreuve est rude et contribue peut-être à son décès le 30 avril, d’un probable accident vasculaire cérébral.

Avant de quitter Arras, dans le discours d’ouverture de la séance publique du 31 décembre 1831 qu’il prononce comme président, il résume sa conviction : « Les Lettres aiment la liberté ; sans la liberté, la pensée se comprime, s’altère et dégénère en une formule servile qui s’égare ».

Jean Joseph Philis est le père de Pierre Joseph Adalbert Philis (1831-1898), avocat, journaliste et homme politique.

Publications dans les Mémoires de l'Académie d'Arras

Discours d'ouverture de la séance publique du 23 décembre 1831, MAA, 1ère série, t. XIII (1831), p.1-5.

Rapport sur un mémoire adressé à la Société sur cette question : « Quelles sont les améliorations dont serait susceptible le régime des prisons du département du Pas-de-Calais », MAA, 1ère série, t. XII (1829), p.204-215.

Des canaux et des chemins de fer, MAA, 1ère série, t. X (1827), p. 202-217.

Rapport sur le sujet de morale : « Quel est le genre d’éducation la plus convenable aux femmes et la plus propre à les rendre aptes à leur destination de mère de famille », MAA, 1ère série, t. X (1827), p. 71-81.

Des monnaies obsidionales et de celles frappées à Mayence en 1793 et à Anvers en 1814, MAA, 1ère série, t. X (1827), p.194-201.

Physiologie végétale (de la durée des arbres et de celle de l'olivier en particulier), MAA, 1ère série, t. IX (1826), p. 199-207.

Réflexions sur les connaissances physiques des anciens et sur la marche des connaissances humaines en général, MAA, 1ère série, t. IX (1826), p. 190-198.

Rapport sur la question de statistique, MAA, 1ère série, t. IX (1826), p. 48-50.

Rapport concernant l'industrie, MAA, 1ère série, t. VI (1823), p. 197-209.

Sources

État civil : mariage, AD 62 5MIR 041/44, p 1031/1395

Base Léonore, LH//2142/42

FORTIN André, « Frédéric Degeorge, journaliste arrageois, 1828-1848 », Revue du Nord, année 1963, n°179, p. 323-348.

HAUTECLOCQUE Gustave de, « La seconde Restauration dans le Pas-de-Calais », Mémoires de l’Académie d’Arras, 2e série, t. XLI (1910)

BILLET Henri, « Notice nécrologique sur M. Philis, ancien secrétaire général de la Préfecture du Pas-de-Calais et ancien membre de l’Académie d’Arras, lue à la séance du 2 décembre 1853 », Mémoires de l’Académie d’Arras, 1ère série, t. XXVII (1854), p. 61-80.

Francis Perreau et Michel Beirnaert