Arras 20.02.1908 – Arras 31.10.1986. Musicien et critique d’art, fondateur et directeur du cercle culturel Noroît à Arras.

Élu le 7 février 1941 pour succéder à Jules Morel sur le 6e fauteuil Du fait de la guerre, il ne peut être reçu dans les formes habituelles. Secrétaire général de 1942 à 1949. Il est remplacé par Marie-Rose Millor-Rollin en 1987.

Léonce Petitot est passionné de musique, comme son père professeur de piano et organiste à l’église Notre-Dame des Ardents à Arras. Il entre à l’institution Saint-Joseph à Arras mais il est plus intéressé par le piano que par ses études. À la fin des années 1920, il est à Paris. Il est l’élève de Marguerite Long, soliste des concerts Pasdeloup, donne des récitals sur Radio Tour Eiffel, accompagne le violoncelliste Maurice Maréchal, côtoie le milieu artistique, notamment la famille de Lucette Descaves et découvre les peintres de Montmartre. Son oncle Louis-Hyacinthe Petitot, dominicain, professeur de théologie à l’École biblique de Jérusalem, pousse son neveu dans le sens d’une rigueur intellectuelle fondée sur la recherche approfondie de la connaissance et des valeurs authentiques. Il rencontre sa future épouse Marie-Paule Prophette (1912-1992) qui poursuit des études de cantatrice à la Scola Cantorum de Paris. En 1938, le couple s’installe à Arras pour fonder une école de piano et donner des concerts.

Mobilisé en 1940, prisonnier. Il est libéré en 1941. Il retrouve son domicile occupé en partie par des soldats allemands. Bientôt à la limite de l’illégalité, le couple présente des récitals commentés et des conférences qui constituent une forme de résistance, y faisant intervenir des personnalités de l’université de Lille, ainsi que l’abbé Jean Lestocquoy.  

Élu à l’Académie à son retour de captivité, Léonce Petitot en est, entre 1941 et 1944, le rapporteur du concours de composition musicale, et, de 1942 à 1949, le secrétaire général. Il y présente aussi plusieurs communications sur des thèmes en rapport avec la musique. Désireux d’être « témoin conscient de son temps », il mûrit le projet de ce qui deviendra « le centre culturel Noroit » , un lieu de rencontres et d’échanges, dans tous les domaines intellectuels et artistiques : philosophie, littérature, théâtre, musique, arts plastiques…

Pour ce faire, dès la Libération, il reprend contact avec ses amis parisiens, en quête de personnalités susceptibles de bien poser les interrogations du monde contemporain. Une complicité intellectuelle le lie aux journalistes du Monde : Hubert Beuve-Mery, Jacques Fauvet, Claude Julien qu’il consulte souvent et qu’il fait venir à Arras.

Les époux Petitot, dans un esprit éclectique, font découvrir intellectuels, philosophes, écrivains, historiens, artistes, souvent peu connus à l’époque : Françoise Dolto, Roland Barthes, Alfred Grosser, Alain Robbe-Grillet, Jacques Derrida, Paul Ricœur, Georges Brassens, Charles Trenet… À leur demande, Pierre Bourdieu organise deux colloques pluridisciplinaires (1964 et 1965). Pour faire découvrir l’art contemporain, il fait intervenir, dès 1948, Bernard Dorival, puis René Huyghe, André Chastel. En 1952, Antoine Goléa fait une conférence sur la musique concrète. En 1954, Marcel Mercenier et le quatuor Parrenin jouent des pièces de Schönberg, Bartok, Webern, Stockhausen, Martinet. En 1959 Pierre Schaeffer, fondateur du groupe de recherche musicales de l’ORTF, donne une conférence : Y-a-t-il du nouveau en musique ? De 1954 à 1958, à l’hôtel de ville, se tiennent, à son initiative, dans le cadre du Festival d’art dramatique, les Entretiens d’Arras : ils réunissent une vingtaine d’intervenants. Ces colloques sont publiés au CNRS sous la direction de Jean Jacquot. En 1956, Ionesco parle pour la première fois en public. Sa conférence au titre provocateur Pourquoi je n’aime pas le théâtre ? est suivie, en avant-première, de sa pièce La Leçon. Dans les années 1960, après avoir montré les œuvres de Hartung à Arras, il lance une grande exposition d’art contemporain : « L’aujourd’hui de demain », première manifestation collective d’importance de l’art cinétique. D’autres expositions suivent : Ladislas Kijno (1965), Alberto Magnelli (1966), Sonia et Robert Delaunay (1967), Jean Arp-Sophie Täuber (1968), Nicolas Schoeffer (1971).

Le rayonnement de Noroit dépasse Arras et touche la région minière proche : Lens, Béthune, Douai.

Léonce Petitot parvient à mobiliser les moyens qui lui permettent en 1975 d’inaugurer, en face de son domicile, un lieu permanent baptisé Noroît. L’architecte Paul Bossard crée sur quatre niveaux une architecture sobre et fonctionnelle, incluant un cinéma permanent classé Art et essai, tandis qu’un acousmonium est créé au quatrième niveau. « Noroit », que certains appellent le Beaubourg d’Arras, devient lieu culturel de référence.

En 1985, trois grandes expositions de peinture y sont présentées : Hans Hartung, Pierre Tal Coat et Robert Malaval, tandis que les expositions acousmatiques proposent plusieurs concerts et un large panorama de cette tendance musicale.

Léonce Petitot est un homme ouvert, respectueux de toutes les opinions, c’est aussi un chrétien. Parmi les intervenants qu’il invite, de nombreuses figures chrétiennes : le père Regamey : « L’art sacré : ni snobisme, ni démagogie » (1952), le père Dubarle : « La cybernétique, un machinisme nouveau et ses problèmes humains » (1956), René Rémond : « Les forces spirituelles face aux problèmes contemporains » (1961), Marc Oraison : « La régulation des naissances et l’Église » (1962), Henri Fesquet : « Où vont les églises ? » (1966) ... Toutes les conférences sont reprises par Marie-Paule Petitot et publiées dans la revue « Noroit ».

De 1969 à 1975, Léonce Petitot est directeur de l’Ecole nationale de musique d’Arras.

Publications dans les Mémoires de l’Académie d’Arras

Initiation à la bonne musique, MAA, 4e série (1941-1942), fascicule 1, p. 20-27

Trois autographes inédits de Ludwig Van Beethoven, MAA, 4e série (1941-1942), fascicule 2, p. 82-90.

L’originalité d’Adam de la Halle, MAA, 4e série (1943-1944), fascicule 3, p. 147-150.

Sources

50 ans de réflexion et d’action en art contemporain à Noroit, Arras 1990- Noroit, 45 ans d’activité, Arras 1984 - Articles de presse – Interview de Bernard Petitot  par A et G Devulder en  février 2012.

                                                                                                                      Gérard Devulder