Louis Harbaville
Louis Harbaville

Arras 24.08.1791 – Arras 15.01.1866. Homme de lettres, conseiller municipal à Arras.

Élu en 1820 pour succéder au député Louis Le Roux du Chatelet  sur le 19e fauteuil. Il est secrétaire adjoint de l’Académie en 1830 et 1831, puis président à trois reprises, de 1832 à 1834, de 1839 à 1841 et de 1848 à 1852. Il est remplacé en 1866 par Auguste Paris.

Il est le fils de Nicolas Harbaville, capitaine aide major de la ville d’Arras et de Marie-Louise Coquelin. Il perd son père à l’âge de treize ans. Pendant les temps troubles de la Révolution, il reçoit ses premières leçons du chanoine Ambroise Roeux, ancien profès de l’abbaye de Chocques, avant de faire ses études au lycée de Douai. Puis il passe quelques années chez un notaire de Douai où il s’initie à la paléographie et fréquente les salons cultivés de la bonne société. Il y rencontre celle qui deviendra son épouse, Marie Joseph Charlotte de Beugny de Pommera. Le mariage est célébré à Pommera le 27 octobre 1813. Elle est la fille de Nicolas Xavier Joseph de Beugny de Pommera et d’Albertine Leroux du Châtelet, et la nièce du sous-préfet d’Arras Louis Le Roux du Châtelet. C’est à dernier que Louis Harbaville succèdera sur le 19e fauteuil de l’Académie en 1820. Leur fille, Lucie Harbaville (1816-1866) épousera, le 14 juillet 1841 à Arras, Louis Trannin qui deviendra lui aussi académicien

Il commence sa carrière publique sous la Restauration comme conseiller municipal d’Arras de 1821 à 1830. Rallié au camp libéral, il échappe à la purge qui suit la Révolution de juillet 1830 : en août 1830 il est rappelé au conseil municipal d’Arras et il est aussi nommé conseiller de préfecture. Il garde son mandat municipal et son poste préfectoral durant toute la Monarchie de Juillet. La chute du régime en 1848 met fin à sa double carrière. Royaliste modéré, il a su nouer les alliances qui lui ont permis d’étendre son influence et ses biens.

Membre de l’Académie pendant 46 ans, de 1820 à 1866, son rôle y a évolué. il s’y exprime d'abord avec son expérience de conseiller municipal, traitant de questions relatives à l’agriculture ou à l’économie. Il est d’ailleurs, à ce moment-là, l’un des fondateurs de la Société centrale d’agriculture du département du Pas-de-Calais. Plus tard, devenu secrétaire adjoint, puis président de l’Académie, ses interventions découlent de ses fonctions au sein de l’assemblée. À partir de 1845, il s’exprime comme spécialiste de l’histoire ancienne d’Arras et de l’Artois. Très tôt intéressé par l’archéologie et l’histoire, il avait rédige dès 1823 un Essai sur l’origine et l’antiquité des communes du département du Pas-de-Calais. et quand l’Académie avait créé une commission archéologique le 31 mai 1844, il en avait pris la direction.  

Aujourd'hui on retient surtout de lui qu’il a été le premier d’une lignée d’historiens érudits issus de la bourgeoisie. Le tome premier de son monumental Mémorial historique et archéologique du département du Pas-de-Calais, fruit d’un minutieux travail d’investigation dans toutes les  communes, publié en 1842, fait date dans l’histoire du département. Il en est récompensé par la vice-présidence de la Commission départementale des antiquités du Pas-de-Calais. qui publie sous sa direction, à partir de 1850, la Statistique monumentaleEn suivant l'exemple de son Mémorial, les membres de la commission produisent, après son décès, à partir de 1873, les quinze volumes du Dictionnaire historique et archéologique du Pas-de-Calais.

Il est aussi membre de la Société des Antiquaires de la Morinie, de la Société des Antiquaires de Picardie, des sociétés savantes de Douai et de Calais.

Chevalier de la Légion d’honneur en qualité de conseiller de préfecture le 30 avril 1844.

Publications dans les Mémoires de l’Académie d’Arras

Un dévouement, légende, MAA, 1ère série, t. XXVI (1853), p. 281-288.

Les communiers d’Arques, chronique, MAA, 1ère série, t. XXVI (1853), p. 153-164.

La peste de Tournai en 1400, légende, MAA, 1ère série, t. XXVI (1853), p. 142-152.

Dissertation sur l’établissement des échevinages, MAA, 1ère série, t. XXV (1851), p. 120-144.

Réponse au discours de réception de M. Caron, MAA, 1ère série, t. XXV (1851), p. 65-69.

Une émeute en 1283, chronique artésienne, MAA, 1ère série, t. XXII (1845), p. 335-357.

Paroles prononcées sur la tombe de M. Duchateau, MAA, 1ère série, t. XXI (1844), p. 309-312.

Réponse au discours de réception de M. d’Héricourt, MAA, 1ère série, t. XXI (1844), p. 133-136.

Réponse au discours de réception de M. Parenty, MAA, 1ère série, t. XXI (1844), p. 117-120.

Rapport sur la traduction de Malbrancq, MAA, 1ère série, t. XXI (1844), p. 1-3.

Rapport sur le concours d’historie, MAA, 1ère série, t. XX (1842), p. 4-6.

Notice sur M. le baron d’Ordre, membre correspondant, MAA, 1ère série, t. XIX (1840), p. 327-328.

Discours d’ouverture de la séance du 26 août 1840, MAA, 1ère série, t. XIX (1840), p. 1-8.

Études sur la période du moyen-âge en Artois, MAA, 1ère série, t. XIX (1840), p. 271-190.

Rapport sur le concours d’histoire, MAA, 1ère série, t. XVIII (1837), p. 47-53.

Notice nécrologique sur M. Leroux Duchatelet, ancien député, membre honoraire MAA, 1ère série, t. XV (1834), p. 176-181.

Discours d’ouverture de la séance du 25 octobre 1834, MAA, 1ère série, t. XV (1834), p. 1-9.

Discours d’ouverture de la séance du 23 décembre 1831, MAA, 1ère série, t. XIV (1833), p. 1-10.

Rapport sur les travaux de la Société, MAA, 1ère série, t. XIII (1831), p. 6-28.

Réflexions sur le projet de réduire les droits perçus par le Trésor sur les sucres étrangers, MAA, 1ère série, t. XII (1829), p. 325-337.

Dithyrambe sur le combat de Navarin, MAA, 1ère série, t. XI (1828), p. 339-344.

Recherche sur la température ancienne et moderne comparée de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique, pour servir d’examen de la question du refroidissement de la terre, MAA, 1ère série, t. X (1827), p. 146-193.

La Voix des Siècles, poème, MAA, 1ère série, t. VI (1823), p. 214-219.

Notice sur la culture du grand maïs de Pennsylvanie, MAA, 1ère série, t. VI (1823), p. 177-183.

Essai sur l’origine et l’antiquité des communes du département du Pas-de-Calais, MAA, 1ère série, t. VI (1823), p. 116-141.

Analyse d’un rapport sur les avantages et les inconvénients de la vaine pâture, MAA, 1ère série, t. V (1822), p. 70-85.

Extrait d’un mémoire sur l’emploi des pommes de terre à la nourriture des bestiaux, MAA, 1ère série, t. IV (1821), p. 145-149.

Notice sur le blé-lammas, MAA, 1ère série, t. IV (1821), p. 141-144.

L’illusion poétique, idylle, MAA, 1ère série, t. IV (1821), p. 43-46.

Extrait d’un Mémoire sur les pommes de terre, MAA, 1ère série, t. III (1820), p. 283-

Mémoire sur l’état des bois et plantations dans le département du Pas-de-Calais, MAA, 1ère série, t. II (1819), p. 353-364.

Autres publications

Avec CARON Zéphir, Observations sur l'échevinage de la ville d'Arras par Charles de Wignacourt (1608) [suivi de] Chartes et documents [1190-1493] concernant l'échevinage d'Arras tirés des archives municipales, Arras, 1864.

Mélanges historiques. 2e période du Moyen-Âge, 1860.

Chronique d’Arthois par François Bauduin, né à Arras en 1520, de François Bauduin, Louis-Joseph Harbaville éditeur scientifique, 1856.

Pièces inédites en prose et en vers concernant l'histoire d'Artois, et autres ouvrages inédits publiés par l'Académie d'Arras, 1853-56.

Monuments des périodes celtique et romaine, Arras, 1850.

Département du Pas-de-Calais, dictionnaire des communes, 1842.

Mémorial historique et archéologique du département du Pas-de-Calais, 1842.

Le comte Hennekin, épisode de l'histoire du IXe siècle, 1838.

Rapport fait à la Société royale d'Arras sur le projet de réduction des droits sur les sucres étrangers et sur les conséquences qui en résulteraient pour les fabriques de sucre indigène et pour l'agriculture, Arras, 1829.

Sources

Base Léonore : dossier 1266/7

État civil, décès, AD 62, 5 MIR 041/58, p. 233/1166

PILOT Robin, Prosopographie des notables de l’arrondissement d’Arras sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, (1814-1848), Mémoire de master 1 Histoire, sous la direction d’Olivier Tort, Université d’Artois, 2022.

DIERS Jean-Pierre, « Harbaville » in « Étude sociologique de l’académie d’Arras des origines à nos jours (1737-2006), Mémoires de l’Académie d’Arras, 6e série, t. V (2007).

PARSIS-BARUBÉ Odile, La province antiquaire. L'invention de l'histoire locale en France, 1800-1870, Paris, Éditions du C.T.H.S., 2011, p. 220 ; « Entre savoir et curiosité : l’évolution des préoccupations intellectuelles de l’Académie d’Arras (1817-1870) » et « Des historiens dans la ville : structure et représentations du groupe chez les érudits arrageois du XIXe siècle », in Arras, le savoir et la curiosité, aspects de la vie culturelle dans une ville préfecture au XIXe siècle, Mémoires de l’Académie d’Arras, 6e série, t. III (2000).

WINTREBERT Patrick, Premiers travaux de la Commission départementales des monuments historiques du Pas-de-Calais, 1843-1914, catalogue d’exposition, Archives départementales du Pas-de-Calais, 24.10.1981-15.1.1982, p. 6, n° 2.

FOURNIER Édouard, « L’Académie d’Arras et la commission départementale des Monuments historiques, lecture faite à la séance du 15 janvier 1943 », Mémoires de l’Académie d’Arras, 1943, fascicule 1.

HAUTECLOQUE de, La seconde Restauration dans le Pas-de-Calais, MAA 2e série, tome XLII- 1911, p. 61, 109-110, 201.

VAN DRIVAL Eugène, « Notice sur M. Harbaville », Bulletin de la commission des antiquités départementales du Pas-de-Calais, tome 4, 1875, p. 45-65.

LAROCHE Antoine, « Notice sur M. Harbaville », Mémoires de l’Académie d’Arras, 2e série, t. 1er, 1867, p.297-394.

PARIS Auguste, « Discours de réception le 23 août 1866 », Mémoires de l’Académie d’Arras, 2e série, t. 1er, 1867, p. 33-42.

LAROCHE Antoine, « Discours sur la tombe de M. Harbaville », Mémoires de l’Académie d’Arras, 1ère série, t. XXXVIII, 1866, p. 131-140.

Michel Beirnaert