Julien BOUTRY
Julien BOUTRY

Arras 07.05.1842- Arras 02.05.1896. Juge au tribunal civil d’Arras, dessinateur et graveur.

Élu en 1884 pour succéder au juge Jacques-Henri Colin-Vaast sur le 30e fauteuil, reçu le 8 mai 1855 par le chancelier Émile Trannoy Il est remplacé en 1898  par Georges Henry Boulangé.

Orphelin de mère, fils de Christian, juge au tribunal d’Arras, le jeune homme songe d’abord à entrer à l’école des eaux-et-forêts, après avoir obtenu le diplôme de bachelier ès sciences en 1860. Mais son père l’oriente vers le droit. Reçu docteur le 15 mai 1867, il occupe plusieurs postes de secrétaire avant d’être nommé juge à Château-Gontier (Mayenne) le 26 août 1870. Ce n’est qu’après la guerre de 1870, à laquelle il participe comme soldat au 3e génie, qu’il se fixe à Arras. Un décret du 29 août 1873 le nomme juge au tribunal civil d’Arras en remplacement de son père, poste qu’il occupera jusqu’à son décès. Le 8 avril suivant, il épouse Hélène Théologue, fille du général commandant la subdivision du Pas-de-Calais.

Boutry entame des études artistiques en 1875 auprès de Maxime Lalane, dessinateur et graveur parisien. Ses progrès sont très rapides puisque dès l’année suivante il est admis au salon parisien avec deux gravures montrant des vues de Rome. Des œuvres de lui y figureront presque chaque année jusqu’en 1890. Jusqu’en 1882-1883 ses thèmes de prédilection sont les monuments anciens et les sites urbains d’Arras et surtout de la Belgique. En 1879, il publie vingt dessins dans Ypriana, recueil en sept tomes publié par un avocat et homme politique belge, Alphonse Vandenpeereboom réalisation qui fait beaucoup pour asseoir sa réputation outre-Meuse. Boutry manifeste dans les productions de cette période une sensibilité romantique et une grande parenté avec l’art de Piranèse. A partir de 1882, on constate une évolution dans les sources d’inspiration et la technique. Les vues de monuments et de sites urbains cèdent volontiers la place au paysage. Les Archives du Pas-de-Calais conservent plusieurs petites études exécutées soit à la plume, soit au fusain, ou encore improvisées directement sur cuivre qui témoignent d’une liberté de facture qui n’est pas sans rappeler les clichés-verre de Corot. Sur le plan technique, Boutry aborde la lithographie au cours de l’hiver 1883-1884. Son exécution se fait alors beaucoup plus moelleuse et tranche avec le graphisme ferme et régulier des œuvres de la première période. Des récompenses viennent consacrer les talents de l’artiste et sa réputation s’étend à l’Angleterre.

Parallèlement à cette activité créatrice, Boutry joue un rôle éminent dans le développement que connait la vie artistique à Arras au cours du dernier quart du XIXe siècle. Membre fondateur de l’Union artistique du Pas-de-Calais en 1874, puis président à partir du 27 octobre 1878, il donne à cette institution son plein essor, en organisant des expositions bi-annuelles et des rétrospectives, en créant un concours entre les établissements d’enseignement artistique du département et en publiant un bulletin. Il est aussi membre de la commission administrative du musée, de la commission des écoles municipales de dessin et de la Commission des antiquités départementales du Pas-de-Calais à laquelle il prête ses talents de dessinateur. Au sein de l’Académie, outre son discours de réception consacré à l’histoire de la gravure, il rapporte aux concours de 1885 et de 1889 sur deux mémoires présentés par Léonce Viltart.

La mort prématurée de Boutry bouleverse les Arrageois. En hommage à sa mémoire l’Union artistique du Pas-de-Calais organise en 1897 une rétrospective regroupant la presque totalité de son œuvre. A la suite du succès obtenu par l’exposition, la veuve fait don au musée de toutes les eaux-fortes (cuivres et épreuves) conservées à l’atelier et d’une sélection de lithographies. L’ensemble, exception faite de quelques épreuves, a disparu au cours de la première guerre mondiale.

Chevalier de l’Ordre de Léopold de Belgique

Officier d’académie

Publications dans les Mémoires de l’Académie

Rapport sur les Mémoires hors concours : (Léonce Viltart, Biographie d’une artiste artésien [Jules Thépaut], MAA, 2e série, t. XVII (1886), p. 113.

Rapport sur un mémoire hors concours (Léonce Viltart, Biographie de Boiron (de Lens) artiste peintre) MAA, 2e série, t. XXI (1890), p. 45-47.

Discours de réception le 8 mai 1885 : Les origines de la gravure, MAA, 2e série, t. XVII (1886), p. 49-62 (et tiré à part, Arras, Impr. Rohard-Courtin, 1885, 24 p.).

Autres publications

Les Français et les étrangers devant la loi française en 1872, Paris, A. Marescq Aîné, 1872, 135 p.

Arras. Croquis à la plume d’après nature. Promenades dans la ville d’Arras, Arras, E . Bradier, 1878, 50 pl.

Anvers. Le Steen, Bruxelles, J. Bouwens, 1878, 15 pl.

Vieux souvenirs d’Ypres. 50 croquis à la plume d’après nature par Julien Boutry, Arras, Répessé-Crespel, 1885, n. p.

Arras, son histoire et ses monuments, Arras, Répessé-Crespel et Cie, 1890, 111 p.

Ypriana

Sources

AD 62, 4 J 275/111-119, 4 J 479/15-86 (lettres de Boutry, portrait, coupures de presse, lithographies, gravures clichés-verre et croquis).

BOULANGÉ Henry, « Discours de réception », sMémoires de l’Académie d’Arras, 2e série, t. XXIX (1898), p. 392-393.

CARDEVACQUE Adolphe de, Julien Boutry, s.l.n.d., [1896], 14 p.

VILTART Léonce, « Exposition des œuvres de Julien Boutry », Mémoires de l’Académie d’Arras, 2e série, t. XXVIII (1897), p. 191-198 (tiré à part : Arras, Rohart-Courtin, 1897, 10 p.).

BÉNÉZIT Emmanuel, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays, nouv. ed., Paris, Gründ, 1976, t. 2 p. 248.

MARCHAL Gaston-Louis et WINTREBERT Patrick, Arras et l’art au XIXe siècle, Mémoires de la Commission départementale d’histoire et d’archéologie du Pas-de-Calais, t. XXIV, Arras, 1987, p. 38-41.

Patrick Wintrebert