Annecy (royaume de Sardaigne) 01.10.1790 - Montmerle-sur-Saône (Ain) 30.06.1862Topographe militaire, professeur de dessin au 2e Génie à Arras.

Nommé en 1817 pour succéder à Antoine-Joseph Buissart sur le 26e fauteuil. Il démissionne en 1819 pour reprendre l’imprimerie familiale à Annecy. Il est remplacé par Timothée Cornille.

Issu d’une lignée d’imprimeurs savoyards, il est le fils d’Alexis Burdet, imprimeur-libraire, et de Marie Pégoud. Après ses études secondaires au collège chappuisien d’Annecy, et devenu Français en 1792 par l’annexion de la Savoie, il entre, le 1er juin 1808 comme élève à l’école de topographie militaire créée à Paris, au Dépôt des fortifications, par le capitaine Clerc. Il s’initie avec lui à la réalisation des premières cartes où le relief de régions entières est représenté par des courbes de niveau. Le 29 juin 1810, il rejoint la brigade Clerc, qui lève la carte de la côte très accidentée de la Ligurie (à l’époque département des Apennins), puis, à partir du 15 mai 1812, il est chargé de lever la carte des îles d’Hyères et de l’île de Portéros. Le 22 janvier 1814, alors que l’Empire est sur le point de s’effondrer, il est affecté au quartier-général de la Grande Armée, et assiste aux dernières batailles de la campagne de France : Brienne, Montmirail, Champaubert, Montereau, Craonne, puis à la prise de Château-Thierry et de Troyes. Le 25 mars 1814, lors de la bataille de Fère-Champenoise, il est fait prisonnier par les Russes et livré aux Prussiens. Il s’évade le 30 mars, et, à pied, réussit à rejoindre le Dépôt des fortifications de Paris le 8 avril 1814, deux jours après l’abdication de Napoléon. Le nouveau gouvernement le rattache d’abord à la galerie des Plans-Reliefs des places-fortes à l’Hôtel des Invalides, avant de le nommer, le 27 janvier 1815, professeur de dessin à l’école régimentaire du 1er Génie à Saint-Omer. Le 20 septembre 1816, il arrive à Arras où l’école est transférée au 2e Génie. Il s’y retrouve sous les ordres du chef de bataillon Olry de Labry.

Tous deux sont élus à l’Académie d’Arras en septembre 1817, en remplacement de deux des cinq survivants de l’Ancien Régime, nommés d’office à la restauration de l’Académie. Olry y remplace Ansart après sa démission le 29 mai, et Burdet remplace Buissart le 4 octobre 1817. Aimé Burdet s’y montre très actif pendant l’année 1818. Cette même année, il coopère à l’éphémère Journal du département du Pas-de-Calais, imprimé par Leducq de Fontaine, puis par Edmond Boutry. À la fin de l’année 1818 il obtient un congé pour soigner sa vue déclinante et rentre à Annecy (revenue dans le giron du Royaume de Sardaigne par décision du Congrès de Vienne en 1815) d’où il donne sa démission le 29 juin 1819, mettant fin à sa carrière de topographe militaire. Il y reprend l’imprimerie familiale. Il lui donne une impulsion nouvelle, devenant l’imprimeur-libraire officiel du clergé. Parallèlement il accepte le poste de professeur de mathématiques au collège d’Annecy, où il enseigne de 1827 à 1844.

Il y renonce au bout de dix-sept ans pour se consacrer à son métier d’éditeur et s’engager davantage dans les combats d’idées. Il crée le 1er novembre 1846 une première feuille périodique, Feuille d’avis de l’Intendance générale et de la ville d’Annecy, qui devient en 1848 l’Écho du Mont-Blanc. Ce journal se veut conservateur progressiste et soutient la constitution libérale accordée par le roi Charles-Albert ainsi que la cause de l’indépendance italienne. Burdet est alors taxé "d’ultramontain, rétrograde, réactionnaire", par ses adversaires, menacé, injurié et entraîné dans des procès de presse. Presque toujours acquitté, il est condamné en 1853, en troisième instance, à quinze jours de prison pour avoir refusé de nommer ses « sources ». Fatigué, il accepte à la fin de 1856 de fusionner son journal avec le Courrier des Alpes de Chambéry et se retire en France, sur les terres de sa deuxième épouse, à Montmerle-sur-Saône.

Époux en premières noces, en 1827, de Caroline Dunand (1799-1839), dont il a quatre enfants, il s’est remarié dans ses vieux jours, en 1855, avec Julie Corcomay.

Publications dans les Mémoires de l’Académie :

Rapport sur les machines de M. Hallette, MAA, 1ère série, t. Ier (1818), p. 61-76

Notice sur la distillation des grains dans le département du Pas-de-Calais, MAA, 1ère série, t. Ier (1818), p. 115-124

Rapport sur la fabrique de sucre de betteraves de M. Crespel-Delisse, MAA, 1ère série, t. Ier (1818), p. 125-151

Autres publications

Essai sur les propriétés et le tracé des courbes horizontales, équidistantes en hauteur, et sur leur emploi dans les reconnaissances militaires.

Tables des projections verticales et des projections horizontales, calculées par des angles de pentes et les hypoténuses, ou mesures prises suivant l’inclinaison du terrain ; suivie de la Table des projections verticales calculées par les angles de pente et les projections horizontales, à l’usage de tous ceux qui s’occupent de nivellement.

Géographie des États de S.M. le roi de Sardaigne.

Le palais de l’Isle à Annecy : récit historique des deux premières années de la Révolution française, suivi de pièces justificatives, (édité en 1894 par son fils Charles).

Sources

« Notice biographique sur M. Aimé Burdet », imprimerie Charles Burdet, Annecy, 1863.

ALBRIER Albert, Les naturalisés de Savoie en France de 1814 à 1858, 1878, p. 207.

DUFOUR Auguste et RABUT François, L'imprimerie, les imprimeurs et les libraires en Savoie : du XVe au XIXe siècle, Chambéry, 1877.

SORREL Christian, « La Savoie », Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, Beauchesne, 1996, p. 98.

ROSSI Luisa, « Pierre-Antoine Clerc et la brigade topographique du Dépôt des fortifications : premières réalisations des courbes de niveau », in Cartes et géomatique, n°237, décembre 2018, Comité français de cartographie, 2018.

Michel Beirnaert