Beauvois 7.03.1841 – Soissons (Aisne) 16.09.1906. Prêtre de Saint-Bertin, professeur d’histoire, supérieur du petit séminaire d’Arras.

Élu en 1884 pour succéder à Paul-Marie Laroche sur le 12e fauteuil, reçu le 26 février 1885 par Auguste Wicquot. Secrétaire général, chancelier et président, de 1888 à 1898. Il est remplacé en 1898, quand il est nommé évêque de Soissons, par Jules Doublet.

Il est le fils d’un riche fermier, maire de Beauvois, dont la famille avait caché des prêtres réfractaires et permis l’exercice du culte clandestin pendant la Révolution. Après ses études chez les Frères à Saint-Pol-sur-Ternoise, puis au petit séminaire d’Arras (1854-1862), et au noviciat de la Société de Saint-Bertin à Saint-Omer (octobre 1862-juillet 1864), il est professeur d’histoire au petit séminaire d’Arras, avant d’être ordonné prêtre le 23 septembre 1865. Il s’agrège à la très influente Société de Saint-Bertin le 15 mars 1866. En 1869, il est responsable de la classe de rhétorique du petit séminaire et, en 1871, de la 2e division. Il publie ses premières études historiques dans l’hebdomadaire Le Pas-de-Calais. La Société de Saint-Bertin l’envoie créer un collège à Châlons-sur-Saône (1872-1877). Revenu à Arras il reprend son enseignement au petit séminaire (1877-1887) et donne des conférences au cercle des ouvriers du Père Halluin. Il se fait connaître comme historien en publiant en quatre tomes, de 1884 à 1886, son étude magistrale Le Clergé du diocèse d’Arras, Boulogne et Saint-Omer pendant la Révolution.

En mars 1886, il est promu chanoine honoraire et supérieur du petit séminaire d’Arras. Il y applique dans leur intégrité les règles et les usages de la Société de Saint-Bertin, inaugure l’inspection annuelle des classes, et crée les réunions pédagogiques. Mgr Williez, arrivé en 1892, en fait son confident, son conseiller et son commensal. Dès 1893, il le nomme vicaire général non officiel, directeur des séminaires et des collèges libres, et lui confie la responsabilité de la Semaine Religieuse, organe de l’évêché. Il devient vicaire général titulaire en 1894. En 1897, à la demande de Mgr Williez, il adapte le règlement de la Société de Saint-Bertin, en un « Règlement des Maîtres » à l’usage des différentes maisons d’éducation du diocèse.

Admirateur de Léon XIII, partisan du ralliement, estimé des autorités publiques, soutenu par le cardinal Meignan, il est appelé à l’évêché de Soissons, par décret présidentiel, le 22 mars 1898.

Il est consacré évêque de Soissons et Laon le 24 juin 1898 et obtient en 1901 d’ajouter à son titre épiscopal celui d’évêque de Saint-Quentin. Pendant son épiscopat de huit ans, il se préoccupe prioritairement de la formation des fidèles et des prêtres. Il encourage les patronages et les cercles d’études, mais s’oppose au développement des groupements du Sillon dont il redoute les « dérives ». Il s’attache à élever le niveau dans les maisons d’éducation libre et applique dans les séminaires le Règlement des Maîtres qu’il avait mis en place dans le diocèse d’Arras. Pour pousser ses prêtres à l’étude, il tente de relancer les Conférences ecclésiastiques. S’inspirant de l’initiative de Mgr Parisis à Arras, il recommande la rédaction de monographies locales par les curés, et il fonde les archives diocésaines. Il s’élève vigoureusement contre le Modernisme et combat les lois de sécularisation. Il décède en septembre 1906 quelques mois après le vote de la loi de Séparation.

Il avait été reçu à l’Académie d’Arras le 26 février 1885, en avait été secrétaire-général (1888-1892), chancelier (1892-1894), président de 1895 à 1898. À l’instigation de l’Académie dont il était alors le chancelier, il fut l’organisateur de la grandiose Fête de Jeanne d’Arc à Arras le 28 octobre 1894. Dès sa nomination comme évêque de Soissons, il démissionna de l’Académie. En hommage, celle-ci le nomma membre honoraire et lui offrit son anneau pastoral.

Publications dans les Mémoires de l’Académie d’Arras

Discours de réception le 26 février 1885, MAA, 2e série, t. XVI (1885), p.250-263.

Rapport sur le concours d’histoire de l’année 1887, MAA, 2e série, t. XIX (1888), p. 25-34.

Réponse au discours de réception de M. l’abbé Rohart le 17 mai 1888, MAA, 2e série, t. XIX (1888), p. 321-332.

Discours prononcé aux funérailles de M. le chanoine Proyart, MAA, 2e série, t. XIX (1888), p. 338-342.

Rapport sur les travaux de l’année 1888-1889, MAA, 2e série, t. XXI (1890), p. 27-36.

Le cardinal de Granvelle, MAA, 2e série, t. XXI (1890), p. 302-354, et, t. XXII (1891), p. 203-248.

Rapport sur les travaux de l’année 1889-1890, MAA, 2e série, t. XXII (1891), p. 8-11.

Rapport sur le concours d’histoire de l’année 1891, MAA, 2e série, t. XXIII (1892), p. 33-35.

Rapport sur les travaux de l’année 1890-1891, MAA, 2e série, t. XXIII (1892), p. 49-55.

Rapport sur les travaux de l’année 1891-1892, MAA, 2e série, t. XXIV (1893), p. 10-15.

Rapport sur le concours d’histoire de l’année 1894, MAA, 2e série, t. XXV (1894), p. 86-89.

Discours prononcé sur la tombe de M. Ed. Lecesne, MAA, 2e série, t. XXVI (1895), p. 67-70.

Discours d’ouverture de la séance du 25 juillet 1895, MAA, 2e série, t. XXVI (1895), p. 261-268.

Réponse au discours de réception de M. Hervin, MAA, 2e série, t. XXVI (1895), p. 315-328.

Allocution d’ouverture de la séance du 28 mai 1896, MAA, 2e série, t. XXVII (1896), p. 71-73.

Réponse au discours de réception de M. G. Acremant, MAA, 2e série, t. XXVII (1896), p. 28-38.

Discours prononcé sur la tombe de M. Julien Boutry, MAA, 2e série, t. XXVII (1896), p. 63-64.

Allocution d’ouverture de la séance du 30 juillet 1896, MAA, 2e série, t. XXVII (1896), p. 71-73.

Allocution d’ouverture de la séance du 29 juillet 1897, MAA, 2e série, t. XXVIII (1897), p. 209-211.

Réponse aux paroles prononcées par M. l’abbé Rohart (à l’occasion de la nomination de M Deramecourt à l’évêché de Soissons), le 25 mars 1898, MAA, 2e série, t. XXIX (1898), p. 339.

Réponse (lors de la remise de l’anneau pastoral offert par l’Académie), MAA, 2e série, t. XXIX (1898), p. 347-350.

Autres publications

Le clergé du diocèse d'Arras, Boulogne & Saint-Omer pendant la Révolution, 1789-1802, en 4 vol., Paris, 1884-1886.

Vie populaire de Saint-Benoît-Labre, Arras, 1882.

Histoire de la canonisation du Bienheureux Benoît-Joseph Labre, avec un guide du pèlerin aux diverses stations de sa vie, Arras, 1881.

Histoire de la défense nationale en France depuis l’invasion romaine jusqu’au traité de Francfort, Arras, 1875.

Sources

Arch. dioc. Arras, 3 Z 32.

Arch. dioc. Soissons, 3 Z 99.

BEIRNAERT Michel, notice « Deramecourt », Dictionnaire de la vie religieuse dans le monde contemporain, Arras-Artois-Côte d’Opale, Paris, 2013.

HILAIRE Yves-Marie, Une chrétienté au XIXe siècle ? La vie religieuse des populations du diocèse d’Arras (1840-1914), Arras, 1977.

GUILLEMANT Charles, Mgr Deramecourt, évêque de Soissons, de Laon et de Saint-Quentin, Arras, 1907.

ROHART Charles, Paroles adressées par M. l’abbé Rohart, vice-chancelier, à Mgr Deramecourt, président, à l'occasion de sa nomination à l'Évêché de Soissons, suivi de Paroles prononcées par M. 1'Abbe Rohart, vice-chancelier, lors de la remise de l'anneau pastoral offert par l'Académie à son président, Mgr Deramecourt, Évêque nomme de Soissons (27 juin 1898), MAA, 2e série, t XXIX (1898).

WICQUOT Auguste, Réponse au discours de réception de M. l’abbé Deramecourt, Mémoires de l’Académie d’Arras, 2e série, t. XVI (1885).

Michel Beirnaert