Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) 17.03.1922 – Arras 06.01.2007. Docteur ès lettres, archéologue « monumental », professeur de lettres au lycée Robespierre à Arras, spécialiste de l’archéologie religieuse.

Élu le 26 mars 1965 pour succéder au juge de paix Valentin Desvaux sur le 8e fauteuil, reçu le 20 juin 1965 par Roger Berger. Il est remplacé en 2007 par Marguerite Caridroit.

Fils de Louis Bernard, contrôleur des contributions directes, issu d’une famille de négociants de Cannes, et de Lucienne Naudin, il est né à Clermont-Ferrand et a passé toute son enfance en Arles, où la profusion de sites a contribué à l’éveil de sa vocation d’archéologue. Ses études universitaires menées durant la guerre, partie à Aix-en-Provence, partie à Grenoble, font de lui un professeur de lettres classiques. Il fait la connaissance à Grenoble de celle qui deviendra son épouse, Raymonde Huchez, arrageoise réfugiée en Isère d’où sa mère, Yvonne Curt, était originaire. Son père, René Huchez est dessinateur métreur, et son jeune frère, Yves Huchez, deviendra un architecte bien connu à Arras et dans le Pas-de-Calais. Ils se marient à Beaurains le 24 décembre 1946.

Honoré Bernard est nommé professeur de lettres au collège de Lillers à la rentrée d’octobre 1946. Devenu professeur certifié, il arrive en 1954 au lycée d’Arras où il enseigne jusqu’à sa retraite.

Ses débuts en archéologie sont peu connus. On sait qu’il fut, vers 1943, élève de l’archéologue Ernest Will en classe préparatoire au lycée de Marseille. Toutefois, ses compétences dans la « lecture » des monuments paraissent suffisamment affirmées pour que Pierre Héliot, qui venait de publier sa thèse de doctorat sur les églises du Moyen-Âge dans le Pas-de- Calais et voulait en savoir plus sur le chevet de la collégiale de Lillers, tînt à lui proposer la conduite des sondages nécessaires, en 1954.

En raison de la qualité de ses travaux à Lillers, et avec le soutien d’Ernest Will, directeur des Antiquités historiques Nord-Picardie depuis 1953, et de Charles Waldschmidt, architecte en chef des Monuments historiques du Pas-de-Calais, il se voit confier la fouille du site de l’ancienne abbaye de Ham-en-Artois (1956-1959).

En 1960, il est appelé à reprendre les travaux de recherche de Camille Enlart sur le site médiéval de Thérouanne, abandonnés depuis 1906. Confronté à des vestiges antérieurs au Moyen-Âge, il confie cette partie de la fouille à Roland Delmaire de 1965 à 1970, avant de reprendre la direction effective du chantier. Honoré Bernard réussit à retrouver les fondations des six édifices antérieurs à la cathédrale gothique et à restituer les élévations de la cathédrale disparue.

En même temps, à la demande de Jean Hubert, spécialiste d’architecture religieuse et titulaire de la chaire d’archéologie religieuse à l’École des chartes, et d’Ernest Will, il est chargé d’entreprendre des fouilles sur le site de l’ancienne église Notre-Dame et de l’abbaye de Saint-Riquier (Somme), d’abord de 1959 à 1969, puis de 1987 à 1989. Il se consacre en particulier à étudier l’évolution des bâtiments monastiques de Saint-Riquier entre le IXe et le XVIIIe siècle.

Il fait de ses recherches le sujet de la monumentale thèse de doctorat d’État qu’il soutient en 1992 à l’Université Paris X Nanterre, sous la direction de Carol Heitz : « Saint-Riquier : archéologie et historiographie ».

Durant toutes ces années Honoré Bernard s’est entouré pour mener ses fouilles d’équipes d’élèves et d’étudiants à qui il a su communiquer sa passion pour l’archéologie.

Les travaux archéologiques d’Honoré Bernard, fondées sur une connaissance approfondie tant de l’art monumental que du monde religieux, et plus particulièrement du monde monastique, se concrétisent par des publications contenant les plans très précis, des coupes et des maquettes, indispensables restitutions en trois dimensions avant l’ère numérique.

Un autre « grand œuvre » d’Honoré Bernard a été, entre 1978 et 1993, la restauration et l’étude du plan en relief de la ville et cité d’Arras, menées avec la rigueur scientifique la plus rigoureuse. Il ne s’agissait pas seulement de dépoussiérer cette maquette de 1717 malmenée pendant la Première Guerre mondiale, mais d’en faire préalablement une étude archéologique, pièce par pièce. La phase du démontage, la plus riche en enseignements, a révélé, d’une part un véritable cadastre corroboré par les découvertes archéologiques contemporaines, et, d’autre part, des représentations fidèles des constructions en élévation.

Il a consacré beaucoup de temps durant les dernières années de sa vie à révéler aux Arrageois la richesse de leur patrimoine architectural et plus particulièrement de l’ensemble monumental exceptionnel constitué par l’abbaye Saint-Vaast et son abbatiale Saint-Vaast dont il se passionnait à en donner une lecture architecturale et monastique. Il est « parti » avec le regret de n’avoir pas réussi à obtenir la restauration de l’ancienne salle capitulaire, pièce majeure de tout lieu monastique.

Membre de la Commission départementale d'histoire et d'archéologie depuis 1954.

Communications à l’Académie d’Arras

 L’architecture carmelitaine, séance du 2 novembre 1965.

Les fouilles carolingiennes de Saint-Riquier : première partie, les fouilles à l’église Notre-Dame de 1959 à 1967. séance du 28 mars 1968.

Les fouilles carolingiennes de Saint-Riquier : deuxième partie, l’étude de l’église abbatiale ; hypothèses de travail avant l’ouverture des fouilles, séance du 23 avril 1969.

Une maquette pédagogique de maison pompéienne, séance du 23 janvier 1970.

La formation des archéologues, séance du 26 mars 1971.

Thérouanne, le site et la ville, séance du 10 avril 1981.

Thérouanne, le chantier de la cathédrale, séance du 24 avril 1981.

Visite guidée de l’exposition « Vivre sa ville au XVIIIe siècle » ; et visite « discrète » de l’atelier de restauration du plan-relief, 8 novembre 1989.

La restauration du plan en relief d’Arras, séance du 13 mars 1996.

Une lecture monastique de Saint-Vaast d’Arras, séance du 16 octobre 1996.

Existe-t-il une architecture spécifiquement cistercienne ? , séance du 9 avril 2003.

Publication dans les Mémoires de l’Académie d’Arras

Existe-t-il une architecture spécifiquement cistercienne ? , MAA, 6e série, t. V (1991-2006), p. 173-186.

 Publications

L’abbaye d’Ham en Artois, recherches d’archéologie médiévale et classiqueMémoires de la Commission d’histoire et d’archéologie du Pas-de-Calais, t. XXXIV, Arras, 1998, 2 vol., 170 et 94 p.

Arras, ville fortifiée, 1993.

La vocation et la vie des Frères auxiliaires du clergé, 1966.

Articles et comptes-rendus

« Saint-Riquier : l’abbaye carolingienne d’Angilbert », in Saint-Riquier. Une grande abbaye bénédictine, 2009.

« Saint-Riquier : fouilles et découvertes récentes », in Avants-nefs et espaces d’accueil dans l’église entre le IVe et le XIIe siècle, 2002.

« L’héritage d’un évêché disparu », in La cathédrale de Saint-Omer, 800 ans de mémoire vive, 2000.

« D’Aniane à Brantôme à propos de plans conservés aux archives nationales », in Études héraultaises, vol. 28-29, 1997-1998.

« À Saint-Riquier, sur les traces de Nithard », in Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie, 1994

« Les cryptae carolingiennes de Thérouanne, in L’Art du haut Moyen-Âge dans le Nord-Ouest de la France, 1993.

« L’abbaye carolingienne de Saint-Riquier », in L’Art du haut Moyen-Âge dans le Nord-Ouest de la France, 1993.

« Saint-Riquier, les fouilles de la Tour du Sauveur », Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, 1990 (article).

« Saint-Riquier : une restitution nouvelle de la Basilique d’Angilbert », Revue du Nord, 1989 (article).

« Une restitution de l’ancienne cathédrale de Thérouanne », Archéologie médiévale, 1988.

« Cloîtres et salles capitulaires- Remarques sur les origines de la distribution des « lieux réguliers » dans les abbayes de l’ordre de Saint-Benoît, in Études Pierre Bougard, 1987.

« L’hypothèse du groupe épiscopal de Thérouanne », Revue du Nord, 1986 (article).

« Thérouanne. Les fouilles du quartier canonial, Archéologie médiévale, 1985.

« Les cathédrales de Thérouanne. Les découvertes de 1980 et la cathédrale gothique. (État des fouilles en octobre-novembre 1980 », Archéologie médiévale, 1983.

« Thérouanne (Pas-de-Calais). La Vieille Ville (compte rendu), Archéologie médiévale, 1982

« Thérouanne (Pas-de-Calais). La Vieille Ville (Cathédrale) (compte rendu), 1981.

« Les cathédrales de Thérouanne (article), Archéologie médiévale, 1980.

« Pas-de-Calais. – Thérouanne (compte-rendu), Archéologie médiévale, 1978.

« La restauration du plan en relief d’Arras », in Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, nouvelle série 12-13, fascicule A, p. 79-112, 1978.

« Un site prestigieux du monde carolingien : Saint-Riquier » (article), Revue archéologique de Picardie, 1978.

« Pas-de-Calais. – Thérouanne (compte-rendu), Archéologie médiévale, 1977.

« Les états carolingiens de la cathédrale de Thérouanne (Pas-de-Calais) (article) », Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1976.

« Fondations Gothiques du Nord et de Picardie (article) », Revue archéologique de Picardie, 1975.

« Les fouilles de Saint-Riquier » (article) », Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, 1964.

« La reprise des fouilles de Thérouanne », Revue du Nord, 1962 (article).

« Les chœurs successifs de l’ancienne abbatiale d’Ham-en-Artois », Revue du Nord, 1958 (article).

Avec Pierre HÉLIOT, « Les fouilles de la collégiale de Lillers », in Les monuments historiques de la France, 1955, n 4, p. 181-186.

Sources

État civil : Arras, décès, acte 22/2007.

PERREAU Francis, discours de réception au XVIIIe fauteuil, le 20 juin 2004.

CARIDROIT Marguerite, discours de réception au 8e fauteuil.

PAIN-CAZE Marie-Laure, L’architecture monastique sous le règne de Charlemagne, thèse Paris X Nanterre, 2017.

THIEBAUT Jacques, « La restauration du plan-relief d’Arras », in Bulletin monumental, 1979.

 Francis Perreau et Michel Beirnaert