Versailles (Notre-Dame) 27.02.1776 – Arras 26.06.1847. Négociant en draps, juge élu au tribunal de commerce d’Arras.

Élu le 18 mars 1820 pour succéder à l’ingénieur des Ponts et Chaussées Jean-Baptiste Courtalon sur le 21e fauteuil. Il est remplacé en 1828 par Victor Derode. Il n’a pas laissé de traces dans la chronique de l’Académie.

Académicien dont l’état civil était resté une énigme. Les archives de l’Académie se souvenaient de l’année de son élection (1820) et de sa profession (négociant). En 1937, Georges Besnier notait : « négociant qu’il est difficile d’identifier entre divers homonymes ». Le docteur Diers en 2007 avait seulement précisé « qu’il avait exercé un temps la présidence du tribunal de commerce ».

Partant de l’année de son élection, une analyse fine des données de l’état civil et des recensements de population depuis 1815, a permis de l’identifier et de suivre sa vie familiale et professionnelle, dont on se permet ici de conserver le détail. 

Fils de Jean Baptiste Bénard, marchand tailleur d’habits à Versailles, et de Reine Mornet, il est âgé de 29 ans et commis voyageur demeurant à Elbeuf (Seine-Inférieure) quand il épouse à Arras le 20 mars 1805 Julie Scribe, fille de Joseph Scribe, négociant, et de Charlotte Caudron. Ce mariage le fixe à Arras où il devient marchand de draps, rue des Balances. Mais son épouse décède prématurément le 6 février 1806.

Un an et demi plus tard, il assoit sa position en épousant en secondes noces Louise Augustine Angélique Grossemy, fille du conservateur des hypothèques. De leur union naissent, de 1808 à 1820, sept enfants. Son ami, le futur académicien (1831-1856) et futur maire d’Arras (1830-1837), Jacques Dudouit, comme lui natif de la même paroisse de Versailles et comme lui marchand de draps, signe comme témoin leurs actes de naissance. 

En 1808, à la naissance de son premier fils, il réside rue Saint-Jean-en-Ronville. En 1812, à la naissance de son 3e enfant, il habite rue des Trois Faucilles et de « marchand de draps » devient « négociant »

C’est le moment où il jouit d’une certaine notoriété. En 1820, il est reçu à l’académie d’Arras. En 1820 et 1821, il est juge au tribunal de commerce d’Arras qu’il préside en 1823. Ses affaires prospérant, il acquiert le moulin de poterne, l’un des trois moulins à eau installés sur le Crinchon, au bas de la rue de la Douizième y monte une blanchisserie mécanique et déménage pour habiter près de son moulin. En 1826, à l’instigation du baron Léopold de Hautecloque maire légitimiste d’Arras (1826-1830), il entre au conseil municipal et devient même adjoint.

Tout se brise en 1828, quand le conseil municipal décide de faire curer un abreuvoir alimenté par le Crinchon. Les travaux privent d’eau son moulin et son usine est au chômage pendant plus d’un mois. Il obtient de la Préfecture le droit de poursuivre la ville en dommages et intérêts et fait paraître pour justifier sa cause un virulent Mémoire. Le maire réagit en l’attaquant pour diffamation. La rupture est définitive et radicale : Bénard en fait une affaire personnelle, il démissionne de sa charge d’adjoint, quitte l’Académie trop légitimiste à son goût, et rallie le camp libéral où il retrouve Dudouit, Audibert, Harbaville … 

Lors du banquet réformateur du début du mois de janvier 1830 à Arras, il porte un toast à « l’Association pour le refus de l’impôt ». Il triomphe en juillet quand les légitimistes sont chassés de la mairie d’Arras. Magnanime, il facilite la fuite de Hautecloque.

La chronique locale n’a pas gardé la trace de la suite de sa carrière. À son décès, en 1847, il est domicilié place du Théâtre.

 

Publications

Mémoire sur le rétablissement des maîtrises et des corporations, et sur la nécessité de limiter les attributions des commissaires-priseurs, Arras, Boutry, 1823.

Sources

Identification : AD 62, recensement, ARRAS, 1823, M 3764, liste nominative, section D, p 25/211.

État civil : premier mariage : AD62, 5 MIR 041/43, p. 733/1405 ; décès première épouse : AD62, 5 MIR 041/51, p 479/1465 ; second mariage : AD62, 5MIR 041/43, p. 902/405 ; naissance premier enfant 1808 : AD62, 5MIR 041/33, p. 361/1418 ; naissance second enfant 1810 : AD62, 5 MIR 041/33, p. 635/1418 ; naissance troisième enfant 1812 : AD 62, 5 MIR 041/33, p. 1036/1418 ; naissance quatrième enfant 1814 : AD62, 5 MIR 041/34, p. 103/1413 ; naissance cinquième enfant, 1816 : AD 62, 5 MIR 041/34, p. 455/1413 ; naissance sixième enfant, 1818 : AD62, 5MIR 041/34, p. 1156/1413 ; naissance septième enfant, 1820 : AD62, 5 MIR 041/35, p. 226 ; décès seconde épouse, 1832 : AD62, 5 MIR 041/54, p. 933/1338 ; son décès, 1847  : AD62, 5 MIR 041/56, p. 528/1318.

Activités : Annuaire du Pas-de-Calais, 1820, 1821, 1822, 1823, 1828.

QUERARD J-M, La France littéraire ou Dictionnaire bibliographique des savants, historiens et gens de lettres de la France… pendant les XVIIIe et XIXe s., tome 1er, Paris, 1827.

HAUTECLOQUE de, La seconde Restauration dans le Pas-de-Calais, MAA 2e série, tome XLII- 1911, p. 61, 109-110, 201.

HERICOURT, Les Rues d’Arras, t 1. Rue de la Douisienne.

 Michel Beirnaert