Rivière 19.09.1700 – Arras 09.03.1771. Inspecteur général de l’artillerie.

Élu le 6 février 1740, au 34e fauteuil, pour succéder à Jérôme Manchon. Il n'a pas de successeur, son fauteuil est supprimé après son décès.

 Pierre-François Ansart, écuyer, était le fils de Pierre-François (1665-1740), avocat au Conseil d’Artois, seigneur de Mouy et de Gaudiempré, et de Marie-Michelle de La Haye (ou de La Haie). Une de ses sœurs avait épousé Pierre-Joseph Le Gay, seigneur de Ramecourt, et une de ses tantes était alliée à Pierre-Grégoire Enlard seigneur de Granval, tous deux membres de la Société littéraire d’Arras. Il est mort sans alliance, mais son frère puîné a eu huit enfants, et l’Académie compte au XIXe siècle deux descendants de la famille : Charles-Joseph Leducq, avocat, de 1817 à 1818, et, son neveu, Léandre Leducq, également avocat, de 1831 à 1850.

 Ansart de Mouy fit une brillante carrière dans l’artillerie.

Jeune officier attaché à l’état-major, il est d’abord « aide de camp d’artillerie » [officier subalterne chargé de porter les ordres] à Strasbourg. Il devient « commissaire ordinaire » [capitaine] en 1732. Lors de sa première campagne de guerre, en 1733, [guerre de succession de Pologne opposant les troupes franco-sardes aux troupes Autrichiennes]  il fait partie du 3e bataillon du Royal Artillerie et participe aux sièges de Pizzighettone, propriété du duché de Milan (novembre et décembre 1733) et de la citadelle de Milan, occupés par les forces autrichiennes.

En 1734, il est nommé « commissaire provincial » [lieutenant-colonel]. Il ne participe pas aux premiers combats de la guerre de Succession d’Autriche (1740-1748), ayant été nommé commandant en second l’École d’artillerie de la Fère. Les registres mémoriaux de la Ville d’Arras signalent qu’il y est détaché en 1744. Cette même année, de Mouy participe, sous les ordres de Joseph-Florent de Vallière, aux sièges de Menin, Ypres, Tournai, et à la bataille de Fontenoy, le 11 mai 1745.  Il est nommé « lieutenant général d’artillerie » [colonel] en 1746, puis « brigadier » [colonel supérieur] le 1er janvier 1748.

Pendant la guerre de Sept ans (1756-1763), il participe aux sièges et prises de Bruxelles, Anvers, Mons et Charleroi. Le 12 avril 1757, lors de l’attaque du Havre par les Anglais, de Mouy est grièvement brûlé et obligé de prendre un long repos. Le 1er janvier 1759, il est en Allemagne, à la tête du 6e bataillon, dit « la brigade de Mouy », sous la direction du Maréchal de Contade. Au cours de la funeste bataille de Minden (18 août 1759), le bataillon de Mouy se comporte vaillamment et protège la retraite du gros de l’armée.

Le 21 février 1761, il est nommé « maréchal de camp » [général de brigade] et on lui confie l’inspection générale du corps de l’Artillerie. C’est le moment où Choiseul décide de remplacer la Marine par l’Artillerie dans le contrôle des colonies et qu’il crée dans ce but une « brigade des colonies ». De Mouy est chargé d’en diriger la formation. Mais la nouvelle brigade est affectée à la place de Toul. En 1763 et 1764, il est sous les ordres du Maréchal de Soubise, en Flandre. Le 31 mars 1764, il est promu commandeur de l’ordre de Saint-Louis, en même temps que Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval (1715-1789). Tous deux, le 19 juillet 1765, sont élevés au grade de lieutenant général des armées [général de division].  De Mouy fit donc « une belle carrière militaire ». « C’était, dit Georges Sens, un modeste, mais aussi un travailleur épris de son métier. »

Attaché à Arras par ses origines géographiques et familiales, et connaissant Victor d'Artus de par ses fonctions, il est élu à la Société littéraire d’Arras le 6 février 1740. Il succède, au 34e fauteuil, à un administrateur militaire important, Jérôme Manchon, « commissaire ordonnateur des Guerres » [intendant des armées]. Dans son remerciement, Ansart de Mouy traita de l’Utilité de l’Histoire., et en 1741, il lut à la Société un mémoire sur les Forestiers de Flandre. Toujours en déplacement au gré des campagnes militaires, il semble n’avoir été en poste à Arras qu’un court moment en 1744. La résidence à l’époque n’était pas exigée. En 1753, il adressa une lettre à la Société que lut son oncle Pierre Enlart de Grandval sur les intérêts du Comique attendrissant, et celui-ci produisit un mémoire sur le même sujet.

Il fut longtemps à l’Académie le seul représentant de l’arme de l’artillerie. Un autre officier y fut nommé en 1769, le marquis Benjamin de Belloy, colonel directeur au département d’Arras.

Après son décès, le fauteuil fut supprimé. M. Monlien de la Borère, principal du Collège, lut son éloge funèbre. Georges Sens dit que « ce discours, fort étendu et que nous ne possédons plus, était divisé en deux parties où l’auteur montrait qu’ Ansart de Mouy réunissait toutes les connaissances et les belles qualités relatives à son état, et qu’il possédait également toutes les vertus du vrai citoyen. ». Le poème en vers du comte Boudart de Couturelle sur le même sujet est joint à l’article de Georges Sens. Van Drival ne signale aucun discours ni communication d’Ansart de Mouy. 

Publications

Pierre François Ansart de Mouy a laissé quelques manuscrits qui ont brûlé en 1915 : Mémoires d’Artillerie, de 1710 à 1769. – Armée des Pays-Bas et équipages de campagne, Bruxelles, Douay, Namur, etc. – Armée de Flandre. Artillerie. Siège de Maëstricht.

Sources

BODINIER Gilbert, Dictionnaire des Officiers généraux de l'Armée royale (1763-1792), tome I (A-C), 2009.

SENS Georges, Notice sur Pierre-François Ansart de Mouy, inspecteur général de l’artillerie, membre de la société d’Arras (1700-1771), MAA, 3e série, t. 6 (1926), p. 19-35. Cet article contient l’Éloge funèbre, en vers, du comte de Couturelle.

 Jean Pierre Diers