Bapaume 08.04.1823- Faverolles [Indre] 29.03.1897. Propriétaire terrien, avocat, ancien député maire d’Arras.

Élu en 1887 pour succéder au chanoine Robitaille sur le 3e fauteuil, reçu en 1889. Il est remplacé en 1898 par le colonel Delair.

Fils de notaire et petit-fils d’un député à l’assemblée législative révolutionnaire, Ernest Deusy fait des études de droit et devient avocat à Paris puis à Arras. Il possède en outre de nombreuses terres dans les environs d’Arras et Bapaume ainsi que dans l’Indre où il est propriétaire d’un château. Membre du conseil d’administration de la Société des agriculteurs de France depuis sa fondation en 1868, créateur du syndicat agricole de Bapaume qui a beaucoup servi de modèle ailleurs, il s’affirme comme l’un des pionniers du syndicalisme agricole français. Catholique libéral et républicain dès 1848, il est nommé maire d’Arras le 8 septembre 1870 en remplacement du bonapartiste, le docteur Hippolyte Plichon. Les électeurs le confirment à ce poste majoral aux élections municipales d’avril 1871. Après deux échecs à la députation en 1869 et 1871, il est élu en 1876 grâce au soutien des royalistes légitimistes et bat le candidat bonapartiste Édouard Sens dans la première circonscription d’Arras. Il fait partie, pendant la crise du 16 mai 1877, des 363 députés qui refusent la confiance à de Broglie. Sévèrement critiqué par la presse royaliste et conservatrice, il est battu en octobre 1877 par Édouard Sens. Il est toutefois réélu dès avril 1878 suite à l’invalidation de ce dernier. Il se révèle un député très actif : Rapporteur de la Commission d’enquête sur les comptes de la guerre de 1870, il s’intéresse à la législation minière, aux voies navigables et plaide pour un protectionnisme protecteur de l’agriculture française. Catholique sincère, il ne peut résister à la montée de l’anticléricalisme chez les Républicains. Hostile à la laïcisation de l’École, il est mis en minorité dans son conseil municipal et démissionne en 1879 de ses fonctions de maire. Il ne se représente pas à la députation en 1881. Il demeure toutefois conseiller général de Bapaume, vice-président du syndicat des agriculteurs de France et s’emploie, après la loi de 1884, à multiplier les syndicats agricoles sur le modèle de celui qu’il a créé à Bapaume en 1885. Grand amateur d’art, il résidait 87, rue Saint-Aubert à Arras, dans un élégant hôtel particulier en style néo-gothique construit vers 1860 par l’architecte Grigny. Aquarelliste de talent, il consacre ses dernières années à la peinture. Membre de l’Académie d’Arras depuis 1889, il est vice-président de la Société artésienne des amis des arts et président d’honneur de l’Union artistique du Pas-de-Calais.

Sources

MENAGER Bernard, FLORIN Jean-Pierre, GUISLIN Jean-Marc, Les parlementaires du Nord-Pas-de-Calais sous la III e République, 2000, p.287.

MARCHAL Gaston-Louis et WINTREBERT Patrick,  Arras et l’art au XIXe siècle, M.C.D.H.A du Pas-de-Calais, t. XXIV, Arras, 1987, p.105.

HUBSCHER Ronald, L’agriculture et la Société rurale dans le Pas-de-Calais du milieu du XIX e siècle à 1914, M.C.D.M .H du Pas-de-Calais, Arras, 1979, t.2, p.588, 602, 608, 609, 615.

HILAIRE Yves-Marie, Une chrétienté au XIXe siècle ? , La vie religieuse des populations du diocèse d'Arras (1840-1914), t. 1, 1977, p. 254, 332, 341, 382, t.2, p.588, 603, 606, 665, 694, 811.

Alain Nolibos