Clazay (79) 27.07.1851 – Arras 28.04.1934. Chanoine, secréta ire et confident de Mgr Lobbedey,

Élu le 15 juillet 1921 pour succéder à Mgr Ildefonse Hervin sur le 5e fauteuil ; il est remplacé en 1935 par le chanoine Albert Morez.

Formé au grand séminaire ultramontain de Poitiers il est ordonné prêtre le 19 septembre 1875. Partageant totalement les idées de son évêque, Mgr Pie, (le « champion » de l’ultramontanisme et l’un des promoteurs au Concile Vatican I du dogme de l’infaillibilité pontificale), il s’affilie aux Oblats de Saint-Hilaire, congrégation de prêtres séculiers diocésains que Mgr Pie a fondée en 1855 et qui sera dissoute après son décès en 1880. Envoyé poursuivre ses études à l’Université grégorienne de Rome, il y obtient un doctorat de théologie. Il s’y est lié d’amitié avec son condisciple, Émile Lobbedey, et leur amitié durera. À son retour, âgé seulement de 26 ans, il est nommé en 1877 directeur du « convictus » de la toute nouvelle Faculté de théologie de Poitiers voulue par Mgr Pie. L’année suivante, il devient professeur au grand séminaire de Poitiers où il enseigne successivement l’Écriture sainte (1878), le dogme, (1880), la philosophie (1881-1884).

Ce début de carrière si prometteur est interrompu brutalement à l’arrivée de Mgr Bellot des Minières, successeur de Mgr Pie. Dans son mandement de prise de possession du diocèse, le 2 février 1881, le nouvel évêque exprime une «profonde gratitude» à l’égard du gouvernement en place [dont la politique était particulièrement anticléricale]. Cette position obséquieuse et maladroite scandalise la plupart des ecclésiastiques du diocèse. Henri Vergneau demeure fidèle à ses idéaux légitimistes et ultramontains. Comme d’autres, il est sanctionné. Écarté du grand séminaire en 1884, il est dès lors relégué dans d’obscurs emplois qu’il accepte avec humilité. Il est ainsi professeur d’histoire et géographie au collège de Niort (1884), professeur au petit collège de Rom au fin fond du pays de Melle (1885-1888), sans affectation de 1888 à 1891, missionnaire diocésain à Niort (1891-1893), professeur d’allemand à Niort (1893-1901) vicaire à Montmorillon en 1901, curé du petit village de Voulon à partir de 1902. Il demeure néanmoins intellectuellement actif et publie en 1906 aux éditions du Sillon poitevin, À propos des idées du Sillon, lettre à un ami. Il y réfute les arguments des ennemis du Sillon : c’est la période où ce mouvement séduit une part croissante du clergé, avant sa condamnation par Pie X en 1910.

Son ami Émile Lobbedey, nommé évêque de Moulins en 1906, le sort de son exil paroissial pour en faire son secrétaire particulier. Les deux hommes s’apprécient depuis plus de trente ans, ils partagent la même vision de l’Église et de la société. Henri Vergneau restera au service de Mgr Lobbedey à Moulins puis à Arras quand il y est transféré en 1911. Preuve de la confiance de Mgr Lobbedey, il dirige à Arras la Semaine Religieuse, organe de presse officiel du diocèse, et il est nommé chanoine titulaire le 29 août 1913.

Après la mort de son évêque le 24 décembre 1916, il en écrit la biographie qu’il publie en 1920. C’est alors qu’il est élu à l’Académie d’Arras à laquelle il consacre le reste de sa vie. Auguste Tierny, secrétaire-adjoint, dira de lui en 1922 « il est le membre le plus laborieux de l’Académie ; grâce à lui nos séances ne sont jamais inoccupées… L’ordre du jour est-il vide ? Il a toujours une communication intéressante, toute prête, pour le remplir ». Le même dira encore en 1926 « il est l’orateur le plus habituel de nos séances depuis cinq ans, le plus actif des sociétaires dans sa collaboration ». Il rédige avec beaucoup d’esprit les rapports des concours, tantôt de poésie, tantôt d'histoire, tantôt de littérature. Il est l’auteur de vingt articles publiés de 1921 à 1929 dans les Mémoires de l’Académie et de sept brochures, fruits de ses recherches locales. En 1927 il est secrétaire-adjoint, et de 1928 et 1931, secrétaire-général de l’Académie, poste où il succède à Auguste Tierny. La maladie le frappe au cours de l’année 1931 et il est obligé de mettre fin à ses activités publiques. Il meurt au printemps de 1934, âgé de 83 ans.

Demeuré fidèle à ses idées et à ses amis, aimable, enjoué, de grande culture, mais préférant rester dans l’ombre, il a demandé par testament qu’on s’abstienne de tout éloge funèbre lors de ses obsèques. Arrageois d’adoption, peu connu du grand public, il est enterré accompagné seulement de quelques amis. Heureusement, son successeur au 5e fauteuil, le chanoine Albert Morez, consacre l’essentiel de son discours de réception à lui rendre hommage.

Publications dans les Mémoires de l'Académie

Rapport sur le concours littéraire de 1921, MAA, 3e série, t. I (1921), p. 261-182.

Rapport sur le concours littéraire de 1922, MAA, 3e série, t. II (1922), p. 195-216.

Les lettres de M. Tronson à Mgr Guy de Sève de Rochechouart, évêque d'Arras (1670-1724), MAA, 3e série, t. 2 (1922), p. 7-20.

L'affaire "Jean Petit", MAA,  t. II (1922), p. 37-90.

Un rapt de relique au XIIe siècle, MAA, 3e série, t. III (1924), p. 53-62

Buridan et la tour de Nesles, MAA, 3e série, t. III (1924), p.75-86.

Quesnes ou Conon de Béthune,  MAA, 3e série, t. III (1924), p.87-114.

Clément de Fauguembergue, MAA, 3e série, t. III (1924), p. 115-134.

Choses d'Artois, I.- À propos du manuscrit de la passion d'Arras ; II.-  Une moralité jouée à Arras en 1435 ; Le livre d'Angelino Gazet intitulé : Pia hilaria (pieuses joyeusetés) ; IV.- Ham-en-Artois. Une élection d'abbé au XVIIe siècle ; V.- L'abbaye du Vivier de l'ordre et de la filiation de Citeaux, MAA, 3e série, t. IV (1924), p. 67-118

Influence exceptionnelle de certains livres au point de vue social, MAA, 3e série, t. IV (1924), p. 65-78.

Les Arts et la Politique, ou histoire d'un tableau, MAA, 3e série, t. IV (1924), p. 79-90.

Les conséquences d'une tâche d'encre (1809), MAA, 3e série, t. V (1925), p. 127-136.

Un traité de le civilité puérile t honnête au XVIe siècle, MAA, 3e série, t. V (1926), p. 137-148.

À travers les Lettres et les Arts, MAA, 3e série, t. VI (1927), p. 69- 116.

Histoire d'une pièce de théâtre pendant la révolution (janvier 1793), MAA, 3e série, t. VI (1927), p. 129-138.

Ce qui arriva aux acteurs de la pièce intitulée "L'Ami des Lois", MAA, 3e série, t. VI (1927), p. 139-146.

À travers les Lettres et les Arts, MAA, 3e série, t. VII (1928), p. 127-164.

Ça et Là, MAA, 3e série, t. VIII (1929), p. 89-136.

Ça et Là, MAA, 3e série, t. IX (1930), p. 137-168.

 Rapport sur les travaux de l'année 1931, MAA, 3e série, t. X (1931), p. 197-206..

 

Autres publications :

À propos des idées du Sillon, lettre à un ami, Au Sillon poitevin, 1906

Vie de Mgr Lobbedey, évêque de Moulins (1906-1911), évêque d’Arras de 1911 à 1916, Arras, 1920

 

Sources :

Arch. dioc Poitiers, H 2-1.

Arch. dioc. Arras, 4 Z 626 ; Répertoire CLETON.

FAVREAU Robert, Poitiers, Histoire des diocèses de France, Paris, 1988

MOREZ Albert, Discours de réception à l’Académie d’Arras, MAA, 3e série, t 14, 1935-1937.

 Michel Beirnaert