Paris 26.11.1876 - Arras 18.02.1963. Paris (6e) 26.11.1876 – Arras 18.02.1963. Ancien officier médecin des troupes coloniales, membre de la mission Pelliot de 1904 à 1909, inspecteur départemental d’Hygiène et d'Assistance du Pas-de-Calais, auditeur au Conseil supérieur d’Hygiène publique de France.
Élu le 15 juillet 1921, sous la présidence de Georges Sens, pour succéder à l’ancien officier de marine Georges Boulangé sur le 30e fauteuil. Président de l’Académie du 5 juin 1936 au 1er juin 1945, chancelier (1945-1948), vice-chancelier (1948-1952). Après son décès, il est remplacé le 24 avril 1964 par le chanoine Léon Berthe.
Il est le fils de Léon Louis Vaillant et de Henriette Hovius. Son père est docteur en médecine, docteur ès sciences naturelles, naturaliste, professeur titulaire de la chaire de zoologie au Muséum d’histoire naturelle de Paris, et administrateur du Muséum. Sa mère est fille de l’armateur et maire de Saint-Malo Auguste Hovius.
Après des études secondaires chez les Oratoriens du collège Massillon à Paris et au lycée Charlemagne, il intègre l’École principale du service de santé de la Marine à Bordeaux. À sa sortie en 1902, médecin major de 2e classe, il est affecté au 2e régiment de tirailleurs tonkinois en campagne au Tonkin.
Il en est détaché, du 1er décembre 1905 au 1er mars 1909, pour participer à la mission du sinologue Paul Pelliot au Turkestan, organisée par le Comité français de l’Association Internationale pour l’exploration de l’Asie Centrale et de l’Extrême-Orient. Le but de cette mission est de refaire l’itinéraire du cheminement du bouddhisme d’ouest en est, depuis la région des Pamirs au Turkestan jusqu’à la Chine ancienne, et d’y rechercher les vestiges des monastères bouddhiques du Haut Moyen-Âge. Dans cette mission, le jeune lieutenant Louis Vaillant « est chargé de tout ce qui concerne l’histoire naturelle, des relevés topographiques et astronomiques, et de l’anthropologie ». Il s’y prépare, de manière autodidacte, à l'Observatoire de Montsouris, au Bureau des longitudes et au Service géographique de l'Armée qui lui fournissent pour l'expédition un théodolite, une lunette astronomique et trois montres de précision. Au cours de la mission, « il lève à la planchette deux mille cinq cents kilomètres d'itinéraires entre Kachgar et Lan-Tcheou, détermine avec précision quarante-sept positions géographiques corrigeant les erreurs des cartes précédentes, établit la cartographie de l'oasis de Koutcha ainsi que, plus sommairement, celle de trois autres oasis et observe la géographie physique et humaine de ces oasis et, particulièrement, le danger du mouvement des dunes. Il se sépare régulièrement du reste de l'expédition pour mener des études plus approfondies de la géographie des contrées traversées. Ainsi, en été 1907, il pénètre dans les monts Tian-Chan au nord de Koutcha pour y reconnaître les mines de cuivre, d'alun et de charbon. Il étudie aussi en septembre la faune et la flore autour du lac Karakul et, en décembre, explore seul les ruines de Manas. Il traverse aussi le massif du Tabyn-Bogdo-Ola. Après une expédition jusqu'à Dunhuang, en juillet 1908, il part seul vers Xining pour visiter la lamaserie de Koumboum. Vaillant n'oublie jamais qu'il est médecin et, dans toutes les villes où la mission s'arrête, il apporte tous les soins qu'il peut à la population, établissant à chaque fois un véritable petit dispensaire » (Jean Pierre DREGE).
Au retour de cette expédition, il épouse Marguerite Marie Henriette Thévenot (1885-1917), à Paris (5e), le 9 juillet 1910. Puis, avec elle, il rejoint ensuite son poste à l’hôpital de Hanoï. Ils auront trois enfants.
Pendant la Grande Guerre, il rentre en France, médecin major au 35e Régiment d’infanterie coloniale. Il sert dans les ambulances de campagne jusqu’en 1916. Sa belle conduite lui vaut la Légion d’honneur avec citation à l’ordre de l’armée le 11 novembre 1914 : Depuis le début de la campagne, n’a cessé de faire preuve en toutes circonstances, de sang-froid, de dévouement et de vaillance. A du danger le plus superbe mépris et n’hésite pas à aller chercher les blessés jusque sur la ligne de feu. Son efficacité pratique lui vaut encore une citation à l’ordre du corps d’armée le 1er avril 1915 : Depuis le début de la campagne a fait preuve de bravoure et d’un dévouement intelligent et actif. A montré une ingéniosité remarquable en installant par des moyens de fortune une infirmerie qui est un véritable modèle d’infanterie de campagne.
Il est nommé médecin major de 1ère classe le 20 avril 1916 et sert désormais à l’arrière, dans les hôpitaux militaires des dépôts régimentaires de l’infanterie coloniale, jusqu’au 23 avril 1918. Il est alors désigné pour diriger le dispensaire antipaludique du service de santé du Gouvernement militaire de Paris. C’est à ce poste qu’il termine la guerre.
Veuf depuis 1917, avec trois jeunes enfants à charge, il se remarie avec Cécile Henriette Marie Camille Clotet (1892-1956) à Paris (6e), le 24 octobre 1920. De ce second mariage naîtront encore trois enfants.
Après sa démobilisation, officier de réserve des troupes coloniales, il est nommé, en 1920, inspecteur départemental de la Santé du Pas-de-Calais à Arras et vient habiter, avec sa famille nombreuse, une grande maison 6 rue de la Gouvernance. Dans ses nouvelles fonctions, il sillonne le département, contrôle l’analyse des eaux, l’hygiène du lait, les mesures contre les épidémies, notamment la lutte contre la diphtérie et la tuberculose. En 1924, il crée un laboratoire départemental de bactériologie. Avec les fonds de la fondation Rockefeller, il crée le comité d'hygiène du Pas-de-Calais qu’il animera jusqu’à la fin de sa vie. Il donne une impulsion au comité antituberculeux et, pour collecter des fonds, organise des campagnes de vente du timbre antituberculeux. Il met sur pied un réseau de dispensaires quadrillant le département et il forme le premier groupe des futures assistantes sociales qu'il appelle « dames visiteuses ».
Sa carrière militaire et sa responsabilité d’inspecteur départemental s’achèvent définitivement le 23 janvier 1940. Âgé de soixante-quatre ans, il est radié des cadres avec le grade de médecin colonel.
Il est, par ailleurs, conservateur adjoint du musée d’Arras et, depuis 1937, membre de la Commission départementale des Monuments historiques.
Son rôle a l’Académie d’Arras dont il a été membre pendant quarante-deux ans, est très important. Élu peu après son arrivée à Arras, et il y prend immédiatement une part active. Il en est président de 1936 à 1940. À ce titre il est responsable de l’organisation des festivités du bicentenaire de l’Académie les 24 et 25 avril 1937. Avant la guerre, il a reçu l’académicien Louis Leduc (2 juin 1938), l’abbé Jean Lestocquoy (15 décembre 1938), mais il ne peut recevoir le 14 décembre 1939 Charles Dehay mobilisé. Il a aussi prononcé en séance l’éloge funèbre de François Blondel (23 octobre 1936), Alexis Lavoine (26 février 1937), et Joseph Jardel (18 juin 1937).
Pendant la guerre de 1939-1945, l’impossibilité de tenir une assemblée générale lui impose de conserver la présidence jusqu’en 1945. Pendant la drôle de guerre, le 8 décembre 1939, alors qu’Arras est devenu le quartier général du corps expéditionnaire britannique en France, et que ce QG est installé dans une partie du palais Saint-Vaast, il fait élire membre honoraire de l’Académie d’Arras, Lord Wellesley, major des Grenadiers de la Garde, « dans le civil », conservateur des collections royales du Musée Victoria et Albert, qui assiste à la séance.
Il s’efforce de faire fonctionner normalement l’Académie, malgré l’occupation, les restrictions et la censure. Après une brève interruption entre le 10 mai 1940 (jour où quelques membres sont réunis malgré le bombardement d’Arras) et le 6 décembre 1940, il fait respecter le rythme des séances et des communications bimensuelles. Il fait publier une quatrième série des Mémoires de l’Académie, en neuf fascicules (1941-1945). Les concours sont maintenus en 1942 et 1943. Trois séances publiques sont organisées, le 11 janvier 1942 dans la salle de l’Harmonie, le 10 janvier 1943 et le 16 janvier 1944. Ce jour-là, en présence du préfet et de l’évêque on déplore, sans le nommer, l’absence de Georges Besnier, bibliothécaire de l’Académie depuis 1920, arrêté le 6 avril 1943 et détenu à la prison de Loos pour actes de résistance. Les académiciens sont en séance le 2 septembre 1944, jour de la libération d’Arras : « c’est dans une atmosphère de joie que s’ouvre cette séance, joie de voir notre ville libérée depuis deux heures de l’envahisseur et joie que cette libération se soit effectuée sans dommages pour la ville et la population ». …
Malgré la guerre, pour que l’Académie ne dépérisse pas, le président Vaillant a tenu à faire élire onze nouveaux membres : le chanoine François Gaquère et Léonce Petitot (7 février 1941), Lucien Chodorge, Philippe Gerber et Jules Mathon (7 mars 1941), le docteur Auguste Tierny et Maurice Sallon (4 juillet 1941), René Bargeton (9 avril 1943), Jacques Woillez et François d’Argoeuves (11 août 1944), Henri Baïssas (1er décembre 1944). Ils furent tous dispensés du discours de réception. Il lui est revenu de prononcer les éloges funèbres de Jean Paris (12 janvier 1940), Henri Dupret (8 mars 1940), Alfred Duquesnoy (le 3 mai 1940), du docteur Henri Brassart (28 avril 1944), de Maurice Sallon (12 mai 1944), de Louis Leduc (25 août 1944), de Jules Mathon (4 mai 1945).
La paix revenue, il laisse la présidence à Georges Savagner le 1er juin 1945, mais accepte encore le poste de chancelier de 1944 à 1948, et celui de vice-chancelier de 1948 à 1952.
Le 10 novembre 1961, l’Académie célèbre le quarantième anniversaire de son élection. L’hommage lui est rendu par le chanoine Lestocquoy. Dans sa réponse, Louis Vaillant évoque encore quelques souvenirs de jeunesse et de son expédition au Turkestan chinois.
Après son décès, ceux qui l’ont connu témoignent unanimement de sa modestie, de son exquise politesse, de sa grande délicatesse et de sa bonté.
Officier d’académie le 29 novembre 1909 au titre du ministère de l’Instruction publique pour son rôle dans la mission Pelliot.
Chevalier de la Légion d’honneur le 11 novembre 1914, officier le 17 décembre 1933.
Médaille d’or des épidémies, février 1925.
Commandeur de la Santé publique le 9 octobre 1953.
Communications à l’Académie
« Relation de la mission Pelliot », 8 décembre 1922.
« Les grands espoirs que fait naître le vaccin antituberculeux », 27 juin 1924.
« Le BCG et la vaccination contre la tuberculose », 15 octobre 1948.
« Le communisme en Chine », 11 janvier 1952.
Publications dans les Mémoires de l'Académie
« Quelques mots sur le Turkestan chinois (mission Pelliot) », MAA 3e série, t. 3 (1923), p.7-23.
« Quelques souvenirs sur les Chinois », MAA 3e série, t. 5 (1925), p. 53-64.
« Le devoir colonial », MAA 3e série, t. 11 (1931), p. 37-52.
« Allocution d’ouverture de la séance publique du 17 décembre 1936, MAA, 3e série, t. XIV (1935-1937), p.73-75.
« Éloge funèbre de M. Blondel, le 30 octobre 1936 » MAA, 3e série, t. XIV (1935-1937), p. 68-69.
« Éloge funèbre de M. Lavoine, le 26 février 1937 », MAA, 3e série, t. XIV (1935-1937), p. 124-127.
« Discours aux funérailles de M. Jardel, le 18 juin 1937 » MAA, 3e série, t. XIV (1935-1937), p. 143-145.
« Allocution d’ouverture de la séance publique du 2 juin 1938, MAA, 3e série, t. XV (1937-1940), p. 5-6.
« Réponse au discours de réception de M. Leduc le 2 juin 1938 », MAA, 3esérie, t. XV (1937-1940), p. 19-27.
« Discours aux funérailles de M. le docteur Alfred Lestocquoy », MAA, 3e série, t. XV (1937-1940), p. 34-37.
« Éloge funèbre de M. Wartel prononcé le 28 octobre 1938 », MAA, 3e série, t. XV (1937-1940), p.37.
« Allocution d’ouverture de la séance publique du 15 décembre 1938 », MAA, 3e série, t. XV (1937-1940), p. 38-39.
« Réponse au discours de réception de M. l’abbé Jean Lestocquoy le 15 décembre 1938 », MAA, 3esérie, t. XV (1937-1940), p. 54-65.
« Allocution d’ouverture de la séance publique du 14 décembre 1939 », MAA, 3esérie, t. XV (1937-1940), p. 157-159.
« Éloge funèbre de M. Jean Paris prononcé lors de la séance du 12 janvier 1940 », MAA, 3e série, t. XV (1937-1940), p.169-172.
« Éloge funèbre de M. Dupret prononcé le 11 mars 1940 », MAA, 3e série, t. XV (1937-1940), p. 172-173.
« Éloge funèbre de M. Duquénoy au cours de la séance du 3 mai 1940 » MAA, 3e série, t. XV (1937-1940), p. 173-174.
« Les causes de la dégénérescence de la pomme de terre », 4e série, t. I (année 1941-1942, fascicule 1), p.35-36.
« Hommage rendu à la mémoire de M. Aubron », MAA, 4e série, t. II (année 1943, fascicule I), p. 3-4.
« Allocution d’ouverture de la séance publique du 10 janvier 1943 », MAA, 4e série, t. II (année 1943, fascicule I), p. 40-42.
« Le microscope électronique », MAA, 4e série, t. II (année 1943-1944, fascicule II), p. 91-96.
« Allocution à la séance publique du 16 janvier 1944 », MAA, 4e série, t. II (année 1943-1944, fascicule III, p. 171-173).
Autres publications
« Rapport sur les travaux géographiques faits par la mission archéologique d'Asie centrale (mission Paul Pelliot, 1906-1909 », Actes du 80e congrès national des Sociétés savantes, Lille, 1955, p. 77-164.
« Note sur le dispensaire antipaludique du gouvernement militaire de Paris », Faculté de médecine et de pharmacie, Bordeaux, 1918 ...
Sources
Base Léonore N° de Notice : c-322622
DEMANCHE Georges, « Au Turkestan chinois, la Mission Pelliot », Revue française de l’étranger et des colonies, t. XXXV, n° 373, janvier 1910, p. 8-19.
BERTHE Léon Noël, Discours de réception à l'Académie d'Arras le 21 juin 1964, Arch. diocésaines Arras, 19 V 14.
« Nécrologie du docteur Louis Vaillant », Mémoires Académie Arras, 5e série, t. 4 (1960-1965), p. 152.
DREGE Jean-Pierre, La mission de Paul Pelliot au Turkestan chinois et en Chine (1906-1909) : les clefs d’un succès, guimet-photo-pelliot.fr