Arras (Saint-Géry) 19.02.1739 - Arras 13 avril 1830. Avocat, procureur général du Conseil provincial d’Artois.

Élu le 18 février 1769 pour succéder à Louis François Delestré sur le 7e fauteuil. Il est réinstallé sur son fauteuil, à la restauration de l'Académie, le 7 mai 1817, mais démissionne immédiatement. Il est remplacé en 1818 par Auguste Cot

Fils de Pierre-Grégoire-Marie, Conseiller au Conseil d’Artois, il fait ses études au collège Mazarin à Paris. On ignore presque tout de sa jeunesse et de ses années de formation mais il est reçu avocat au Conseil d’Artois le 6 octobre 1763. Le 2 janvier 1764, il est nommé procureur général avec dispense d’âge et succède ainsi à son grand-oncle Pierre-André-Joseph Bataille. Le procureur général assumait la « fonction de la plume ». Il était chargé d’instruire les causes, de rédiger les réquisitions, de communiquer ses conclusions à la Cour ; il se concertait avec le Président, supervisait le secrétariat, assurait la garde des archives. Par contre l’avocat général avait la « fonction de la parole » dans le prétoire. Enlart de Grandval eut toujours d’excellents rapports avec l’avocat général Foacier de Ruzé. Laroche évoque la suppression du Conseil d’Artois et la dernière séance du 5 novembre 1790 où maître Dauchez rendit hommage aux lumières du Ministère public représentant le roi.

Grégoire-Joseph-Marie s’était fait construire à la fin des années 1780 un hôtel particulier dans la Basse ville, rue de Beauffort. Le recensement de 1790 nous précise qu’il y vivait avec son épouse Julie Delevacq et ses deux fils Louis Hubert et Aimable. Sa sœur et son beau-frère, le comte de Béthune, s’exilèrent aux Pays-Bas dès 1792.  Grégoire demeuré sur place, fut déclaré suspect en 1793 et mis en arrestation d’abord chez lui puis transféré à l’Abbatiale (ancien hôtel de Beauffort). Il y aurait appris le grec... Il fut libéré tardivement le 6 Brumaire an III (27 octobre 1794) par le nouveau représentant en mission Berlier.

Il ne fut pas réintégré dans l’administration judiciaire et un rapport du préfet général de La Chaise datant de 1811 note  abruptement « 69 ans, ancien Procureur général, intègre, éclairé, considéré mais affecté de surdité,  15.000 francs de revenus ». Il figurait parmi les membres du collège électoral du Pas-de-Calais mais vieilli et retiré des affaires, il ne se consacrait plus qu’à ses propriétés autour d’Arras et à la littérature jusqu’à sa mort en 1830. Son hôtel fut vendu en 1831 par ses fils à Mgr de la Tour d’Auvergne qui en fit don pour le Petit séminaire.

Élu à l’Académie en 1769, il écrit  beaucoup de travaux importants dont une « traduction complète des psaumes en vers français… ». Il fit parti des cinq anciens académiciens qui furent nommés le 7 mai 1817 par le préfet pour intégrer la nouvelle académie portant l’appellation « Société royale pour l’encouragement des Sciences, des Lettres et des Arts ». Mais il déclina cet honneur dès le 13 mai. À sa place, Auguste Cot fut élu le 26 septembre 1817.

Publications 

Considérations morales et politiques sur le prêt à intérêt, tel qu’il se pratique aujourd’hui en France, Paris, 1823.

Traduction  complète des psaumes en vers français, sur les textes hébreux, des LXX (Septante), et de la Vulgate, Paris, 1819.

Sources 

État civil : naissance : AD 62,  MIR 071/4, p. 806/1309 ; décès : AD 62, 5 MIR 041/54, p. 370/1338.

LAROCHE Antoine, « Rapport sur le concours d’histoire de 1859 », Mémoires de l'Académie d'Arras, 1ère série, t. XXX (1858).

VAN DRIVAL Eugène, Histoire de l’Académie d’Arras, Arras, 1872, p. 297-303.

BERTHE Léon-Noël, Dictionnaire des correspondants de l’Académie d’Arras au temps de Robespierre, Arras, 1969, p.91.

SUEUR Philippe, Le Conseil Provincial d’Artois (1640-1790), t.1, Arras, 1982, p. 396, note 23.

 Alain Nolibos