Bienvillers-au-Bois 31.05.1882 – Arras 02.05.1968. Médecin gynécologue, poète régionaliste et romancier, « le barde de l’Artois », fondateur de la Société des Écrivains Anciens-Combattants.
Élu le 8 janvier 1937 pour succéder à l'ingénieur François Blondel (cadet) sur le 14e fauteuil ; reçu le 1er juillet 1937 par Félix Simon. Il est remplacé le 11 avril 1969 par le docteur Stéphane Belbenoît.
Après ses études au collège d’Arras et à la faculté de médecine de Lille, Émile Poiteau exerce le métier de médecin avec un grand dévouement, visitant les malades dans d’inconfortables cabriolets ou même à bicyclette et se faisant le « serviteur de la misère humaine ». De 1914 à 1918, médecin capitaine au 1er corps d’armée, il participe à différentes opérations (Somme, Aisne, Chemin des Dames, Verdun….) et il est gazé à deux reprises. Membre fondateur des Écrivains-combattants, il publie de nombreux textes et poèmes sur la guerre et les souffrances de ceux à qui allaient ses soins. Médecin inspecteur de l’Assistance publique, médecin conseil des Caisses d’Assurance sociale, il est nommé le 1er octobre 1937 médecin-chef de ces caisses départementales. Pendant la deuxième guerre mondiale, résistant, il écrit des textes qu’il cache et qu’il publie par la suite sous le titre : À l’ombre de la croix gammée, ouvrage couronné par l’Académie française. Un de ses fils, Michel (1911-1995), médecin et résistant, est chargé de la réception de parachutages d’armes. Arrêté et déporté, il rentrera très affaibli.
Émile Poiteau qui a déjà été intronisé chez les Rosati, est reçu en 1937 à l’Académie d’Arras. Il écrit son discours de réception en vers et y fait l’éloge de son pays d’Artois, « terre féconde, historique et martyre ». Cet amour pour son pays natal et les textes qu’il lui consacre lui valent d’être appelé le « barde de l’Artois ». Félix Simon lui fait une réponse également en vers. La présence de Poiteau chez les Rosati a été perturbée en 1933 par l’affaire du buste de Robespierre. Refusant comme d’autres de s’associer à l’hommage rendu à Robespierre, il démissionne avec fracas et ne réintégre la société anacréontique qu’en 1946. Cette affaire va avoir une conséquence cocasse : dans la salle du conseil municipal, sur une fresque évoquant différents aspects de la vie d’Arras, Charles Hollart avait donné à un trouvère les traits de Poiteau. Agacé par cette ressemblance, le maire exige d’effacer ce qu’il considère comme une agression. Un ami peintre de Hollart retouche la fresque en enlevant les attributs pileux donnant ainsi un vernis de vraisemblance historique : un trouvère du XIIe siècle ne peut arborer moustache et bouc napoléonien !
Émile Poiteau est l’auteur de nombreux ouvrages, des romans, un récit de guerre, Les Coulisses de l’épopée, six recueils de poèmes : La Lyre ardente, Pèlerinages en Artois, À l’ombre du pays natal, Au temps de fusillades, À travers la belle France, À l’ombre de la croix gammée.
Chevalier la Légion d’honneur au titre du Ministère de la Guerre le 5 novembre 1928, officier en mai 1957.
Publications dans les Mémoires de l’Académie d’Arras
Discours de réception, MAA, 3e série, t.14 (1935-1937), p.147-152.
Lamartine et son défaut d’exagération, MAA, 4e série (1941-1942), fascicule 1, p ; 45-51.
Autres publications
Au cours de ma vie, 1965
Sur les hauteurs de l’Olympe, 1963
La porteuse d’amour, 1962
Au jardin des muses, 1960
À travers la belle France, recueil de poèmes, 1960
Aux souffles du terroir, 1957
Souvenances d’un vieux Rosati, 1956
À l’ombre de ma vie, 1954
Au temps des fusillades, souvenirs d’une époque, recueil de poèmes, 1946
À l’ombre de la Croix gammée, recueil de poèmes, 1944
Poèmes philosophiques, 1936
Pèlerinages en Artois, recueil de poèmes, 1933
Félix Planquette, paysagiste et animalier, 1929
La Lyre ardente, recueil de poèmes, 1928
Arthur Mayeur, 1928
Les coulisses de l’épopée, récits de guerre, 1923
À l’ombre du pays natal, recueil de poèmes, sd
Sources
Archives.dioc. Arras, 4 Z 221/77 à 79, 5 Z 177 /1 à 21.
CAUDRON Louis, Histoire des Rosati du vingtième siècle.
SIMON Félix, Réponse qu discours de réception d’Émile Poiteau, MMA, 3e série, t. XIV (1935-1937), p. 153-162.
Légion d’honneur, base Léonore, LH//2190/26.
Gérard Devulder