Montpellier (Saint-Pierre) 25.05.1770 – Paris (1er) 02.09.1835. Général de brigade, commandant de la cavalerie du Pas-de-Calais.
Élu le 26 septembre 1817 au 25e fauteuil, à la restauration de l’Académie. Ce fauteuil était occupé, avant la Révolution, par le comte de Brandt de Galametz Il n’a guère le temps de participer aux travaux de l’Académie car il est muté dès le 24 décembre 1817. Il est remplacé en 1818 par Nicolas Lesueur
Curto est un des très nombreux académiciens « de circonstance », hauts fonctionnaires de passage à Arras, élus autant pour le prestige de l’institution que pour leur mérite. Il n’est resté académicien que quelques mois et n’a guère eu le temps de s’y investir, en eût-il eu l’envie. Il n’y aurait donc pas lieu de lui consacrer une longue notice… Pourtant sa carrière est tellement exceptionnelle qu’elle mérite d’être narrée avec précision.
Fils de Pierre Curto, maître d’escrime à Montpellier et de Marguerite Fabrègues, il s’engage le 26 décembre 1786, âgé de 16 ans, au régiment de Bourbon-Dragons. Il va ensuite participer à toutes les guerres de la Révolution, du Consulat et de l’Empire, gravissant un à un, au mérite, tous les échelons de la hiérarchie, avant d’occuper les plus hautes responsabilités militaires sous la Restauration.
Sous la Convention : affecté à l’armée du Nord pour les campagnes de 1792, il participe aux batailles de Valmy (20 septembre 1792), Jemmapes (6 novembre 1792), Neerwinden (18 mars 1793), Wattignies (15-16 octobre 1793). Il monte en grade, maréchal des logis en avril 1793, sous-lieutenant le 4 mai 1793. Lieutenant en second le 9 février 1794, il passe dans l’armée de Sambre-et-Meuse et participe aux combats qui permettent de reprendre aux Autrichiens les villes de la frontière du Nord, de franchir la Meuse, et de pénétrer en Allemagne.
Sous le Directoire : il participe d'abord à la première campagne d’Italie ; rattaché à la 17e division militaire, il sert en 1795 dans l’armée de l’intérieur, puis, sous les ordres de Bonaparte, et avec le grade de premier lieutenant obtenu le 15 avril 1796, il participe à la fulgurante première campagne d’Italie à l’automne 1796, à Rivoli (14 janvier 1797), sur le Tagliamento (16 mars 1797), à la poursuite de l’armée autrichienne ensuite, par le col de Tarvis, jusqu‘à Léoben (avril 1797). Il passe à l’armée d’Helvétie au début de 1798. Il participe aussi à l'expédition en Égypte, recruté par Bonaparte, il est de tous les combats : prise de Malte (juin 1798), bataille des Pyramides (21 juillet 1798) ; le 21 octobre 1798, il s’illustre en ramenant le corps du gouverneur général Dupuy tué par les émeutiers au Caire. Il est promu capitaine le 9 février 1799, et se retrouve encore aux combats du Mont-Thabor (16 avril 1799), d’Aboukir (25 juillet 1799), à Héliopolis avec le général Kléber, (mars 1800). Le 23 septembre 1800, il passe au 7e Hussards avec le grade de chef d’escadron et revient en France avec les débris du corps expéditionnaire, à la fin de 1801.
Sous le Consulat. Pendant la période qui suit la paix d’Amiens (25 mars 1802), le Premier consul l'élève au grade d'adjudant-commandant (27 août 1803), et l'attache en cette qualité au grand état-major général de l'armée où il participe à la réorganisation de la cavalerie. Il est employé ensuite, en 1803 et 1804 à l'armée des côtes de l'Océan, et placé sous les ordres immédiats du maréchal Berthier, major-général de l'armée. Il est l’un des tout premiers à recevoir la Légion d’honneur (chevalier le 5 février 1804, officier le 14 juin 1804), et il est nommé colonel, commandant le 8e régiment de chasseurs à cheval le 28 octobre 1804.
Sous l’Empire. Il est engagé dans la campagne de 1805 contre les forces de la troisième coalition, et participe à la bataille d'Ulm (20 octobre 1805). De 1806 à 1809, il sert sous les ordres du prince Eugène de Beauharnais, vice-roi d’Italie, au 2e corps d’armée de la Grande Armée resté en réserve au nord de l’Italie. Il se distingue encore aux combats qui y sont menés contre les Autrichiens et les Hongrois en mai et juin 1809. Avec les renforts appelés en Autriche par Napoléon, il est engagé dans la grande bataille de Wagram (5-6 juillet 1809) et obtient en récompense de ses services le titre de baron de l’Empire. Le 6 août 1811, il est envoyé en Espagne commander le dépôt-général des dragons de l'armée, avec le grade de général de brigade. Le 14 octobre suivant, il commande la cavalerie légère de l'armée de Portugal. Il conserve ce commandement jusqu'en 1813, époque à laquelle les armées françaises évacuent le territoire espagnol. A la tête d’une division de cavalerie légère, il se distingue dans plusieurs combats livrés aux Anglais et aux Espagnols (les Arapiles, 22 juillet 1812 ; Vitoria, 21 juin 1813).
Appelé à rejoindre en Allemagne les restes de la Grande Armée revenue de Russie, il y sert pendant la fin de la campagne de Saxe (août-septembre 1813) et, après les défaites de Dresde (26-27 août) et de Leipzig, la bataille des Nations, (16-18 octobre), il est chargé, le 2 décembre, de la défense du Rhin, depuis Germersheim jusqu'à Manheim.
Il fait la campagne de France de 1814 dans le corps d'armée du maréchal Marmont et se trouve aux différents combats livrés avec succès par ce corps d'armée, en particulier aux batailles de Brienne (29 janvier 1814), Champaubert (10 février 1814) et Monmirail (11 février 1914). Pendant la bataille de Vauchamps (14 février 1814), à la tête de sa brigade, il mène des charges victorieuses dont le résultat est la prise de toute l'artillerie du 9e corps russe, la destruction d'un bataillon carré ennemi fort de 3 000 hommes et la capture d'un grand nombre de prisonniers. Pendant cette brève campagne, Curto est cité plusieurs fois dans le Bulletin de la Grande Armée et dans les ordres du jour de l'armée.
Sous la Restauration. Après l’abdication de Napoléon (6 avril 1814), Curto se rallie à Louis XVIII et en obtient la croix de Saint-Louis le 10 juillet 1814, et celle de commandeur de l'ordre royal de la Légion d'honneur le 23 août 1814. Le 31 août, il est nommé commandant militaire de l'arrondissement de Thionville. Il s’y trouve lors de l'« invasion de Napoléon » en mars 1815 (les Cent-Jours). Ayant exhorté sa garnison à se prononcer en faveur des Bourbons, il est obligé d'abandonner son commandement. Napoléon le destitue le 12 avril et le met à la retraite le 5 juin. Après les Cent-Jours, (seconde abdication de Napoléon le 22 juin 1815) Louis XVIII le remet en activité par ordonnance royale du 1er août 1815 et le désigne pour être l'un des généraux chargés de l'organisation de la cavalerie. En septembre 1816, il est nommé inspecteur de la cavalerie dans la 16e division militaire et commandant supérieur de la place de Saint-Omer.
Le 16 avril 1817, le général baron Curto arrive à Arras, commandant militaire du département du Pas-de-Calais. C’est le moment de la restauration de l’Académie d’Arras. Curto y est immédiatement nommé par le préfet pour occuper le 25e fauteuil. Mais il quitte Arras dès le 24 décembre pour prendre le commandement de la 1re subdivision de la 11e division militaire. Il est remplacé à l’Académie en 1818, par Nicolas Lesueur.
Jusqu’au 1er janvier 1833, date de sa retraite définitive, il alterne des périodes de commandements supérieurs et des périodes de mise en disponibilité.
Sources
État civil, naissance : AD Hérault, Montpellier Saint-Pierre, 2 MI 1/22, p 119.
Légion d’honneur, base Léonore, LH 642/16.
LIEVYNS, VERDOT, BÉGAT, Fastes de la Légion d'honneur : biographie de tous les décorés accompagnée de l'histoire législative et réglementaire de l'ordre, vol. 5, Bureau de l'administration, 1847, 2e éd.
De COURCELLES, Dictionnaire historique et biographique des généraux français : depuis le onzième siècle jusqu'en 1820, vol. 5, 1822.
Wikipedia, Jean-Baptiste Théodore Curto.
Michel Beirnaert