Châlons-sur-Marne (Sainte-Catherine) 25.12.1754 – Arras 02.01.1820. Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées du Pas-de-Calais depuis 1805, vénérable de la Loge l’Amitié.
Véritable artisan de la restauration de l’Académie en 1817, il est nommé le 7 mai 1817 par le préfet Louis Malouet, et installé sur le 21e fauteuil occupé avant la Révolution par François Briois de Beaumetz À son décès en 1820, il est remplacé par le négociant Bénard.
Il est le fils de Nicolas Courtalon, ingénieur, et de Marie Anne Machet qui l’inscrivent au collège de Brienne. Élève brillant, il est remarqué par Étienne Charles Loménie de Brienne, devenu archevêque de Toulouse en 1763. C’est lui qui le fait venir à Toulouse comme ingénieur des États du Languedoc pour le diocèse de Toulouse. À ce titre, il participe à la construction du canal « de Brienne » pour relier Toulouse au canal du Midi.
Pendant son séjour à Toulouse il est initié à la loge de Saint-Jean-La Sagesse dont le vénérable est le père du futur académicien Pierre Dominique Martin.
Imprégné de l’esprit des Lumière, il se passionne pour les idées nouvelles qui agitent la ville avant les États Généraux de 1789, mais ensuite reste à l’écart des factions quand elles commencent à s’entredéchirer.
Il a épousé à Toulouse (Saint-Étienne) Jeanne Bernarde Fonade, fille d’un maître boulanger, le 1er juillet 1788. Le couple perd ses deux premiers enfants en 1793 ; il donne encore naissance, le 31 décembre 1795, à une fille, Françoise, qui se mariera à Arras le 2 septembre 1815.
En 1793, il est chargé par le gouvernement révolutionnaire de construire un parc d’artillerie avec une fonderie de canons dans l’ancien couvent des Chartreux de Toulouse. Après la paix avec l’Espagne (22 juillet 1795), le gouvernement thermidorien lui confie la mission, très physique, de délimiter sur le terrain la frontière avec l’Espagne, en suivant la ligne de faîte des Pyrénées. En 1798, il est nommé ingénieur en chef du département des Landes.
Sous le Consulat, il est envoyé dans le département de Charente-Inférieure pour dresser un nouveau plan d’assèchement des marais autour de Rochefort, ce qu’il réalise malgré les difficultés liées à l’insalubrité des lieux. Mais on ne lui laisse pas le temps de passer à l’exécution de son projet approuvé au plus haut niveau. Passant d’une urgence à l’autre, le gouvernement l’envoie à Rouen pour établir, à la demande des nombreux manufacturiers installés dans l’étroite vallée du Cailly, à Déville, au nord de la ville, un règlement d’utilisation des eaux de la rivière dont tous avaient besoin. Une fois encore, il réalise avec succès cette mission difficile tant les intérêts en jeu étaient contradictoires.
Il sollicite alors et obtient le poste vacant d’ingénieur en chef du département du Pas-de-Calais à Arras où il arrive en 1805 et où il travaille jusqu’à son décès en activité, le 2 janvier 1820, à l’âge de soixante-six ans.
On retient de son séjour arrageois qu’il s’affilie immédiatement à la loge L’Amitié qui est aussi celle du préfet du Pas-de-Calais (le baron de la Chaise), du maire d’Arras (Vaillant), et des principales notabilités de la ville. Il en gravit rapidement les échelons et devient vénérable. C’est par ce réseau influent, dont il est un membre agissant, et avec l’appui décisif du préfet Louis Malouet qu’il contribue directement à la restauration de l’Académie d’Arras en mai 1817, sous le nom de Société royale d’encouragement pour les Sciences, les Lettres et les Arts. Il refuse le poste de président qui lui est proposé.
Malgré l’efficacité avec laquelle il a rempli toutes les missions qui lui furent confiées sous l’Ancien Régime, les gouvernements successifs de l’époque révolutionnaire, le Consulat le Premier Empire et la Restauration, il n’a jamais recherché les honneurs et n’a reçu aucune décoration.
Il mérite d’être mieux connu au sein de l’Académie d’Arras.
Sources
État civil : décès, AD 62, 5 MIR 041/53, p 681/1465 ; mariage de sa fille Françoise, AD 62, 5 MIR 041/44, p. 195/1395.
AD 62, BHB 2359, MARTIN Pierre « Éloge funèbre de J.-B.-N. Courtalon, décédé le 2 janvier 1820, ancien vénérable de la loge de l’Amitié à l’Orient d’Arras ».
Fichier Bossu e la BnF 74
« Éloge funèbre de JB.-N Courtalon, ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées », Mémoires de l’Académie d’Arras, 1ère série, t. II, 2e livraison (1820), p. 94-99.
SAUVAGE Jean Nicolas, « Paroles prononcées sur la tombe de JB-N Courtalon », Mémoires de l’Académie d’Arras, 1ère série, t. II, 2e livraison (1820), p. 379-380.
WARTELLE d’HERLINCOURT, « Discours d’ouverture de la séance publique du 28 août 1820 », Mémoires de l’Académie d’Arras, 1ère série, t. III, (1820), p. 19-20.
DEMONT Alfred, « Notice sur le 21e fauteuil de l’Académie d’Arras et ses différents titulaires », Mémoires de l’Académie d’Arras, 3e série, t. X (1931), p. 51-53.
BEAUREPAIRE Pierre-Yves, « Des Lumières techniciennes aux Lumières académiques : Jean-Baptiste Nicolas Courtalon, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées », in « Des Lumières à la Restauration. La tentation académique et l’exigence d’utilité publique des élites maçonniques arrageoises au XIXe siècle », Mémoires de l’Académie d’Arras, 6e série, tome III (2000), p. 25-31.