Eugène LE BOLAY en 1982

Lorient (Morbihan) 28.10.1921 - Arras 04.11.2009. Maître d’œuvre en architecture. 

Élu le 15 janvier 1982, sous la présidence de Charles Moreaux, pour succéder au docteur Auguste Tierny sur le 1er fauteuil, , il est reçu le 20 mars 1983 par Odile Parsis-Barubé. Il est chancelier du 27 juin 1983 au 10 juin 1987, vice-chancelier du 10 juin 1987 au 26 juin 1991, de nouveau chancelier du 26 juin 1991 au 14 juin 1995. Il est remplacé en 2007 par le professeur Jean-Pierre Arrignon.

D’ascendance guadeloupéenne par son grand-père maternel, et bretonne par ses autres ascendants, il est le fils d’Eugène François Le Bolay, ajusteur à l’arsenal de Lorient, et de Gabrielle Albertine Édouard.

Doué pour le dessin, il réalise très tôt maquettes et plans de bateaux, de villes, d’églises. Après ses études primaires à l‘école Saint-Joseph de Lorient où il obtient le brevet élémentaire en 1937, les Frères des Écoles chrétiennes proposent de l’orienter vers leur école Saint-Luc de Tournai. Mais ses parents, incapables de financer de telles études si loin, l’inscrivent à l’École des apprentis mécaniciens de Lorient où il est admis d’emblée dans la section « artillerie navale », en vue d’obtenir le diplôme d’ingénieur du génie maritime. Orphelin de son père en 1938, il doit abandonner ce cursus quand la guerre éclate et que la direction de l’arsenal transforme les apprentis en ouvriers d’entretien. Après la destruction de sa maison, le 15 janvier 1943, lors des bombardements alliés, il obtient un congé, le temps de trouver refuge avec sa mère, à Arras où sa sœur ainée, Françoise, est religieuse dans la congrégation des Sœurs du Bon-Secours. Il décide alors de ne pas rentrer travailler pour l’ennemi à Lorient, entre dans la clandestinité et se fait un temps bûcheron dans la forêt d’Argonne. Le danger passé, il regagne Arras, où il épouse, en avril 1944, Gisèle Angélique Lancry (1924-2006). Il trouve un emploi de dessinateur au cabinet d’architecte Émile Cauwet spécialisé dans l'architecture scolaire, industrielle et sportive et participe à la restauration de la gare de Cambrai et à la conception de plusieurs dépôts de la SNCF.

En 1950 il entre dans le cabinet de l’architecte Jacques Renard comme dessinateur-projeteur, puis comme chef d’agence et participe notamment à quatre gros chantiers de l’évêché d’Arras : la reconstruction du petit séminaire (1951-1957), de l’école Notre-Dame qui lui est mitoyenne (1953-1962), du groupe scolaire Marietta-Martin (actuelle école des Louez-Dieu, boulevard Crespel), des nouveaux bâtiments de la chancellerie de l’évêché (rue des Fours). Son plus gros chantier est, jusqu’en 1972, celui de l’extension de la clinique Bon-Secours sur son site historique de la place de la Préfecture. Il se voit aussi confier le chantier de l’usine de la Prospérité Fermière à Saint-Pol-sur-Ternoise.

Le 1er mars 1972, il prend une patente de maître d’œuvre en architecture et travaille désormais à son compte. Il réalise, entre autres, les bâtiments modernes de l’Institution Clairefontaine à Duisans, à côté du château du XVIIIe siècle, 

Parallèlement à son métier, il continue à se passionner pour l’architecture des cathédrales et va jusqu’à concevoir les plans d’une cathédrale idéale, synthèse des cathédrales ogivales du XIIIe siècle. Avec Odile Parsis-Barubé, il travaille, à partir de 1982, à l’histoire architecturale de l’abbaye du Mont-Saint-Éloi, ce qui lui vaut d’entrer dans l’Académie d’Arras.

Avec son confrère l’architecte Maurice Letho Duclos (1929-2002), il coopère à la campagne de fouilles dirigées par Alain Jacques de 1991 à 1995, place de la Préfecture, sur le site de la cathédrale disparue Notre-Dame-en-Cité, et en 1999, tous deux publient « Notre-Dame-en-Cité d’Arras, contribution à l’histoire des cathédrales du XIIe siècle ». Dans la préface, OdileParsis-Barubé écrit : « Hommes de bâtiment, pétris l’un et l’autre d’une authentique culture architecturale, historique, et archéologique, c’est en techniciens de la construction, et dans une totale liberté vis-à-vis des genres établis par la tradition universitaire qu’ils travaillent depuis de nombreuses années sur « le cas Notre-Dame-en-Cité ». Le regard de techniciens de la construction qu’ils portent sur le grand édifice disparu est relativement neuf : il s’agit pour eux de retrouver l’intelligence du parti architectural, de recomposer les étapes obligées d’un chantier, de restituer, enfin, la dimension historique des choix qui, dans les dernières décennies du XIIe siècle, présidèrent à la construction d’une cathédrale aujourd’hui ravie à nos regards. ».

Très impliqué dans la vie de l’Académie, Eugène Le Bolay assume la charge de chancelier ou vice-chancelier pendant douze ans et donne plusieurs communications.

Communications à l’Académie d’Arras

L’architecture de l’abbaye du Mont-Saint-Éloi du XIIIe au XVIIIe siècle, 10 décembre 1982.

L’évolution depuis un siècle de l’architecture des bâtiments de ligne (marine de guerre), 14 mars 1986.

Notre-Dame-en-Cité, 11 février 1987.

Empreinte marine, 13 avril et 11 mai 1988.

La cathédrale Notre-Dame-en-Cité d’Arras, 16 janvier 1991.

La cathédrale de Beauvais, 12 mai 1993.

Publication dans les Mémoires de l’Académie d’Arras

Avec LETHO DUCLOS Maurice, « Notre-Dame-en-Cité d’Arras, contribution à l’histoire des cathédrales du XIIe siècle », MAA, 6e série, t. 2 (1999), 147 p.

Autre publication

Avec BARUBÉ Odile, L'Abbaye du Mont-Saint-Éloi à l'époque moderne : spiritualité, architecture, 1982.

Sources

BARUBÉ Odile, Réponse au discours de réception d’Eugène Le Bolay, Archives de l’Académie.