Paris (Saint-Sulpice) 20.03.1780 – Paris (1er) 13.10.1842. Préfet du Pas-de-Calais.

Élu le 25 mai 1817 au 5e fauteuil, occupé avant la Révolution par François-Guislain Boucquel de la Comté, il démissionne quand il est nommé préfet de la Seine-Inférieure le 15 juillet 1818. Il est remplacé le 16 janvier 1819 par Charles Augustin Joseph Thellier de Sars. Il est alors nommé membre honoraire. Il a joué un rôle déterminant en mars 1817 dans la restauration de l’Académie disparue depuis 1792.

Il est le fils de Pierre Victor Malouet (1740-1814), conseiller du roi et intendant de la marine, député à l’Assemblée constituante de 1789, ministre de la marine lors de la première Restauration en 1814.

Louis Antoine Victor sert d’abord dans l'administration de la Marine de 1801 à 1803, en qualité d’attaché à Rochefort, avant de passer au service du ministère de l’Intérieur, le 22 mars 1803, comme secrétaire général de la préfecture de la Creuse. Il est ensuite sous-préfet de Villeneuve d’Agen (Lot-et-Garonne) le 7 février 1808, puis préfet de l’Aisne le 12 février 1810. Il épouse à Paris le 7 mars 1810, sa cousine germaine Christine Chabanon de Maugris (1778-1818). Bien en cours, il reçoit la Légion d’honneur le 30 juin 1811 et il est créé baron d’Empire le 18 mai 1812. En mars 1814, en allant rejoindre Napoléon près de Laon, il est capturé par les Russes, et emprisonné en Frise.

Revenu en France après la signature de l’armistice du 23 avril, il se rallie à Louis XVIII et il est maintenu en fonction le 26 avril 1814, puis nommé maître des requêtes au Conseil d’État le 6 juillet 1814, et élevé au grade d’officier de la Légion d’honneur le 18 août 1814.

Il refuse de servir Napoléon pendant les Cent-Jours en 1815.

Dans les jours qui suivent de la seconde Restauration, il est nommé préfet du Pas-de-Calais (14 juillet 1815), tout en conservant le titre de maître des requêtes en service extraordinaire (ordonnance du 24 août 1815). Pendant les trois années où il est en poste à Arras (14 juillet 1815 – 15 juillet 1818), il fait face efficacement aux nombreuses difficultés du moment : occupation étrangère, disette de 1816, épidémies, désorganisation des services publics. Administrateur intelligent et actif, parfois peu conciliant, il finit par se mettre à dos le parti ultra-royaliste local, mais reste soutenu par le gouvernement. Il quitte Arras après avoir été nommé préfet de la Seine-Inférieure à Rouen le 15 juillet 1818, avant de devenir préfet du Bas-Rhin à Strasbourg le 19 juillet 1820, et promu commandeur de la Légion d’honneur le 1er mai 1821. Il est poussé à la retraite par le gouvernement de Villèle le 25 mars 1822, après le triomphe du parti ultra.

La Monarchie de Juillet reconnaît ses mérites en le nommant conseiller-maître le 31 août 1830 et Pair de France le 11 octobre 1832.

Pendant son séjour à Arras, le préfet Malouet joue un rôle déterminant dans la restauration de l’Académie d’Arras. Il répond ainsi aux vœux des principaux notables de la ville rassemblés au sein de la loge l’Amitié. Dirigés par le vénérable de la loge, Jean-Baptiste Nicolas Courtalon, ingénieur en chef des Ponts et chaussées, ils souhaitent donner naissance à une « Société » qui pourra s’occuper d’agriculture, arts, commerce et autres objets d’utilité générale. Ce sera l’Académie.

Par l’arrêté du 22 mars 1817 il la fait revivre sous l’appellation de Société royale d’encouragement pour les Sciences, les Lettres et les Arts, dont le but est de « contribuer au perfectionnement de toutes les branches utiles des connaissances et principalement de celles dont l’amélioration peut intéresser particulièrement le département du Pas-de-Calais ».

Le ministre de l’Intérieur approuve le 2 mai 1817 son arrêté préfectoral, ainsi que le projet de statuts généraux et une liste des seize membres qui lui sont présentés et qui forment le noyau de la nouvelle Société. On y retrouve cinq académiciens survivants élus avant la Révolution (Enlart de Grandval (78 ans), Thieulaine d’Hauteville (79 ans), de Brand de Galametz (64 ans), Ansart (67 ans), Buissart (80 ans)), et onze nouveaux (le député Wartelle d’Herlincourt (44 ans), le conseiller de préfecture François Colin (70 ans), l’ingénieur des Ponts Martin (46 ans), le conseiller général Duquesnoy (41 ans), le conseiller d’arrondissement Leroux du Chastelet (64 ans), l’ingénieur des Ponts Courtalon (63 ans), le principal du collège Bonnier ( ?), le conseiller municipal Terninck (38 ans), l’architecte du département Letombe (35 ans), l’ingénieur des mines Garnier (32 ans) et l’abbé Compiègne (63 ans), supérieur du séminaire qui ne peut accepter car il a déjà quitté Arras pour Boulogne).

Sur ordonnance préfectorale du 7 mai 1817, le maire d’Arras Bon Joseph Lallart de Gommecourt, installe la nouvelle Société le 15 mai 1817.

Malouet approuve ensuite la nomination des quatorze nouveaux membres qui complètent jusqu’à trente le nombre des résidents : le baron Malouet, préfet ; le baron Lallart, maire d’Arras ; Noizet de Saint-Paul, commandant du Génie ; Jouilleton, médecin ; Rohaut de Fleury, colonel du Génie ; Mercier, médecin ; Hallette, ingénieur-mécanicien ; Sauvage, professeur de rhétorique au collège ; Donjon de Saint-Martin, propriétaire ; Leducq, avocat ; Daisnez, professeur de mathématiques au collège ; Crespel-Dellisse, fabricant de sucre ; Bergé de Vassenau, chef de division à la préfecture ; le général Curto commandant du département ; Allexandre, contrôleur des contributions, en remplacement de l’abbé Compiègne.

Nommé ailleurs dès 1819, le préfet Malouet n’a pas le temps de participer activement aux travaux de la nouvelle Académie qu’il a eu le mérite de restaurer. Il n’est pas le seul à n’y faire qu’un passage éphémère : composée de survivants de l’Ancien Régime rapidement démissionnaires, de hauts fonctionnaires du département et de cadres militaires appelés à des mutations, cette Académie se retrouvera largement renouvelée quatre ans à peine après sa refondation. Animée par des notables dont les plus influents sont membres de la même loge maçonnique, elle a su s’ouvrir aux industriels les plus dynamiques de la ville.

Sources

État civil : naissance, AD 75, V3E/N 1516, p. 44/51

« MALOUET Louis Antoine Victor, baron », Dictionnaire historique, généalogique et biographique (1807-1947) [de la chambre des Comptes]

« Louis Antoine Victor Malouet », dans ROBERT Adolphe et COUGNY Gaston, Dictionnaire des parlementaires français, 1889-1891

BERGÉ DE VASSENAU Claude Théodore, « Rapport sur l’ancienne Académie d’Arras », Mémoires de l’Académie d’Arras, 1ère série, t. 1er (1818), p.39-47…

HERLINCOURT, « Discours d’ouverture de la séance publique du 24 août 1818 », Mémoires de l’Académie d’Arras, 1ère série, t. 1er (1818), p.1-9.

VAN DRIVAL Eugène, Histoire de l’Académie d’Arras, 1871

DISSAUX Jean-Marc, Les préfets du Pas-de-Calais, 1996.

BEAUREPAIRE Pierre-Yves, « Des Lumières à la Restauration. La tentation académique et l’exigence d’utilité publique des élites maçonniques arrageoises au XIXe siècle », in « Arras, le savoir et la curiosité, Aspects de la vie culturelle dans une ville-préfecture au XIXe siècle », Mémoires de l’Académie d’Arras, 6e série, t. III (2000), p.39-47.

Francis Perreau et Michel Beirnaert