Arras (paroisse Saint-Aubert) 24.10.1782 – Arras 01.05.1868. Propriétaire, président du tribunal civil d’Arras.
Élu en 1819 pour succéder au préfet Louis Malouet sur le 5e fauteuil. Académicien pendant 49 ans, il est vice-chancelier de 1819 à 1823, chancelier de 1823 à 1825, président de 1825 à 1828, vice-chancelier de juin 1840 à juin 1842. Il est remplacé en 1868 par Hippolyte Gardin.
Il est le fils de Jean François Joseph Hubert Thellier, écuyer, avocat au Conseil supérieur d’Artois, et de Marguerite Bonne Françoise Bultel. Il est resté célibataire.
Il est issu de la célèbre famille des Thellier à Saint-Pol, « horriblement mutilée » par la Terreur montagnarde en 1793 et 1794. Son oncle, Bernard Thellier de Poncheville, procureur général de la sénéchaussée de Saint-Pol, arrêté comme « chef des aristocrates de Saint-Pol », meurt à Arras « en son domicile, dans la basse ville », le 27 juin 1793, tandis que son épouse Marie Éléonore Joseph Mayeux et sa fille Marie Joseph Bernardine, sont guillotinées à Arras le 10 avril 1794, et que leurs deux fils, Charles et Xavier, sont guillotinés à Cambrai, le 19 juin 1794. Périssent encore sur l’échafaud à Arras, le 7 mai 1794, son cousin Charles Henry Joseph Thellier de la Neuville, sa tante Louise Bernardine Françoise Joseph Thellier, épouse d’Éloy de Corbehem, et son oncle Hubert François Joseph Thellier du Courval.
Lui-même est emprisonné, à l’âge de douze ans, avec son père, le 8 mai 1794, cependant que sa mère et trois de ses sœurs avaient été mises en état d’arrestation dès le 20 février 1794. Tous et toutes sont finalement libérés, mais son père meurt d’une maladie contractée en prison, le 17 octobre 1794, peu de temps après sa libération.
C’est dans ce contexte tragique qu’il achève son éducation, « élevé dans la conviction que les innovations issues de la Révolution étaient impies et dangereuses, propres à détourner les peuples de leurs devoirs envers Dieu et envers le souverain... Pour lui, la déclaration des droits de l’homme et du citoyen était tachée du sang de tous ses proches ».
Ses goûts aussi bien que les traditions de sa famille le portent vers la magistrature. Il commence sa carrière le 28 décembre 1809 comme substitut au tribunal impérial de Saint-Pol, Il est ensuite, nommé juge à Arras, le 6 avril 1811, puis juge d’instruction le 31 janvier 1817, et enfin, président, le 22 septembre 1819. Il exerce sa fonction avec rigueur et droiture, et ne se prête à aucune compromission.
Lors du passage de Charles X à Arras, les 16 et 17 septembre 1827, il est admis deux fois en présence du souverain, en sa double qualité de président du tribunal et de président de l’académie, et il promet, deux fois, au roi une inviolable fidélité. « De sa part ce ne fut point un vain son, de vaines paroles ». Après la révolution de juillet 1830, pour ne pas renier le serment de fidélité qu’il avait prêté à Charles X, il refuse de prêter serment à Louis-Philippe et il démissionne le 8 novembre 1830.
Après cela il ne s’occupe plus que d’études littéraires et d’œuvres de bienfaisance. Il est, en 1839, l’un des fondateurs et le premier président, de la conférence Saint-Vincent-de-Paul d’Arras, premier mouvement social catholique, qui s’intéresse plus aux problèmes de la jeunesse ouvrière qu’à la visite des pauvres. Par l’intermédiaire de son « œuvre des ouvriers », elle vise à leur donner tout à la fois une formation religieuse et une formation professionnelle par apprentissage. Les abbés Fréchon et Proyart, qui deviendront eux aussi académiciens d’Arras, comptent parmi les principaux animateurs. Charles Thellier, très attaché à cette œuvre, sous cette forme, en démissionne en 1857, lorsque le nouvel évêque d’Arras, Pierre-Louis Parisis, fait adopter un règlement qui donne la priorité à la visite des pauvres, et que le cercle des ouvriers, qui était à son apogée, est fermé. Thellier préside, par ailleurs, une œuvre de piété plus traditionnelle, la Confrérie du Très-Saint-Sacrement.
Entré à l’Académie sous la Restauration, en 1819, à l’âge de 37 ans, il y exerça rapidement les charges les plus élevées, jusqu’à la Révolution de 1830. Il se fit plus discret ensuite, en devint peu à peu le doyen et y resta fidèle jusqu’à son décès à la fin du Second-Empire, en 1868, à l’âge de 86 ans. On retiendra surtout que sous sa présidence, le 24 septembre 1828, l’Académie obtint de Charles X la reconnaissance solennelle de son existence et de ses règlements par une ordonnance royale : « La Société des sciences, lettres et arts de la ville d’Arras, département du Pas-de-Calais, est et demeure reconnue ; le titre de Société royale lui est accordé, et ses statuts sont approuvés tels qu’ils sont et restent ci-annexés. »
« Par son âge, par ses mœurs, par ses idées, par sa vie toute entière, M. Thellier était demeuré le représentant d’un passé déjà lointain et désormais sans retour. ... Sa vénération pour les anciennes formes sociales se liait intimement à sa foi religieuse : Dieu et le Roi, telle était la formule de ses croyances et le but de sa vie ».
Publications dans les Mémoires de l’Académie
Discours d’ouverture de la séance publique du 26 août 1823, MAA, 1ère série, t. VI (1823), p. 1-7.
Discours d’ouverture de la séance publique du 29 août 1825, MAA, 1ère série, t. VIII (1825), p. 1-8.
Discours d’ouverture de la séance publique du 29 août 1826, MAA, 1ère série, t. IX (1826), p. 1-7.
Discours d’ouverture de la séance publique du 30 août 1827, MAA, 1ère série, t. X (1827), p. 1-9.
Discours d’ouverture de la séance publique du 29 août 1828, MAA, 1ère série, t. XI (1828), p. 6-9.
Notice biographique de M. Lallart, ancien maire d’Arras, MAA, 1ère série, t. XXIV (1849), p. 213-219.
Notice nécrologique sur le vicomte Blin de Bourdon, MAA, 1ère série, t. XXV (1854), p. 70-73.
Sources
État civil : naissance, AD 62, 5 MIR 041/13, p. 603/1407 ; décès AD 62, 5 MIR 041/58, p 494/1166 ;
décès de son père, Jean François Joseph Hubert Thellier, AD 62, 5 MIR 041/49, p. 1295/1436 ;
décès de Bernard Thellier de Poncheville, AD 62, 5 MIR 041/49, p. 46/1436 ;
décès de Marie-Thérèse Mayeux, son épouse, AD 62, 5 MIR 041/49, p. 345/1436 ;
décès de Marie Josèphe Bernardine Thellier, AD 62, 5 MIR 041/49, p.346/1436 ;
décès de Charles Henry Joseph Thellier (de la Neuville), AD 62, 5 MIR 041/49, p. 385/1436 ;
décès de Louise Bernardine Joséphine Thellier, épouse d’Éloy de Corbehem, AD 62, 5 MIR 041/49, p. 385/1436 ;
décès d’Hubert François Joseph Thellier (du Courval), AD 62, 5 MIR 041/49, p. 382/1436.
PARIS Auguste Joseph, La Terreur dans le Pas-de-Calais et dans le Nord. Histoire de Joseph Le Bon et des tribunaux révolutionnaires d’Arras et de Cambrai, 1864.
LAROCHE Antoine, « Allocution prononcées sur la tombe de M. Thellier de Sars », Mémoires de l’Académie d’Arras, 2e série, t. II (1868), p. 335-340.
GARDIN Hippolyte, Discours de réception le 22 août 1871, Mémoires de l’Académie d’Arras, 2e série, t. V (1872), p. 28-41. LECESNE Edmond, Réponse au discours de réception de M. Gardin, Mémoires de l’Académie d’Arras, 2e série, t. V (1872), p. 42-53.
CARDEVACQUE Adolphe de, Dictionnaire biographique départemental du Pas-de-Calais, Arras, 1879, p. 490-491.
ACREMANT Gustave, « Discours d’ouverture de la séance publique du 27 octobre 1910 », Mémoires de l’Académie d’Arras, 2e série, t. XLI (1910), p. 268.
HAUTECLOCQUE de Gustave, La seconde Restauration dans le Pas-de-Calais (1815-1830) (suite), p. 268., Mémoires de l’Académie d’Arras, 2e série, t. XLI (1910), p. 26-140