Pierre Gardet en 1965

Saint-Maurice (ex-Seine, actuellement Val-de-Marne) 27.02.1910 - Arras 09.01.2006. Polytechnicien. Ingénieur principal des houillères nationales des bassins du Nord - Pas-de-Calais. Musicien amateur qualifié.

Élu le 26 mars 1965, sous la présidence de Charles Hollart, pour succéder à Me François de Gorguette d'Argoeuves sur le 24e fauteuil, reçu le 30 janvier 1966 par Léonce Petitot. Démissionnaire, nommé membre honoraire, il est remplacé le 11 juin 2000 par Jean-François Lacomblez, directeur de l’École supérieure des Métiers d’Arts d’Arras.

Il est le fils de Louis Gardet, sous-chef de bureau à la Caisse des dépôts et consignations, et d’Hortense Mercier, tous deux musiciens amateurs, qui lui inculquent le goût et l’exercice de la musique. Dès l’âge de six ans, il pratique le chant choral grégorien dans la maîtrise de la cathédrale de Langres, et apprend, par la suite, à jouer de tous les instruments : violon, contrebasse, saxophone, trombone, piano, orgue.

Après un baccalauréat (mathématiques et philosophie), et deux ans en classe de mathématiques supérieures au lycée Saint-Louis (Paris-6e), il est admis à l’École polytechnique en 1930. Toujours passionné par la musique, il dirige l’orchestre symphonique de l’école. Après le service militaire, il se spécialise à l’École des applications mécaniques des combustibles liquides (EAMCL). Il épouse Louise Lisette Lacroix à Paris (14e), le 25 août 1934. Âgé de 24 ans, il est encore étudiant. Louise Lacroix, ingénieure de l’École supérieure d’électricité (ESE), travaille déjà. C’est elle qui fait vivre le ménage. Elle est fille d’un militaire polytechnicien, trésorier de l’École polytechnique.

En 1936, Pierre Gardet est embauché par la Compagnie des chemins de fer de l’Est, où il est successivement sous-chef de dépôt à Nancy (1935), puis à Noisy-le-Sec (1937), inspecteur à Vesoul (1938), chef de dépôt à Belfort, puis à Charleville. Entre temps, la Compagnie de l’Est a été intégrée à la nouvelle SNCF. Toujours passionné par la musique, il créé une chorale partout où il passe, s’il n’y en a pas.

En septembre 1939, il est mobilisé au 3e Génie à Arras. Pendant la « drôle de guerre », il travaille à la construction d’une ligne de défense « infranchissable » dans le Nord, mais, le 6 juin 1940, il est capturé à Malo-les-Bains où son unité s’est repliée en attendant un hypothétique embarquement vers l’Angleterre. Il est interné pendant un an à l’Oflag II D, en Poméranie prussienne. Là également, il crée un chœur de prisonniers. Mais, spécialiste du transport par rail, il est rapatrié en France avec le statut de « prisonnier surveillé », et affecté comme chef de dépôt à Belfort où il retrouve sa famille. Étroitement surveillé, il sera arrêté trois fois par la Gestapo. Sa nouvelle vie civile n’est pas de tout repos : sa maison est rasée par les bombardements alliés de juin 1944. Replié à Champagnay (Haute-Saône), sa nouvelle habitation est de nouveau bombardée. Les occupants l’affectent finalement en Alsace où il est libéré par l’armée Delattre de Tassigny en février 1945. Sa vie nomade se prolonge : la SNCF l’affecte à Vesoul, puis à Charleville.

Par l’entremise d’un camarade de promotion, directeur délégué des Houillères nationales, il quitte la SNCF et devient directeur du service des transports (chemin de fer et routes) du groupe de Béthune des Houillères du bassin du Nord-Pas-de-Calais. Il réside à Mazingarbe où il fonde encore une fois une chorale. Son épouse, mère de quatre enfants, dont la santé a été affectée par les déménagements répétés et les lourdes charges de la période de la guerre, décède à Mazingarbe le 10 janvier 1950. Pour donner une mère à ses enfants, il épouse en secondes noces, à Mazingarbe, le 31 mai 1952, Solange Duquesnoy,

En 1965, devenu chef du service commercial des Mines de Béthune, il élit domicile à Arras. Recommandé par Léonce Petitot, il est élu à l’Académie d’Arras, au titre de son attrait pour les arts et plus particulièrement pour la musique. Les premières communications qu’il y donne (1966, 1967), et ses initiatives au profit de l’Académie, sont en rapport avec ses activités professionnelles. Par la suite, elles portent toutes sur la musique.

Il s’est mis au service de sa paroisse et devient titulaire de l’orgue de l’église Saint-Jean-Baptiste à Arras.

Il adhère à l’Association pour la sauvegarde des sites et monuments du centre d’Arras (ASSEMCA) dès sa fondation en 1975. Et il a le plaisir de recevoir à l’Académie d’Arras, le 21 mars 1976, son président fondateur, Omer Gourlet.

À l’âge de quatre-vingt-dix ans, il prend du recul et donne sa démission. L’assemblée générale de l’Académie, le 21 juin 2000, en prend acte et le nomme académicien honoraire.

Communications et initiatives au profit de l’Académie d’Arras

L’eau lourde (25 mai 1966).

La musique concrète (16 mars 1967).

Visite des usines chimiques de Mazingarbe (cokerie, fabrication d’hydrogène, d’air liquide, ammoniaque, acide nitrique, sous la conduite de Pierre Gardet le 9 juin 1967.

Audition à Arras de l’ensemble vocal Le Madrigal de Paris, dirigée par Mlle (Claire) Gardet (24 janvier 1972).

Instruction de musique à l’époque médiévale, avec projection de diapositives et audition des instruments anciens par magnétophone (13 mai 1972).

Impressions de Malaisie (10 février 1973).  

L’ordinateur et la création artistique (11 janvier 1980).

Michel d’Argoeuvres, organiste et compositeur, correspondant de l’Académie en 1943, frère de François d’Argoeuvres, titulaire du 24e fauteuil jusqu’en 1964 (11 juin 1982).

L’orgue des Augustines d’Arras (18 octobre 1995).

Sources

État civil : naissance, AD Val de Marne, Saint-Maurice, Naissances 1909-1915, p. 34/219 ; mariage avec Solange Lacroix, AD 78, 14 M 315_A, p.8/31.

Matricule : Seine, 3e bureau, 1930/2341

Annuaire de l’École polytechnique

GARDET Pierre, Discours de réception, le 30 janvier 1966, et PETITOT Léonce, Réponse au discours de réception de Pierre Gardet, Archives de l’Académie d’Arras.

Michel Beirnaert