Hazebrouck (Nord), 02.10.1923 – Arras 19.04.2017. Pharmacien, fondateur et président honoraire de la société des jardins alpins de France, et du syndicat des apiculteurs de l’arrondissement d’Arras.
Élu le 14 décembre 1973 pour succéder au chanoine François Gaquère sur le 5e fauteuil, il est reçu le 17 mars 1974 par Mgr Louis Léger Il préside l’Académie du 17 juin 1983 à juin 1988. Il est remplacé le 27 mai 2018 par son fils Thierry Spas.
Fils d'industriel, il a derrière lui une longue lignée de paysans. Dès son plus jeune âge, il est passionné par la terre et ce qu'elle produit. Il effectue sa scolarité primaire chez les Frères des écoles chrétiennes, en pensionnat dès l’âge de 6 ans, à Lécluse (Sluis) aux Pays-Bas. Il sera marqué par ces années d’éducation sévère tout en restant attaché aux valeurs de travail et de rigueur qui lui avaient été prodiguées. Il poursuit ses études au lycée Jeanne d’Arc à Lille. Adolescent, il participe pendant les grandes vacances aux travaux des champs dans une grande ferme flamande.
En 1940, en raison de l’évacuation, il passe son baccalauréat à Vichy, puis revient entamer des études de pharmacie à Lille. Pour échapper au STO, il interrompt brutalement ses études en 1943 en s’enrôlant dans une vaste ferme d’Haverskerque (Nord). Promu par nécessité chef de culture polyvalent, responsable des travaux, du bétail et du matériel, il installe sa première ruche, découvrant ainsi l’une de ses passions : l’apiculture.
Libéré de cette lourde responsabilité par la fin de la guerre, il mène parallèlement aux études de pharmacie la préparation d'une licence de botanique. En 1947, il obtient le diplôme de pharmacien et s'installe deux ans plus tard à Arras, 23, rue Gambetta. Il fondera un an après le syndicat des apiculteurs de l’arrondissement d’Arras.
Pour ses ruches, il recherche un terrain plus favorable que la modeste cour derrière la pharmacie et c’est ainsi qu'en 1953, il acquiert dans le polygone Saint-Fiacre, contre les remparts de la Citadelle d’Arras un ancien parc où il consacrera son temps libre à défricher et façonner le terrain pour y implanter le jardin puis la maison dont il rêvait, une propriété qu’il baptisera Floralpina.
Il y reconstitue de nombreux milieux naturels (rocaille méditerranéenne, sous-bois en pentes, tourbières…), cohabitant avec des espaces plus horticoles.
Il adhère en 1962 à la société des amateurs de jardins alpins (SAJA) qu’il présidera deux fois : 1967/1968 et 1980/1982. Il sera vice-président de la Société Française des Amateurs d’Iris
Il finira par réunir une collection unique de 3600 espèces de montagnes des cinq continents et 400 taxons d’autres milieux. Ses collections de pivoines, d’iris, de fuchsias et de saxifrages (il est correspondant du Museum National d’Histoire Naturelle pour ces deux dernières collections) attireront de nombreux visiteurs. Ce jardin sera labellisé Jardin Botanique de France.
Spécialiste reconnu de la flore montagnarde, Jean-Michel Spas milite pour la cause environnementale dès les années 1960, particulièrement contre le démembrement, les pesticides et les élevages intensifs. Ami du professeur Géhu, fondateur du Conservatoire National Botanique de Bailleul, il reste de longues années membre du Conseil scientifique du Conservatoire. Mycologue confirmé, il organise, avec la Société Mycologique du Nord de la France de nombreuses sorties. Il se spécialise, à la fin de sa carrière de pharmacien, dans l’herboristerie et la fabrication de tisanes.
Officier dans l’ordre national du Mérite agricole en 2007, Jean-Michel Spas avait été le fondateur du syndicat des apiculteurs de l’arrondissement d’Arras en 1950 puis président, la fédération apicole du Pas-de-Calais. Il dispensa des cours d’apiculture au lycée agricole de Tilloy-les-Mofflaines.
Membre des associations Nord Nature, Jardins Botaniques de France et des Pays Francophones, Société Botanique du Nord de la France, il n’en était pas moins actif au Lions Club Arras en Artois qu’il présida en 1987-88. Il fut élu « Homme du Nord » par la Jeune Chambre Economique en 1982.
En reconnaissance de l’éducation reçue des Frères des écoles chrétiennes, il s’engagea en tant que parent d’élèves, puis, dans des amicales d’anciens élèves, dans des actions annuelles (kermesses, rallyes…) pour aider au financement des écoles privées du diocèse d’Arras et pour l’institution Clairefontaine de Duisans (Pas-de-Calais).
Il exerça les fonctions de conseiller municipal d’opposition à Arras de 1989 à 1995, sous le dernier mandat du maire socialiste Léon Fatous.
Entré à l’Académie en 1973, il la préside de juin 1983 à juin 1988 et y prononce régulièrement des conférences jusqu’en février 2000. Ses communications portent sur des sujets variés : le lys, les drogues végétales, Charles de l’Écluse, l’art de l’embaumement dans l’Egypte ancienne, le ginkgo biloba, Jean-Baptiste Lamarck, Ötzi l’homme du Similaun, l’orfèvrerie Christofle, l’histoire de l’apiculture, la malédiction des pharaons… Il aurait aimé que l’Académie plante symboliquement trente séquoias dans le bois de Nielles qu’elle gère au titre de la fondation du prince de Béthune, en hommage aux académiciens qui se succèdent sur ses trente fauteuils.
Thierry Spas