Lille 14.04.1788 – Hesdin 03.07.1846. Dessinateur sur porcelaine, autodidacte devenu ingénieur en mécanique, puis industriel, installé à Arras en 1812.
Élu le 15 mai 1817, à la refondation de l’Académie, il se voit attribuer le 13e fauteuil qui avait été occupé avant la Révolution par Bon-Albert Briois de Beaumetz. Il démissionne en 1833 quand il devient membre du Conseil général, et il est remplacé par Étienne Larzillière. Il n’a pas le loisir de participer activement aux travaux de l’Académie, mais il contribue à y faire élire en 1835 l’ingénieur des Mines du Pas-de-Calais, Benoît Clapeyron qui deviendra l’un des promoteurs du chemin de fer.
Fils d’un industriel de Lille et petit-fils d’un médecin et échevin d’Hesdin, il commence, dès l’âge de 12 ans, son apprentissage dans la fabrique de lacets de son père. Le métier ne lui convenant pas, il entre à la manufacture de porcelaine de Lille, où il devient un dessinateur habile, puis à la manufacture royale de porcelaine de Sèvres. Élève de David, il doit renoncer à une carrière artistique faute de moyens financiers et en raison d’un problème de vue. Il regagne l’entreprise familiale pour y surveiller les ateliers le jour et étudier la statique, la mécanique, la géométrie et le dessin la nuit. Il met à profit ses connaissances pour réussir quelques combinaisons mécaniques dans l’atelier familial, entreprend quelques travaux en Belgique, puis se rend à Arras pour la reconstruction du moulin de Louez-lès-Duisans : il s’y installe définitivement par son mariage avec Émilie Bacqueville le 9 septembre 1812. (Notons qu’il n’a qu’un seul témoin, Maurice Bacler, directeur des Postes, son cousin paternel, et que les trois autres témoins sont ceux de son épouse).
Il s’associe à Crespel-Delisse en concevant et en réalisant les machines nécessaires à la première fabrique de sucre de betterave installée en 1810 à Arras. Grâce aux modifications et améliorations qu’il y apporte, cette fabrique servira de modèle en France et en Europe.
En 1814, la Restauration ouvre de nouveau la route de l’Angleterre aux Français. Alexis Hallette avait recruté, parmi ses premiers ouvriers, des prisonniers anglais détenus à la citadelle d’Arras et s’était rendu compte de l’avance industrielle de cette nation sur le reste du continent. Il décide d’en visiter les principaux ateliers et revient d’Angleterre avec de précieuses informations. Son atelier arrageois devenu trop limité, il monte en 1815 une usine beaucoup plus moderne à Blangy-lès-Arras. Ses études pour le perfectionnement des presses à huile de moulin à huile et les sondages de puits artésiens qu’il dirige rencontrent un véritable succès. Il construit des chaudières à cuire, des presses hydrauliques pour les moulins à huile, Les affaires de l’entreprise Hallette connaissent un tel essor que ses nouveaux ateliers de Blangy deviennent, à leur tour, insuffisants : en 1820, il revient s’installer à Arras, dans l’ancien refuge des Dames d’Avesnes, rue Baudimont, Très modernes pour l’époque, ses ateliers s’étendent progressivement dans tout le quartier, entre la rue Baudimont et les remparts : ils atteindront la superficie de deux hectares en 1846 et emploieront plus de huit cents ouvriers. L’industriel arrageois rivalise alors avec les plus grands constructeurs de machines de France.
Il s’intéresse de plus en plus aux applications de la machine à vapeur dans les mines de houille, dans la traction sur rail et la propulsion des navires de haute mer. En 1833 il présente un rapport sur l’établissement d’un chemin de fer de Paris à Lille via Arras, participe à la création du chemin de fer de Fampoux à Hazebrouck via Lens et Béthune, il livre des machines à vapeur aux com
Il fait partie des quatorze membres complémentaires élus en juin 1817 lors de la reconstitution de l’Académie. Il est choisi, avec Crespel-Delisse, en tant qu’industriel innovateur susceptible de donner un nouvel élan à l’institution renaissante.
pagnies houillères du bassin de Valenciennes, il construit ses propres locomotives à partir de 1838, fabrique les machines à vapeur qui équipent six navires de guerre français, puis en 1842 et 1843 trois paquebots, et se spécialise finalement de 1842 à sa mort dans la fabrication de locomotives pour la Compagnie du Nord.
Ingénieur génial qui est récompensé pour ses inventions en 1826 et 1827 par la Société d’encouragement pour l’Industrie nationale, il se révèle un gestionnaire brouillon et mal avisé qui cède à d’autres les entreprises successives qu’il contribue à créer dans les mines de houille et le transport par rail. Sa belle entreprise arrageoise, devenue en 1845 la Société des ateliers de construction Hallette et Cie, elle-même, ne lui survivra pas. Son fils Alfred, placé à sa tête, la liquide rapidement après la mort de son père. Les terrains sont vendus par lots à partir de 1848. Le lot principal est acquis par l’évêque d’Arras, le 8 juin 1857, pour la construction du petit séminaire devenu dans la seconde moitié du XXe siècle le lycée privé Baudimont. Seule la rue qui le longe porte encore son nom.
Il a été décoré de la Légion d’honneur en 1827 par le roi Charles X qui visite ses ateliers à l’occasion de son voyage en Artois.
Il a été Conseiller municipal pendant quelques années à partir de 1828, membre de la Chambre de commerce d’Arras et membre du Conseil général du Pas-de-Calais de 1833 à 1843.
Sources
État civil : mariage, AD 62, 5 MIR 041/43, p. 1311/1405 ; naissance de sa fille Ludivine Émilie le 21 juin 1813, AD 62, 5 MIR 041/33, p. 1265/1418 ; naissance de son fils Alfred Augustin à Blangy, AD 62, 5 MIR 753/2, p.570/1291.
CALLITE Anne, « Aléxix Hallette, ingénieur et industriel en Artois (1788-1846) », Revue du Nord, 1991, p. 611-622, et aux éditions du Geai bleu, Roubaix, 2003.
BRÉEMERSCH Pascale et DECELLE Jean-Michel, Le chemin de fer dans le Pas-de-Calais des origines à 1914, Arras, Archives départementales du Pas-de-Calais, 1993.
HAUTECLOCQUE Gustave de, Les Cent-Jours et la Seconde Restauration dans le Pas-de-Calais, 1815-1830, Arras 1912.
JARRY de MANCY, « Un bienfaiteur de la ville d’Arras, HALLETTE (Alexis) », in Portraits et histoire des Hommes Utiles, hommes et femmes de tous pays et de toutes conditions…, Paris, 1837-1838, p. 271-274.
BURDET Aimé, Rapport sur les machines de M. Hallette, MAA, 1ère série, t. Ier (1818), p. 61-76
Frédéric Turner