Caucourt 05.06.1888 – Arras 01.05.1978. Architecte de la reconstruction des villages de l’Artois après la Grande Guerre, président honoraire de l’Union espérantiste du Nord de la France, administrateur de l’Union universelle espérantiste.
Élu le 11 décembre 1959 pour succéder à Valentin Desvaux sur le 25e fauteuil ; reçu le 14 janvier 1962 par François d'Argoeuves. Il est remplacé le 27 avril 1979 par Odile Parsis-Barubé.
Henri Philippe est le fils de François Nicolas Joseph Philippe, instituteur et agriculteur, et de Lydie Françoise Joseph Degouy.
Il fait ses études d’architecte urbaniste à l’Institut d’urbanisme de l’université de Paris et à l’École spéciale des Travaux Publics, du bâtiment et de l’industrie. Il est le témoin de la première tentative d’utilisation rationnelle du béton armé par les frères Perret au Théâtre des Champs Élysées et il s’intéresse aux réalisations des architectes d’Outre-Atlantique ayant opté pour la verticalité.
Il se marie le 18 décembre 1911 à Caucourt avec Célina Delaby (1889-1970). Le couple aura une fille, Lucile.
Rappelé dans le génie pendant la première guerre mondiale, il y participe sur le front jusqu’en 1917, avant d’être affecté aux mines de Bruay.
À l’issue de la guerre, il retrouve l’Artois bouleversé par un conflit qui n’a laissé que ruines et désolation. Il s’attache à la reconstitution des plans des agglomérations et à la reconstruction des communes d’Ablainzevelle, Acq, Ayette, Béhagnies, Boiry-Becquerelle, Boyelles, Carency, Camblain-l’Abbé, Douchy-les-Ayette, Estrée-Cauchy, Frévin-Capelle, Gouy-Servins, Humbercamps, Morval, Neuville-Saint-Vaast, Pommier, Saint-Amand, Thélus. Il a encore contribué à la reconstruction ou la restauration de l’église Saint-Géry à Arras et des églises d’Acq, Ayette, Bertincourt, Boiry-Becquerelle, Boyelles, Carency, Douchy-les-Ayette, Frévin-Capelle, Estrée-Cauchy, Camblain-l’Abbé, Fort-Mahon, Gouy-Servins, Humbercamps, Morval, Mory, Neuville-Saint-Vaast, Pommier, Saint-Amand et Thélus. On lui doit également les plans d'aménagement des communes d'Ambleteuse et de Fort-Mahon-Plage ; des plans de lotissement de la société La Berckoise et Ambleteuse Extensions, ainsi que de la société Fort-Mahon-Plage Extensions. Il faut travailler dans l’urgence, trouver des matériaux, faire du neuf ou sauver ce qui peut l’être, tout ceci au prix d’acrobaties budgétaires.
On sait qu’il lui faudra de nouveau s’atteler à la même tâche après la deuxième guerre mondiale.
Cependant son passé d’ancien combattant fait de lui un militant dans de nombreux domaines. Au sein de l’association des Hygiénistes et techniciens municipaux, il travaille à l’amélioration du cadre de vie et participe, en 1932, au premier congrès international d’hygiène méditerranéenne. Il publie avec Augustin Rey, président de la Société de médecine publique et de génie sanitaire, un opuscule exprimant dès cette époque, des préoccupations « écologiques », manifestant ainsi son souci pour l’assainissement des centres-villes et la recherche de l’ensoleillement.
Henri Philippe donne aussi à son action un caractère social dans le cadre de L’Association des cités jardins de France qui a pour but la construction de logements ouvriers et dont le grand théoricien, Georges Benoit-Lévy était son ami. Grand humaniste, il travaille au rapprochement entre les peuples. Il est membre de l’Union fraternelle franco-britannique. Formé à l’esperanto, il s’engage au sein de la Fédération espérantiste française et représente la France dans de nombreuses manifestations. Il fonde la Maison culturelle des espérantistes à Baugé (Maine-et-Loire) et, en 1978, il est encore président d’honneur de la Fédération française d’espéranto. Il intervient dans de nombreuses écoles publiques et privées d’Arras pour une initiation à ce langage international. L’éducation nationale lui en saura gré en l’élevant, en 1965, au grade de chevalier dans l’ordre des Palmes académiques. Il a aussi une action importante pour la préservation du patrimoine comme membre de la Société française d’archéologie, de la Société de folklore artésien. Il est encore actif au sein du Syndicat des architectes du Pas-de-Calais dont il fut un temps vice-président, au sein de la Société des ingénieurs civils de France, du Groupe d’études et de coordination de l’urbanisme souterrain et de la Commission départementale des monuments historiques.
Il a été un membre très actif au sein de l’Académie, occupant la fonction de secrétaire-adjoint de 1961 à 1975 sous les présidences successives du chanoine Lestocquoy, de Charles Hollart, Charles Moreaux, du docteur Baude, et de Charles Mériaux, Il a fait l’apologie de l’espéranto dans son discours de réception le 14 janvier 1962, donné trois communications (8 avril 1960 : Un voyage de trois semaines en Pologne en 1959 ; 24 mai 1963 : Souvenirs de Yougoslavie ; 8 juin 1973 : L’eau, un peu d’histoire). Il a aussi reçu l’Académie à son domicile, 18 rue Pasteur, le 22 janvier 1965 et en a fait visiter les caves étagées (boves) et les souterrains. Il a renouvelé cette initiative le 6 juin 1969, quand l’Académie d’Arras a reçu la Société d’Agriculture, Sciences et Arts (SASA) de Douai.
Sources :
AD 62, 2300 W 20. Conception de l'exposition sur la reconstruction du Pas-de-Calais : notices biographiques sur les acteurs de la reconstruction.
État civil : naissance AD 62, 3 E 218/12, p 181/261 ; mariage, AD 62, 3 E 218/6.
Services militaires : matricule Béthune/1908/3150
PARSIS-BARUBÉ Odile, Discours de réception le 23 mars1980, Archives de l’Académie d’Arras.
Agnès et Gérard Devulder