Paris (paroisse de Saint-Eustache) 02.04.1779 – Montoire (Loir-et-Cher) 21.09.1866. Polytechnicien, officier de l’armée napoléonienne, colonel commandant le 2e régiment du Génie d’Arras.
Nommé en mai 1817 à la restauration de l’Académie au 27e fauteuil, occupé avant la Révolution par François Bayart , avocat au Conseil d’Artois. Trop occupé par sa charge militaire, il démissionne le 5 août 1818. Il est remplacé en 1819 par le colonel Faille commandant l’artillerie de la place d’Arras. Sa carrière se poursuit brillamment après son départ d'Arras. Il finit général de division et membre de la Chambre des Pairs sous la Monarchie de Juillet.
Personnage de premier rang, sa carrière militaire est bien plus importante que sa présence éphémère dans les rangs de l’Académie d’Arras.
Il est le fils d’Hubert Jean Baptiste Rohault de Fleury, avocat au Parlement de Paris, et de Marie Madeleine Meunier.
Après ses études au collège de Juilly, il est reçu en 1795, à seize ans, à l'École polytechnique, puis intègre en 1798 l'École d'appication de l'artillerie et du génie de Metz. Sorti en 1800, avec le grade de lieutenant de sapeurs du génie, il est affecté dans le Corps d’observation des côtes de l’Océan, dit « de la Gironde », ou dit encore « de Portugal », il se révèle d’emblée comme un meneur d’homme énergique et efficace, et il est promu capitaine dès 1801. Pendant les années 1803-1805, il est à l’état-major du Génie, puis à l’Armée des côtes de l’Océan, et notamment au camp de Boulogne après la rupture de la paix d’Amiens (16 mai 1803). Après la formation de la troisième coalition (août 1805) et la reprise des opérations militaires en Bavière (octobre 1805), il est transféré dans le corps d’armée du maréchal Lannes en Allemagne et participe à la bataille d’Austerlitz (2 décembre 1805). Lannes auquel il était attaché, aurait alors demandé pour lui le grade de chef de bataillon, mais âgé seulement de 25 ans, il parut trop jeune…
Il est engagé ensuite dans les campagnes contre la quatrième coalition (automne 1806) en Saxe où il est à la bataille d’Iéna contre les Prussiens (14 octobre 1806), puis en Pologne, à la bataille de Pultusk contre les Russes (26 décembre 1806), et enfin, aux sièges de Stralsund en Poméranie suédoise (à partir de février 1807) où il est fait Chevalier de la Légion d’honneur le 8 mars 1807. Peu après, il est encore au siège de la place prussienne de Colberg, à 25 km de Dantzig. La paix de Tilsitt (8 juillet 1807) le ramène en France.
Après les premiers revers subis par la France à Madrid (2 mai 1808) et l’insurrection générale du peuple espagnol, il est affecté à l’armée d’Espagne dans la division du général Duhesme chargée de soumettre les insurgés en Catalogne en juin 1808. Il participe activement avec ses sapeurs aux deux sièges infructueux de Gérone (juin–juillet 1808), puis à celui de Barcelone (9-18 août 1808) auquel ses chefs décident de renoncer, malgré son opposition énergique. Sa brillante attitude lui vaut d’être promu chef de bataillon (il est maintenant âgé de 29 ans…). Quelques mois plus tard, il est encore au troisième siège de Gérone, commencé le 6 mai 1809, et qui s’éternisait en partie du fait de la mésintelligence entre Gouvion Saint-Cyr, commandant de l’armée de Catalogne et Verdier chargé des opérations du siège. Rohaut de Fleury, « toujours avide de se signaler par des prouesses », est blessé grièvement le 7 juillet, à la tête de la colonne d’attaque du fort de Montjuich. Ce fait d’arme est récompensé par son élévation à la dignité d’Officier de la Légion d’honneur le 30 août 1809.
Du fait de la gravité de ses blessures et de la lenteur de sa guérison, il est affecté de 1810 à 1814, dans des postes administratifs, en Hollande, en Italie, puis au Dépôt des fortifications à Paris. C’est au cours de cette période difficile qu’il épouse, le 13 octobre 1812, Anne Catherine Marguerite Honorine de Sèze, fille du comte Raymond de Sèze, ancien avocat au Parlement de Bordeaux et défenseur de Louis XVI. Ce mariage le rallie à la Maison de Bourbon, ce qui lui vaut, à la Restauration de Louis XVIII en 1814, d’être nommé major dans la garde royale. Il reste fidèle au roi pendant les Cent-Jours en 1815. Promu colonel en 1816, il obtient le commandement du 2e régiment du Génie et arrive ainsi à Arras.
Il y est nommé, parmi les premiers, le 15 mai 1817, membre de l’Académie que le préfet Malouet s’évertue à reconstituer. Mais, militaire avant tout, Rohault de Fleury ne peut se résoudre à y consacrer une partie de son temps, et, par honnêteté, il démissionne le 5 août 1818.
Devenu baron héréditaire par lettres patentes du 2 novembre 1818, Rohaut de Fleury quitte Arras en 1822 pour rejoindre Paris où il est nommé sous-gouverneur de l’École polytechnique. Mais sa fermeté toute militaire et son caractère entier, s’accommodent mal d’une fonction qui exigeait esprit de conciliation, tact et mesure.
On l’en tire en lui confiant en avril 1823, avec le grade de maréchal de camp (général de brigade), le commandement du Génie du 4e corps d’armée de l’expédition d’Espagne de 1823, sous les ordres du maréchal Moncey. Cette expédition, confiée à la France par la Sainte-Alliance, destinée à rétablir sur son trône le roi « légitime » Ferdinand VII d'Espagne, chassé par une révolution libérale et populaire, dure d’avril à octobre 1823.
À son retour, Rohault de Fleury est nommé membre du Comité des fortifications. Mais, comme à Polytechnique, ses vues arrêtées et très personnelles lui créent encore une fois des difficultés avec les généraux composant le comité.
Il y reste toutefois jusqu’à ce que le nouveau gouvernement lui confie en 1831 la direction supérieure des travaux de défense de Lyon : enceinte de la ville, ceinture des forts qui l’entourent, ligne de ceux qui protégeaient la rive gauche du Rhône. Élevé, à cette occasion, à la dignité de Grand officier de la Légion d’honneur, il dispose de pouvoirs étendus et une indépendance complète par rapport au Comité d’où il venait. Il préside l’exécution de ces travaux « avec l’ardeur qu’il portait à tout », pendant dix ans (1831-1841), jusqu’à leur achèvement complet. Il en est toutefois distrait à deux reprises, en 1834 et en 1837.
L’insurrection des ouvriers de la soie en 1834 l’oblige à intervenir « avec sa bravoure ordinaire ». Placé à la tête de l’artillerie de la ville, il réprime « efficacement » l’émeute. Il en est récompensé par une promotion au grade de « lieutenant-général » (général de division).
Il est obligé de s’éloigner provisoirement de Lyon en 1837, envoyé en Algérie pour commander le Génie de la seconde expédition de Constantine (août-octobre 1837), le temps de briser la résistance « des indigènes » en dirigeant avec succès les opérations du siège de la ville. Sa récompense, cette fois, est sa nomination à la Chambre des Pairs le 7 novembre 1837.
Il peut ensuite reprendre à Lyon la direction des travaux qu’il tient à achever personnellement refusant en 1840, le gouvernement général de l’Algérie, et même le portefeuille de la Guerre. Sa mission accomplie en 1841, il quitte Lyon.
Il réintègre à Paris le Comité des fortifications, et peut enfin siéger à la Chambre des Pairs. Il y traite avec autorité de plusieurs questions relatives aux armes. La révolution de février 1848 met brutalement fin à toutes ses activités. Passé dans le cadre de réserve de l’armée en 1847, il est mis à la retraite d’office par le gouvernement provisoire de la République qui ne tient aucun compte de ses protestations indignées.
Le Second-Empire se souvient de lui en l’élevant le 26 décembre 1860 à la dignité rare de Grand-Croix de la Légion d’honneur.
Il meurt en 1866 dans son château de Fargot, à Montoire-sur-le-Loir (Loir-et-Cher).
Il ne faut pas le confondre avec son frère Charles Hubert Rohault de Fleury (1777–1846), polytechnicien lui aussi, élève de l’École des Beaux-arts, grand prix de Rome d’architecture en 1802, architecte du gouvernement pour le compte notamment de la préfecture de police, du ministère de l'Intérieur et des Hospices de Paris dans la première moitié du 19e siècle.
Publications
Chambre des Pairs. Séance du 30 mars 1841. Opinion de M. le baron Rohault de Fleury, pair de France, sur le projet de loi relatif aux fortifications de Paris. 1841.
Journal de l’expédition de Constantine en 1837, Paris, 1838.
Sources
http://www.senat.fr/pair-de-france/rohault_de_fleury_hubertpf0663.html
Base Léonore, dossier LH/2370/5
École polytechnique, Le livre du centenaire, 1794-1894, t. 2, Services militaires, Rohault de Fleury, p. 79-82, Paris, 1894.
FAUCON Narcisse, Le Livre d'or de l'Algérie : histoire politique, militaire, administrative, événements et faits principaux, biographie des hommes ayant marqué, Challamel et Cie Éditeurs, Librairie algérienne et coloniale, Paris, 1889.
LAROUSSE Pierre, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, vol.13, 1875.
GOURDON DE GENOUILLAC Henri, Dictionnaire des anoblis, 1270-1868, Paris, 1875.
VAPEREAU Gustave, Dictionnaire universel des contemporains contenant toutes les personnes notables de la France et des pays étrangers…, 3e édition, 1863.
MULLIÉ Charles, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852.
Michel Beirnaert