Saint-Pol-sur-Ternoise 17.11.1827 – Arras 15.07.1911. Pharmacien, conseiller municipal, premier adjoint au maire d’Arras. Poète et fin lettré. Membre de plusieurs sociétés savantes.
Élu en 1878 pour succéder à Maurice Colin sur le 9e fauteuil, il est reçu le 21 août 1879 par le président Auguste Paris. Il est remplacé en 1911 par l’avoué Émile Bloquel.
Il est le fils d’Eugène Guislain Joseph, pharmacien à Saint-Pol-sur-Ternoise, et de Sophie Lucie Joseph Leva.
Il est l’un des 152 élèves sélectionnés sur 1800 candidats pour faire partie de la première promotion de l’éphémère École d’Administration, créée en mars 1848 au Collège de France par le ministre de l’Instruction publique du gouvernement provisoire de la République Hippolyte Carnot. Le jeune Ricouart bénéficie de l’enseignement de professeurs illustres comme Alphonse de Lamartine, Louis-Antoine Garnier-Pagès, Alexandre Ledru-Rollin. Il complète cette formation en suivant les cours de la faculté et obtient une maîtrise en pharmacie en 1852. Il s’installe pharmacien à Arras, et le 27 novembre 1854, il épouse Clara Rose Adélaïde Quevreux, commerçante originaire d’Amiens.
« Homme de petite taille, aux longues moustaches, à la voix forte, à l’œil intelligent et bon »,
il exerce sa profession comme un sacerdoce, distribuant généreusement secours et conseils aux déshérités de la fortune. Sans l’avoir recherché, « il se met ainsi en relief et attire sur lui les yeux de la foule ». La confiance de ses concitoyens le conduit à l’hôtel de ville. Il est nommé conseiller municipal le 21 décembre 1874, deuxième adjoint le 20 mai 1876, premier adjoint le 8 mars 1878. Il est ensuite régulièrement réélu à ce poste, en 1883 et 1887. Il exerce même la fonction de maire du 10 juin 1879 au 14 août 1880, après la démission d’Ernest Deusy, mis en minorité dans son conseil municipal.
Actif, efficace et dévoué, il est alors « de toutes les sociétés, de toutes les commissions à cause de la considération qu’il s’était acquise et de la rectitude de son jugement » : délégué cantonal (4 mai 1877), président de la commission administrative du musée communal (20 novembre 1878) ; membre de la commission de contrôle de l’établissement des sourds-muets et aveugles (3 mars 1881), de la commission administrative des hospices civils et militaires d’Arras (12 mai 1881), du conseil d’administration de l’École normale d’institutrices, du comité départemental pour la protection du premier âge, de la commission de contrôle et d’achat de la bibliothèque (1882), de la commission administrative du Mont-de-Piété (13 avril 1882), du comité départemental d’hygiène et de salubrité, de la commission d’examen du brevet élémentaire de capacité (février 1884) ; il a aussi, un temps, été vice-président de l’Union des sociétés de secours mutuels du département du Pas-de-Calais..
Par la suite, l’âge le force à délaisser l’une après l’autre les nombreuses responsabilités qui lui avaient été confiées. Il conserve toutefois, jusqu’à son décès, la présidence de la société de secours mutuels des typographes d’Arras pour qui il a créé et dirigé une boulangerie coopérative dite boulangerie typographique.
Louis Ricouart ne s’est jamais laissé accaparer totalement par ses multiples activités bénévoles et a toujours trouvé le loisir de se consacrer à la poésie et à la recherche historique.
Il s’est fait connaître en 1878 en proposant à l’appréciation de l’Académie d’Arras, « hors concours », un volumineux Essai de traduction fidèle des Astronomiques de Manilius. Cette talentueuse et poétique version latine, jugée en tous points remarquable dans le rapport présenté en séance publique, par Auguste Wicquot, le 2 août 1878, est récompensée par une exceptionnelle médaille d’or de 300 F. Sa toute nouvelle notoriété de latiniste émérite vaut à Louis Ricouart d’être immédiatement élu membre résidant de l’Académie. Il y présentera fréquemment des poésies pleines de finesse et d’humour. Nommé membre de la commission des Antiquités départementales (1882), il en devient président quand elle se transforme en commission des Monuments historiques. Dès lors, il consacre du temps à la recherche historique et publie une étude novatrice des toponymes du département du Pas-de-Calais. Il dresse aussi la liste des propriétés lointaines de l’ancienne abbaye Saint-Vaast d’Arras.
Il était encore membre de la Société des Antiquaires de la Picardie, de la Société d’émulation d’Abbeville, de la Société d’histoire et d’archéologie du Vimeu, correspondant de la Société des Antiquaires de la Morinie.
Ses talents et ses mérites ont été récompensés par plusieurs décorations : Officier d’académie (5 août 1879), Officier de l’Instruction publique (30 décembre 1884) ; Chevalier de la Légion d'honneur (30 mai 1889) au titre du ministre de l'Intérieur, en qualité d'adjoint au maire d'Arras ; Médaille d’or de la Mutualité.
Publications dans les Mémoires de l’Académie
Discours de réception le 21 août 1879, MAA, 2e série, t. XI (1880), p. 164-174.
Rapport sur un Mémoire hors concours (La légende de l’église de Saint-Michel), MAA, 2e série, t. XI (1880), p. 216-221.
Souhaits de bienvenue au Congrès, poésie, MAA, 2e série, t. XII (1881), p. 160-163.
Causerie sur le Sonnet, MAA, 2e série, t. XII (1881), p.242-253.
Lecture sur la Poésie, MAA, 2e série, t. XIII (1882), p. 406-412.
Rapport sur le concours de philologie, MAA, 2e série, t. XV (1884), p. 45-56.
Réponse au discours de réception de M. Leloup, le 8 mai 1885, MAA, 2e série, t. XVII (1886), p.42-48.
Études sur les noms de lieux du département du Pas-de-Calais (extraits), MAA, 2e série, t. XVIII (1887), p. 133-158.
Rapport sur le concours de poésie (1888), MAA, 2e série, t. XX (1889), p.38-45.
Étude sur les noms de lieux du département du Pas-de-Calais, MAA, 2e série, t. XX (1889), p.149-167
Ouverture de la séance d’octobre 1890, MAA, 2e série, t. XXII (1891), p. 7.
Le Vagabond, poésie, MAA, 2e série, t. XXII (), p. XXII (1891), p.87-88.
Le fossé Burien, MAA, 2e série, t. XXII (1891), p. 257-260.
Autres publications
Les biens de l'abbaye de Saint-Vaast dans la Hollande, la Belgique et les Flandres françaises, Anzin, 1887, 74 pages.
Les biens de l'abbaye de Saint-Vaast dans les diocèses de Beauvais, de Noyon, de Soissons et d'Amiens, Anzin, 1888, 256 pages.
Translation des reliques de saint Wandrille, Amiens, Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie, 1889, 27 pages.
Etudes pour servir à l'histoire et à l'interprétation des noms de lieu du Pas-de-Calais, 1891-1903.
Arrondissements d'Arras, Saint-Pol, Montreuil et Béthune, Anzin, 189, 664 pages.
Documents sur l'hospice Saint-Mathieu, dépendance des hospices d'Arras, Anzin, 1895, 50 pages.
Sources
État civil : naissance, AD 62, 3 E 767/15, p. 158/306 ; mariage, AD 80, 5 MDI D 189, p 334/610 ; décès, AD 62, 3 E 041/542, p. 51/104.
Base Léonore : dossier n° LH/2326/53
WICQUOT Auguste, Rapport sur un Mémoire hors concours (volumineux manuscrit de près de cinq mille vers, traduction des Astronomiques de Manilius, MAA, 2e série, t. X (1878), p. 424-442.
ACREMANT Gustave, Paroles prononcées aux funérailles de M. Ricouart le 17 juillet 1911, Mémoires de l’Académie d’Arras, t. XLII (1911), p. 266-268.
BLOQUEL Émile, Discours de réception lors de la séance publique du 11 décembre 1913, Mémoires de l’Académie d’Arras, 3e série (1921), p.109-129.
ACREMANT Gustave, Réponse au discours de réception de M. Eugène Bloquel, Mémoires de l’Académie d’Arras, 3e série (1921), p.131-139.
DEFURNE George et SERGEANT Fernand, Dictionnaire biographique de la ville d'Arras et de son arrondissement, Arras : imprimerie Théry et Plouvier, 1906.
VAUTHIER Gabriel, Le Collège de France, école d’administration (1848-1849), dans La Révolution de 1848. Bulletin de la Société d'histoire de la Révolution de 1848, tome 10, numéro 60, janvier-février 1914. p. 451-470.