Arras 14.05.1849 – Arras 04.07.1926. Avocat honoraire, ancien bâtonnier, critique d'art.
Élu en 1892 pour succéder au pharmacien Pierre Gossart sur le 10e fauteuil. Il est reçu le 22 décembre 1892 par le président Henri de Mallortie Vice-chancelier de 1898 à 1901, chancelier de 1902 à 1905. Il est remplacé en 1927 par l’avocat Jules Grardel.
Issu d’une vieille famille arrageoise, il fait ses études au collège, puis gagne Paris pour faire son droit. Ses études sont interrompues par la guerre de 1870, au cours de laquelle il sert dans les rangs de la garde nationale mobile du Pas-de-Calais. De retour à Arras, il s’inscrit au barreau en 1879 et y fera toute sa carrière jusqu’à la Grande Guerre, comme avocat, membre du conseil de l’ordre et bâtonnier en 1904. Le 3 février 1880, il épouse Julie Charruey, fille de Philibert Joseph, négociant en toiles, et de Zélie Zoé Delétoille. Le couple aura quatre enfants.
Selon son biographe, Jules Grardel, c’est dans la capitale que s’est développé son goût pour l’art et que naît cette passion qui ne le quittera pas. Il débute ses écrits en 1879, dans L’Artésien, par un compte rendu des envois des artistes locaux au salon parisien. Il y fait l’éloge en particulier des productions des paysagistes, élèves de Dutilleux et de Corot. Sa monographie sur l’un d’entre eux, Jules Thépaut, lui vaut d’être remarqué par l’Académie d’Arras qui lui décerne en 1885 une médaille d’argent. Quatre ans plus tard, une notice sur Alexandre Boiron, jeune disciple de Jules Breton, prématurément disparu, est récompensée par une médaille de vermeil et décide de son entrée dans ladite société.
Il réserve désormais la plupart de ses études aux Mémoires de l’Académie, les plus importantes faisant l’objet de tirés à part. Celles-ci sont consacrées exclusivement à des artistes locaux, figures majeures ou secondaires, tirant de l’oubli de petits maîtres comme le sculpteur Louis Delaville (1763-1841), auteur de statuettes en terre cuite représentant le peuple et les notables de province. Ce sont soit des monographies très documentées, soit des notices nécrologiques. Elles offrent un panel très éclectique de la scène artistique, depuis le naturalisme des disciples de Corot et de Dutilleux, jusqu’à un tenant de la grande décoration murale, disciple d’Ingres en la personne de Charles Daverdoing, en passant par le génie romantique et visionnaire d’un François Chifflart, le réalisme idéalisé d’un Jules Breton ou encore la production sculptée conventionnelle d’un Louis-Noël. Seuls comptent le talent et la capacité de l’artiste à procurer une émotion.
Viltart ne s’est pas contenté pas d’être un observateur. On sait qu’il figure parmi les Arrageois qui ont apporté un soutien matériel et psychologique au grand peintre et graveur François Chifflart, victime de son tempérament indépendant, volontiers frondeur et dépressif. C’est aussi lui qui a organisé en juillet 1901, au Palais Saint-Vaast, sous l’égide de l’Union artistique, une exposition en hommage à l’artiste qui regroupait vingt-huit tableaux, dessins et gravures provenant tous de collections arrageoises.
Si Viltart se consacre presque exclusivement à célébrer les talents locaux, c’est qu’il voue un amour passionné à sa terre natale. « Arras était sa vraie patrie, une partie plus particulièrement affectionnée de sa grande Patrie qu’il a servi toute sa vie. », écrit Jules Grardel. On peut mesurer cet attachement à la lecture de l’ouvrage Autour du clocher, qu’il fit paraître en 1912 et qui contient une foule d’anecdotes sur la ville et ses habitants. La destruction de la ville en 1914-1918 fut pour lui une véritable tragédie. D’une personnalité chaleureuse et généreuse, il trouva à s’investir au sein du comité local de la Société de secours aux blessés, de la Croix Rouge, dont il fut secrétaire et trésorier. Au début du premier conflit mondial, celle-ci ouvrit une ambulance rue des Promenades, qui fut ensuite transférée dans l’ancien couvent du Saint-Sacrement, rue d’Amiens. Parmi ses autres engagements, outre l’Académie au sein de laquelle il fut à plusieurs reprises rapporteur des concours des Beaux-Arts, d’histoire et de poésie, on signalera sa participation aux travaux de la commission administrative de musée, section Beaux-arts et antiquités, de 1897 à 1908.
Publications dans les Mémoires de l’Académie d'Arras
Louis Noël (1839-1925), MAA, 3e série, t. VI (1926), p. 117-128.
Colas et Jacqueline, MAA, 3e série, t. V (1925), p. 99-104.
L’Académie d’Arras et le bombardement, , MAA, 3e série, t. III ( 1923), p. 175-180.
Les historiens du bombardement d’Arras, , MAA, 3e série, t II (1922), p. 91-136.
Auguste Massy, , MAA, 3e série, t. I ( 1921), p. 55-64.
Gustave Colin, MAA, 2e série, t. XLIII (1912), p. 97-104.
F.N. Chiffart (1839-1901), MAA, 2e série, t. XXXIV (1903), p. 157-192.
Rapport sur le concours des Beaux-Arts, MAA, 2e série, t. XXXIII (1902), p. 433-436.
Mme Gustave Mesureur (Amélie Dewailly), MAA, 2e série, t. XXXIII (1902), p. 367-374.
Rapport sur le concours des Beaux-Arts (1901), MAA, 2e série, t. XXXII (1901), p. 254-257.
Trois recueils de portraits au crayon ou à la plume, MAA, 2e série, t. XXXI (1900), p. 146-150
Rapport sur le concours de poésie (1900), MAA, 2e série, t. XXXI (1900), p. 22-28
Rapport sur le concours de poésie (1899), MAA, 2e série, t. XXX (1899), p. 27-
Mlle Marie Fresnaye, statuaire et céroplaste, MAA, 2e série, t. XXX (1899), p. 43-52.
Louis Delaville 1763-1841, MAA, 2e série, t. XXX (1899), p. 33-42
Rapport sur le concours de poésie, MAA, 2e série, t. XXVIII (1897), p. 267-277.
Les sociétés houillères, MAA, 2e série, t. XXVIII (1897), p. 199-208.
Exposition des œuvres de Julien Boutry, MAA, 2e série, t. XXVIII (1897), p. 191-198.
Louis Noël, MAA, 2e série, t. XXVII (1896), p. 175-184.
Rapport sur le concours d’histoire (25 juillet 1895), MAA, 2e série, t. XXVI (1895), p. 278-282.
Rapport sur le concours des Beaux-Arts (26 juillet 1895), MAA, 2e série, t. XXVI (1895), p. 27-31.
Une œuvre inconnue de Carpeaux, MAA, 2e série, t. XXV (1894), p. 158-164.
Discours de réception le 22 décembre 1892, MAA, 2e série, t. XXIV (1893), p. 42-54.
Autres publications
Autour du Clocher. Contes d'Artois. Gens d'Artois (Jules et Emile Breton, M. et Mme Dumont), Arras, Impr. de la Presse populaire, 1912, 127 p.
« Charles Daverdoing (1813-1895) », La Revue du Nord, 1er août 1895, 6e année, n° XV et L’Artésien, 22 septembre 1895.
Désiré Dubois, artiste-peintre (1817-1889), Arras, Sueur-Charruey, 1890, 46 p.
Alexandre Boiron, artiste-peintre (1859-1889), Arras, Sueur-Charruey, 1889, 45 p.
Xavier Dourlens, artiste peintre (1826-1888), Arras, Sueur-Charruey, 1888, 17 p.
Jules Thépaut, artiste-peintre (1818-1885), Arras, Sueur-Charruey, 1885, 20 p. (Ouvrage couronné par l’Académie d’Arras).
L’Artésien au Salon de 1879. Revue humoristique, Arras, Sueur-Charruey, 1879, 15 p. (extrait de L’Artésien, 22 juin 1879)
Sources
Annuaire statistique et administratif du Pas-de-Calais, Arras, 1880-1913.
Les dictionnaires départementaux. Pas-de-Calais. Dictionnaire, annuaire et album, Paris, Henri Jouve, 1897, non paginé.
DEFURNE Georges et SERGEANT Fernand, Dictionnaire biographique de la ville d’Arras et de son arrondissement, Arras, Théry et Plouvier, 1906, non paginé.
LESTOCQUOY A. « Léonce Viltart », Mémoires de l’Académie d’Arras, 3e série, t. VI (1927), p. 147-149.
COLOMBEL Emmanuelle, née TAILLANDIER, Journal d’une infirmière d’Arras, août-septembre-octobre 1914, Paris, Publications Bloud et Gay,1916, p. 12-13.
« Discours de réception de M. Jules Grardel », Mémoires de l’Académie d’Arras, 3e série, t. VIII (1929), p. 167-195.
MARCHAL Gaston-Louis et WINTREBERT Patrick, Arras et l’art au XIXe siècle, Mémoires de la Commission départementale d’histoire et d’archéologie du Pas-de-Calais, t. XXIV, Arras, 1987, p. 233.
Patrick WINTREBERT