Bully-les-Mines 17.04.1898 – Rennes 31.10.1988. Pharmacien, professeur titulaire de la chaire de botanique à la Faculté de médecine et de pharmacie de Lille.
Élu le 31 mars 1939, sous la présidence de Louis Vaillant, pour succéder à Mgr Augustin Boisleux sur le 22e fauteuil Il est remplacé en 1953 par Régis Bayle.
Il est le fils de Louis Dehay, pharmacien rue Saint-Géry à Arras, et de Marthe Henriette Delattre, fille du docteur Ferdinand Delattre, maire de Bully-Grenay. Louis Dehay est aussi le pharmacien de l’hôpital d’Arras et membre du conseil départemental d’hygiène.
Charles Dehay naît au domicile de ses grands-parents maternels, mais passe toute son enfance à Arras. Il est en classe de première au collège Saint-Joseph lorsqu’éclate la guerre. Sa famille quitte Arras dès les premiers bombardements de la ville en octobre 1914, et finit par s’installer à Évreux où Louis Dehay reprend une pharmacie. Charles, bachelier en juillet 1916, entre en apprentissage dans l’officine familiale avant son appel sous les drapeaux en avril 1917. Incorporé dans l’artillerie lourde, il est versé en août 1918 dans le 505e régiment d’artillerie spéciale (chars de combat légers Renault FT). Son unité est engagée en Lorraine en septembre 1918, en appui de l’offensive américaine vers Montfaucon d’Argonne (Meuse). Charles y obtient une citation à l’ordre du régiment et la croix de Guerre : « A assuré la liaison dans des circonstances particulièrement difficiles avec courage et sang-froid pendant les attaques des 27-28-29 septembre 1918 ». Démobilisé le 30 avril 1919, et revenu à Évreux, il entame ses études de pharmacie ; il obtient son diplôme en 1922. Il épouse, le 5 septembre 1922, une amie d’enfance, arrageoise, Suzanne Faubon, dont la famille (des négociants de la Petite Place) s’est réfugiée à Évreux comme la sienne.
Il décide alors de revenir s’installer à Arras, dans la pharmacie familiale de la rue Saint-Géry. En parallèle à son activité professionnelle, il se passionne pour la géologie locale, et, en 1928, il devient membre de la Société géologique du Nord.
Au début des années 1930, il reprend ses études à la Faculté des sciences de Lille, et soutient le 27 avril 1934 ses thèses de doctorat en sciences naturelles. Sa thèse principale, en anatomie végétale, porte sur l’Appareil ibéro-ligneux foliaire des plantes des familles des Moracées et des Ulmacées ; sa thèse secondaire, en géologie, est une étude du terrain landénien au nord de la France ; une étude complémentaire porte sur l’anatomie et la physiologie des glandes surrénales : Les capsules surrénales.
Il est élu membre titulaire de la Société nationale d’acclimatation de France, société de protection de la nature, le 23 mai 1934.
Reçu à l’agrégation d’histoire naturelle et pharmacie en 1936, il obtient en 1938 un poste d’enseignant titulaire de botanique à la Faculté mixte de médecine et de pharmacie de Lille, rue Jean Bart. Il cède alors son officine arrageoise.
Élu à l’Académie d’Arras en mars 1939, en même temps que Léopold Malpeaux, il est empêché de prononcer son discours de réception lors de la séance publique du 14 décembre 1939, retenu sous les drapeaux par sa mobilisation depuis le 5 septembre 1939.
Il participe à la guerre en tant que capitaine pharmacien dans le service de santé de la 1ère région, affecté au laboratoire d’armée. Il échappe à la captivité, et il est démobilisé à Tarbes le 1er septembre 1940. Il peut reprendre son activité d’enseignement à Lille. Il est reçu membre de la Société préhistorique de France dans le courant de l’année 1941.
De 1941 à 1950, il donne à l’Académie plusieurs communications, toujours d’un très haut niveau scientifique. Plusieurs sont publiées. Il démissionne de l’Académie quand il quitte définitivement Arras. Il devient alors membre honoraire.
Il décède le 31 octobre 1988, à Rennes, où son épouse est décédée en 1986. Il est inhumé à Arras.
Membre du Conseil régional de l'ordre des pharmaciens.
Officier de l’instruction publique, juillet 1947.
Chevalier de la Légion d’honneur, 15.12.1950.
Officier de l’ordre national du Mérite.
Communications à l’Académie d’Arras
Les aspects de la végétation à l’époque landénienne (22 août 1941).
Le synchronisme entre les documents ethnographiques (outillages préhistoriques) et les observations géologiques (21 novembre 1941).
Les efforts réalisés en France pour la protection de la nature (6 février 1942).
Les raisons qui ont conduit à la destruction de l’ancienne cathédrale d’Arras (23 juin 1944).
Note sur quelques cultures secondaires dans la région du Nord : oléagineuses, textiles, maraîchères, à boisson, médicinales, qui retrouvent faveur avec la guerre (11 août 1944).
Étude d’un ouvrage d’un chanoine Wartel, paru en 1765, intitulé « Mémoires sur quelques fossiles d’Artois » (5 janvier 1945).
La biologie végétale au service de l’agriculture : applications de quelques découvertes récentes, et leurs conséquences (21 avril 1950).
Publications dans les Mémoires de l’Académie d’Arras
« Aspects de la végétation dans le Nord de la France à l’époque landénienne », MAA, 4e série, fascicule 1 (1941-1942), p. 52-54.
« Les relations entre les différents stades de la préhistoire et les divisions géologiques du quaternaire. Application au Nord de la France », MAA, 4e série, fascicule 2 (1941-1942), p 63-77.
« Les efforts réalisés en France pour la protection de la nature », MAA, 4e série, fascicule 4 (1941-1942), p. 169-176.
« À propos d’un Mémoires pour les concessionnaires de l’église Notre-Dame, ci-devant cathédrale d’Arras », MAA, 4e série, fascicule 1 (année 1945-1946), p. 8-10.
Autres publications
Charles Dehay est l’auteur d’une vingtaine de notices techniques dans le bulletin de la Société botanique du Nord de la France, publiées entre 1948 et 1961.
Sources
État civil : naissance, AD 62, 3 E 186/27, p. 12/255 ; mariage, AD Eure, 2 E 7822, p. 46/71.
Situation militaire : matricule, Évreux 1918/17. Feuillet matricule, AD 27, 41 R 129, p. 27/782.
Guide Rosenwald médical et pharmaceutique.
« Un succès à la Faculté des Sciences », Le Grand écho du Nord de la France, 30 avril 1934, p. 3.
Michel Beirnaert