Arras 28.03.1800 - Arras 29.12.1878. Négociant, conseiller municipal et futur maire d'Arras
Élu en 1831 pour succéder au chirurgien Benjamin Leviez sur le 9e fauteuill. Il est remplacé en 1878 par Louis Ricouart.
Second fils de l'académicien François-Adrien-Joseph Colin, Maurice fait de bonnes études au lycée Charlemagne de Paris et reprend en 1825 le négoce paternel qu’il ne tarde pas à développer. Élu en 1834 au conseil municipal, il va y siéger presqu’en permanence jusqu’à sa mort, avec quelques interruptions en 1848 et de 1865 à 1870. Il est nommé maire d’Arras en 1837 et renouvelé trois fois jusqu’à sa démission en novembre 1847, lassé des divisions municipales et de l’opposition systématique de ses adversaires politiques. Seul maire d’Arras au XIXe siècle issu du monde économique, Maurice Colin a voulu insuffler un souffle nouveau à une ville dont les élites nobiliaires et bourgeoises se méfiaient de la Révolution industrielle. Son accession au majorat coïncide avec la création d’une chambre de commerce qu’il va présider de 1847 à sa mort. Juge puis président du tribunal de commerce, il s’efforce de soutenir le développement commercial et industriel des entrepreneurs les plus dynamiques et novateurs (Crespel-Dellisse, Hallette…). Son intervention s’est révélée fondamentale en 1846 pour le passage à Arras du chemin de fer de Paris à la frontière belge (le tracé initial passait à 6 kilomètres de la ville). Sans bouleverser toutefois le tissu urbain et la voirie médiévale, il encourage un « urbanisme frôleur » en poursuivant l’axe sud-nord des rues du 29-Juillet et de Turenne. Il faut aussi mettre à son crédit la reconstruction du beffroi de l’hôtel de ville, l’aménagement du quai du Rivage, le comblement de l’Abreuvoir Saint-Aubert. Nommé en 1839 chevalier de la Légion d’honneur, il est promu au grade d’officier dès 1844. Fidèle aux Orléans, branche cadette de la Maison de France, il a toujours refusé après 1848 de se présenter à la députation ou à la sénatorerie.
Président de très nombreuses sociétés, son mérite avait été reconnu dès 1831 par l’Académie d’Arras et en 1847 par la Commission des antiquités départementales du Pas-de-Calais nouvellement constituée par le préfet Desmousseaux de Givré.
Sincèrement attaché à la religion catholique de ses pères, il le montre dans son action politique locale en restaurant la procession commémorative de la levée du siège d’Arras supprimée en 1830, en associant les pompes de la religion aux cérémonies civiles. La construction de la nouvelle église néo-classique Saint-Nicolas-en-Cité, réalisée de 1838 à 1846 sous la direction de l’architecte Joseph Traxler, doit beaucoup à la ténacité de son maire en butte à l’obstruction constante de l’opposition au conseil municipal. Comme homme privé, Maurice Colin affiche sa foi, participe à la décoration des reposoirs et des dais lors des processions, contribue personnellement à payer la toiture de l’église Saint-Nicolas-en-Cité et se montre très généreux pour la souscription lancée pour Notre-Dame-des-Ardents, dont il fut Mayeur. Sa cérémonie funèbre est célébrée à la cathédrale par l’évêque Mgr Lequette et sa mémoire est honorée par les discours du sénateur Paris, président de l’Académie, Legrelle-Fagnier, président du tribunal de commerce et Deusy, maire d’Arras depuis 1870.
Publications dans les Mémoires de l'Académie d'Arras
Rapport sur quelques pièces de monnaie frappées à Arras, MAA, 1ère série, t. XIV (1833), p. 100-106.
Paroles prononcées sur la tombe de M Mayoul, de Sus-Saint-Léger MAA, 1ère série, t. XIX (1840), p. 324-326.
Rapport sur le concours d'histoire, MAA, 1ère série, t. XXIII (1846), p. 230-246.
Rapport sur le concours d'histoire, MAA, 1ère série, t. XXIV (1849), p. 49-62.
Autre publication
COLIN Maurice et GODIN Alexandre, « Notice historique sur le beffroi et l’hôtel de ville d’Arras », Statistique monumentale du Pas-de-Calais, t.1, fasc.20, 15p., 1p
Sources :
LE GENTIL Constant, Monsieur Maurice Colin, Arras, Rohart-Courtin, 1879, 64p.
PERDRIEL J., La bourgeoisie d’Arras sous la monarchie de Juillet, D.E.S, Lille 1958, 166p.
BOUGARD Pierre, HILAIRE Yves-Marie, NOLIBOS Alain (ss la dir.), Histoire d’Arras, éd. des Beffrois, Dunkerque, 1988, p. 234 et p. 246-247.
Alain Nolibos