Nolay (Côte-d’Or) 13.05.1753 – Magdebourg (Prusse, province de Saxe) 03.08.1823. Ingénieur militaire, géomètre et physicien, capitaine du Génie à Arras.
Élu en 1787 pour succéder à Marie-Philippe-Hubert de La Haye sur le 20e fauteuil. À la restauration de l’Académie, en 1817, son fauteuil est attribué à Jean François Noizet de Saint-Paul.
Issu d’une famille bourgeoise calviniste, de père avocat et notaire, après de bonnes études à Autun, Lazare Carnot, à 18 ans, entre à l’École du Génie de Mézières, suit les cours de Gaspard Monge et devient ingénieur militaire. En 1783, il arrive en garnison à Arras comme capitaine en second au Corps royal du Génie. La littérature occupe ses loisirs : en 1784, son Éloge de Vauban est couronné par l’Académie de Dijon. Ses qualités humaines et intellectuelles lui permettent de nouer de solides amitiés avec Le Gay et Dubois de Fosseux qui l’accueillent, en 1786. Il écrit des poèmes dont certains parurent dans L’Almanach des Muses. Habile à manier la plume et l’épée, il sait aussi conquérir le cœur des belles. Admirateur du poète persan Saadi, il décide qu’un descendant mâle de sa famille recevra Saadi comme prénom. C’est ce même Carnot, qui sensible à la brièveté possible de la carrière des armes et à la gloire immortelle que peut apporter la poésie, aurait déclaré « On ne meurt pas quand on est Rosati ».
En 1787, il est reçu à l’Académie d’Arras. Sa présence dans ces deux sociétés arrageoises souligne qu’à côté des métiers du droit, les officiers de la garnison jouent aussi un rôle important dans l’animation de la vie culturelle locale à la fin de l’Ancien régime, leur passage, bien que rapide, contribuant au brassage d’idées nouvelles venues de l’extérieur. Le sujet du discours de Carnot à l’Académie : Le pouvoir de l’habitude est déjà une remise en question. Sous le Directoire, il créera, avec Beffroy de Reigny et Dubois de Fosseux, une filiale des Rosati à Paris qui sera à l’origine de la Société des Belles Lettres.
On pourrait le croire, à l’aube de la Révolution, indifférent aux grands problèmes du royaume. Il n’en est rien. Derrière ses chansons bachiques, se cachent des préoccupations qu’on retrouve dans ses écrits plus sérieux. Lorsque la Révolution éclate, il est très actif. En avril 1789, il est muté à la place de Béthune. Il se marie le 17 mai 1791 avec Sophie Dupont, fille d’un administrateur militaire de Saint-Omer. Son frère cadet Claude Marie Carnot, aussi militaire dans le Pas-de-Calais, est désigné comme administrateur du département à Saint-Omer en 1790. Tous deux sont élus députés du Pas-de-Calais à l’Assemblée législative le 27 août 1791.
Lazare Carnot est ensuite élu à la Convention le 6 septembre 1792, il siège à la Convention, il siège d’abord dans la Plaine avant de rejoindre les rangs des Montagnards et vote la mort du roi. Devenu membre du Comité de Salut public sous la Terreur, il est chargé des armées du nord et les conduit à la victoire de Wattignies, ce qui lui vaut le surnom « d’organisateur de la victoire » et de ne pas être arrêté à la chute de Robespierre. Devenu l’un des membres du Directoire en 1795, mais opposé au coup d’état du 18 Fructidor (4 septembre 1797), il échappe de justesse à l’arrestation et va vivre en Allemagne. Rappelé deux ans plus tard par Bonaparte, il rentre en France en 1799, est nommé Inspecteur général des armées et devient brièvement ministre de la Guerre. Opposé à la montée du pouvoir personnel, il est tenu à l’écart des responsabilités pendant sept ans. Il se retire alors de la vie publique et se consacre à ses recherches scientifiques. En 1814, Napoléon le nomme général de division et le charge de défendre Anvers. Ministre de l’Intérieur pendant les Cent-Jours, il est ensuite banni comme régicide en 1816. Après avoir été accueilli à Varsovie par le tsar, il se retire, invité par le roi de Prusse, à Magdebourg où il meurt en 1823.
Militaire et homme politique, Carnot est aussi un scientifique de renom : il est considéré avec Monge comme un des initiateurs des méthodes modernes en géométrie. Son Essai sur les machines en général précise les lois du choc et énonce la loi de conservation du travail. Carnot fait partie des soixante-douze savants dont le nom est inscrit sur la Tour Eiffel. Son nom a été donné à de nombreux lieux publics, notamment à des établissements scolaires. Plusieurs membres de sa descendance sont devenus célèbres : son fils Sadi Carnot, physicien et son petit-fils Marie François Sadi Carnot, président de la République de 1887 à 1894 qui fait transférer les cendres de son grand-père au Panthéon en 1889.
Publications
Opuscules poétiques du général L.N.M. Carnot, Paris, Baudoin Fils, 1820.
De la Défense des Places Fortes, Ouvrage composé par ordre de Sa Majesté Impériale et Royale, Pour l'Instruction des Elèves du Corps du Génie, 1810.
Géométrie de position, 1803.
De la corrélation des figures de géométrie, 1801
Réflexions sur la métaphysique du calcul infinitésimal, 1797
Almanach des muses, Paris, Delalain, 1786-1791.
Essai sur les machines en général, 1783
Sources
CAUDRON Louis, Histoire des Rosati, 2001.
DHOMBRES Jean et Nicole, Lazare Carnot, Paris, Fayard, 1997.
PARSIS-BARUBÉ Odile, La vie culturelle à Arras à la veille de la Révolution, Mémoires de l’Académie d’Arras, 6e série, t. 1 (1990).
Les Rosati, Les Rosati et la Révolution, 1989
BERTHE Léon-Noël, Dictionnaire des correspondants de l’Académie d’Arras au temps de Robespierre, Arras, 1969.
Agnès et Gérard Devulder